V Theater à Las Vegas (suite)

V Theater à Las Vegas (suite)

The Crazy Gauchos

Anciennement Los Latin Cowboys, les Crazy Gauchos sont un duo argentin fondé en 1984 par le créateur et producteur italo-argentin Jorge Di Paola. Première apparition à Las Vegas en 1992 dans Splash au Riviera pendant huit ans!, puis au Flamingo, au Plaza, au Sands, etc. puis au Planet Hollywood.

Eduardo Lome et Hugo Latorre incarnent des gauchos, version sud-américaine des cow-boys. Ce divertissement remonte à une vieille coutume de l’époque des conquistadores espagnols: deux gauchos se livrent « une bataille », accompagnés d’un bombo, (grand tambour précolombien), et d’un boleadoras, une arme de chasse avec deux cordes et une boule de pierre ). En suivant le rythme complexe du tambour, le gaucho qui  balance cette arme en en contrôlant le rythme avec une danse à claquettes. Cette danse traditionnelle autour des feux de camp dans les voyages et les parties de de chasse, était aussi une forme de compétition entre gauchos. Un homme interprète une danse avec des poses et son adversaire essaie d’en répéter les mouvements en y ajoutant d’autres de son choix ; cela se poursuit jusqu’à ce qu’il ne puisse plus en copier la chorégraphie complète.
Oui, mais voilà cette première attraction est une catastrophe. Malgré l’indéniable maîtrise de leurs instruments, cette petite comédie, navrante et vulgaire, dure une éternité! On ne comprend vraiment pas comment ce duo a pu réussir à Las Vegas aussi longtemps avec un tel numéro qui n’a pas bougé d’un iota. Ou l’art de se reposer sur ses lauriers et se satisfaire de la médiocrité pendant plus de quinze ans !

 Yasu Yoshikawa

Iouri et Gabor 4 - copieCe gymnaste japonais, onze fois champion du monde de roue Cyr, est l’un des récents derniers dans la distribution de V Theater.  Il a commencé à faire du sport  à l’Université puis a suivi une formation, tout en étant enseignant à Nara, au Japon. Il donnait en parallèle des cours d’initiation à la gymnastique sur roue et puis gagna sa vie avec cette discipline, en montant un numéro…

Inventée en 1998, la roue Cyr est une discipline circassienne. Son inventeur, Daniel Cyr  a fondé le Cirque Éloize en 1993 et a développé tout un vocabulaire technique autour de cette roue: un grand anneau en acier ou aluminium et d’environ dix cms de plus que l’acrobate. La base : une « valse », mouvement giratoire décrit comme un tourbillon de pirouettes à répétition et semblable à celui d’une pièce de monnaie tournant sur la tranche.

Une excellente performance… Yasu Yoshikawa commence par faire du hula-hoop avec une séries de cerceaux devenant de plus en plus petits et passe au travers en se contorsionnant. Il tourne ensuite à l’intérieur puis réalise des figures avec effet de fluorescence. Enfin il se met debout sur sa roue ! Ce comédien facétieux ne se prend pas au sérieux, ce qui donne un contre-poids intéressant aux mouvements techniques d’une grande difficulté qu’il réalise.

 Jason Byrne 

Jason Byrne 1 - copieNé à Fribourg (Suisse), il part très tôt vivre aux Etats-Unis à Windsor (Ontario) et à six ans, commence à s’intéresser à la magie à Rocky River (Ohio), un jour de Noël. Sous le sapin, il y avait un cadeau de son grand-père, une boîte qui faisait disparaître un petit lapin en éponge qui réapparaissait sur ordre du magicien. Jason Byrne se passionne vite pour cette discipline merveilleuse, en regardant le cousin de sa mère faire des tours dans les réunions familiales et en fréquentant assidûment un magasin de magie près de chez lui. Ses parents encouragent cette passion et lui offrent des cours avec Johnny Ould, un magicien spécialisé en magie pour enfants. 

Il rencontre ensuite l’illusionniste Scott Rawlings (Steven Scott) et le magicien Jerry Deneweth. À quatorze ans, il devint l’assistant de Rawlings qui lui apprend les bases de l’illusion et de la manipulation. Son troisième professeur, Deneweth, est propriétaire de la Calvacade of Magic Shop. Jason Byrne rencontre le magicien Brett Daniels qui l’aide à construire son futur numéro qui lui vaudra les premières places au Michigan Magic Day en 1989, au Abbott Get Magic, au Columbus Magi-Fest et au Magie Montréal. Puis il rencontre aussi le légendaire Channing Pollock en 1991: c’est le départ d’une nouvelle carrière et d’une reconnaissance internationale. A vingt-et-un ans, embauché au Magic Castle à Hollywood, il devient vite un habitué des restaurants-théâtres de la région et en 1997. Il fait la couverture du Magic Magazine et est nommé un an plus tard, Magicien de scène de l’année, par l’Academy of Magical Arts…

Jason Byrne s’est produit partout: au Japon, à Hong Kong, en Chine, à Taïwan, en Allemagne, au Canada, aux Pays-Bas, en Espagne et en France… Il s’installera définitivement à Las Vegas au milieu des années 1990 et apparaîtra dans une vingtaine -un nombre record- d’hôtels-casinos dans des revues ou spectacles de variétés...puis au Planet Hollywood. Il fait depuis 2004 dans le spectacle V, son numéro Post Modern Magic, où il renouvelle une discipline populaire de la magie classique : l’apparition d’oiseaux…

Mais il introduit de nouveaux accessoires comme des écharpes, origamis, argile et même yo-yo pour faire apparaître colombes et perroquets. Elégante, gracieuse, rythmée et techniquement parfaite, ce numéro est influencé par le maître en la matière, Channing Pollock. Mais Jason Byrne apporte une vraie plus-value grâce à une gestuelle très précise et originale de tous ses mouvements. Costume et accessoires aux belles couleurs accentuent le symbolisme des effets magiques de ce numéro parfait.

 Kellie Eastwood

Née dans une famille d’artistes. Mère: Heidi Eastwood, danseuse et acrobate, père: Wally Eastwood, jongleur de renommée mondiale et présentateur de V. (voir l’article précédent sur ce spectacle dans Le Théâtre du Blog). Dans une numéro d’imitation, elle interprète en play-back des chansons. Costumée en Prince, Justin Bieber, Michael Jackson, Bruno Mars, Britney Spears, Lady Gaga, Katy Perry et Beyonce… Pour passer d’un artiste à un autre, elle utilise le « quick-change » et elle assure la chorégraphie, accompagnée par des danseurs qui l’aident à changer de costume. Le numéro se termine avec trois changements de robe successifs derrière les grandes ailes d’un ange…

Ce numéro, créé il y a un an,  n’est pas rodé: les phases de transition entre personnages manquent de fluidité et certains changements de costume sont approximatifs ou trop longs. Bref, il y a encore du travail en perspective…

Russ Merlin 

Avant de s’installer définitivement à Las Vegas, le jongleur, magicien et comédien s’est produit un peu partout dans le monde dans des théâtres et casinos, sur des navires de croisière… Il travaille ensuite à Atlantic City, avant de rejoindre la capitale du Nevada comme attraction dans plusieurs hôtels-casinos,  avant de poser ses valises au Venetian et au Planet Hollywood avec V, dont il est un des piliers avec Wally Eastwood.

A la fin des années 1990, Russ Merlin abandonne la jonglerie et la magie pour  créer un numéro qui devient vite un succès public et commercial jusqu’à aujourd’hui. Son Random act mélange comédie, marionnettes et participation active du public. Il demande à quatre volontaires de s’asseoir sur des chaises disposées en ligne et affuble chaque spectateur d’un masque caricatural. Il leur demande de faire un geste précis à chaque fois qu’il leur tapera sur l’épaule (OK, avec les pouces, Moyen, avec la main droite, faire coucou et envoyer un baiser, jouer au chef d’orchestre)… Russ Merlin joue avec ces volontaires comme avec des marionnettes et leur donne ensuite trois ballons à gonfler dans une sorte de concours joué d’avance mais les dés sont pipés (le dernier spectateur étant le bouc émissaire de la séance). Un divertissement qui fait participer tout le public, sans ridiculiser les volontaires: une valeur sûre de Las Vegas.

Iouri et Gabor

Ils ont voyagé dans les plus grands cirques du monde, avant de rejoindre les revues à Las Vegas. Iouri vient d’une école d’acrobatie russe et fait partie du cirque de Moscou. Gabor a travaillé à Budapest et dans d’autres villes de Hongrie et a été membre du Cirque international hongrois. Ils sont allés aux États-Unis après avoir reçu le prix Ringling. Ces athlètes présentent une performance parfaite de main à main avec des équilibres défiant les lois de la pesanteur. Un numéro d’une incroyable démonstration de force, endurance et précision, avec des mouvements très difficiles et sans effort apparent, qui captivent le public. Cette discipline s’est démocratisée au début des années 2.000 et il faut être le plus original et le meilleur pour sortir du lot. Iouri et Gabor nous offrent un moment rare où l’exigence physique, la concentration et la confiance entre artistes sont indispensables. Fin du spectacle avec ce numéro parfait.

Le public est ensuite invité à rejoindre la sortie où les attendent tous les artistes de la soirée, Wally Eastwood en tête qui essaie de vendre ses DVD. Puis tous prennent place sur une étrange estrade comme des mannequins dans une vitrine que l’on a juste le droit de regarder…Comme tout spectacle avec enchaînement de différents numéros, le résultat est donc inégal.  On est obligé de juger malgré soi, que l’on ait aimé ou non ; c’est la règle du jeu et il en faut pour pour tous les goûts. A part les Crazy Gauchos dont le numéro n’a pas sa place à Las Vegas, l’ensemble est de bonne facture  et d’une grande diversité et de vrais beaux moments. Pour un prix modique, comme toutes les productions Saxe, le spectacle est au rendez-vous et le public ne s’y trompe pas en venant depuis dix-huit ans !

 Sébastien Bazou

 Spectacle vu au V Theater, Planet Hollywood  à Las Vegas.

 

 

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