Le Malade imaginaire de Molière, mise en scène de Claude Stratz

 Le Malade imaginaire de Molière, mise en scène de Claude Stratz

97E9A6D9-2BE4-455F-B3B7-868290ABFA80Disparu en 2007, Claude Stratz reste en vie avec cette très belle mise en scène qui a déjà eu cinq cent représentations notamment aux Etats-Unis et en Chine. Bien entendu depuis sa création, la distribution a changé mais elle reste toujours aussi impeccable.

Argan obsédé par ses maladies diverses, veut marier sa fille Angélique à Thomas Diafoirus, fils de son médecin pour, espère-t-il, se faire soigner sans problème. Sa femme Béline, attend sa mort avec impatience pour profiter de son héritage. Mais heureusement, son frère Béralde parviendra à dévoiler toutes les machinations ourdies contre lui et Angélique parviendra à épouser son Cléante.  Argan finira sacré lui-même médecin.

 Il est assis sur son trône blanc de malade impressionnant qui se relève en dais au dessus du plateau. Il triomphera de sa maladie imaginaire, grâce à la complicité de Toinette qui se déguisera  en médecin.  La pièce est mise en musique par Marc Olivier Dupin et chorégraphiée par Sophie Mayer. La troupe de la Comédie Française, comme l’affirme Eric Ruf, est une école d’humilité, avec une passation de rôles: de de grands spectacles exceptionnels comme celui-ci vivent bien au delà d’une exploitation normale salle Richelieu.

Spectacle joué Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). T. : 01 48 13 70 00

Sartrouville, Chaville, Rueil-Malmaison, avant une reprise au Théâtre Marigny.


Archive pour 29 septembre, 2019

Jules César de William Shakespeare, adaptation et mise en scène de Rodolphe Dana

Crédit photo : Vincent Pontet. Coll. Comédie-Française.

©Vincent Pontet

Jules César de William Shakespeare, adaptation et mise en scène de Rodolphe Dana

Grand lecteur de Plutarque, Shakespeare a compris que les hommes et leurs dirigeants, à la fin de la République romaine, au temps de César et d’Auguste, étaient aussi violents, désordonnés et ténébreux, que dans l’Angleterre élisabéthaine. Et une autre lecture de Rome enseignée dans les écoles , nous apprend Yves Bonnefoy, celle qui admirait le droit romain, l’éloquence de Cicéron, la philosophie stoïcienne et qui donnait une valeur exemplaire à quelques grandes figures qui incarnaient à Rome la rigueur morale et la lucidité du jugement. Etre un Romain revenait à incarner la raison qui se serait détachée des passions, comme dit Brutus dans Jules César, tout en soupçonnant l’Empereur de dérapage.

Le metteur en scène et directeur du Centre Dramatique de Lorient a voulu représenter ces débats d’idées, duels verbaux, polémiques et controverses dans une scénographie bi-frontale. Le public est donc très proche de ces hommes politiques, volontaires et porteurs de projets mais aussi entraînés par leurs désirs personnels et quoiqu’ils disent, soumis à la vengeance, à la jalousie et âpres au gain.
César possède une intelligence aigüe dans l’élaboration de la loi, comme sur les champs de bataille, tout comme  Brutus aux grands principes césariens, mais une arrière-pensée le mine pourtant insidieusement. Il ressemble ici à un Hamlet inquiet.

Rodolphe Dana a resserré l’intrigue qui est d’une gravité austère et a conçu une  distribution à parité exacte, quel que soit le rôle. Autour d’un César à la sérénité lumineuse de Martine Chevallier, les sénateurs conspirateurs Météllus (Françoise Gillard),  Decius (Jérôme Pouly), Cinna (Christian Gonon), Nâzim Boudjenah (Brutus), Casca (Noam Morgensztern), Trébonius( Claire de la Rüe du Can), et Ligarius (Jean Joudé). Georgia Scalliet est elle, le fidèle Marc-Antoine. Tous, embarqués dans l’aventure politique, ils ne cèdent à l’adversaire nulle chance de défense ou salut. Chacun, en tyran, souhaite éradiquer le tyran et n’obéit qu’à sa seule volonté inavouée. Seul, Brutus pense loyalement à l’intérêt général et au bien public.

 L’angoisse fait son chemin et des signes confus se bousculent: la lecture des astres n’est plus fiable, un orage éclate, des lions et lionnes errent à Rome et il y a dans le ciel, des visions apocalyptiques: combats militaires, incendies… Avec une impression d’irréalité quand César va rencontrer la foule, alors qu’un inconnu lui conseille de «craindre les Ides de Mars»: une menace du sort, loin d’atteindre César à qui son épouse demande de ne pas se rendre au Sénat.  Ce que l’Empereur ferra tout de même mais les conspirateurs le frapperont chacun leur tour, jusqu’à son ami Brutus. Le fameux : « Tu quoque, mi fili»,  ultime parole d’horreur et déception quand César reçoit les coups mortifères, et destinée à Brutus, le seul en qui il pouvait avoir confiance et qui l’a trahi!

La langue des conspirateurs est limpide et, pour cette tragédie, Rodolphe Dana a conçu une dramaturgie faite de poésie, symboles et réalisme politique. Comme si ne restaient que les fils à la fois ténus et acérés d’arrière-pensées stratégiques… C’est à qui sera le plus résolu à accomplir un dessein meurtrier, et au-delà du sang versé, pour un prétendu avantage de la communauté! Une conjuration qui fait froid dans le dos…

Véronique Hotte

Théâtre du Vieux-Colombier, 21 rue du Vieux-Colombier, Paris (VI ème) jusqu’au 3 novembre. T.  : 01 44 39 87 00/01.

 

Electre des bas-fonds, mise en scène de Simon Abkarian

Electre des bas-fonds, texte et mise en scène de Simon Abkarian

©photo Antoine Agoudjian

©photo Antoine Agoudjian

Un spectacle du Théâtre du Soleil mais pour la première fois signé par un autre metteur en scène qu’Ariane Mnouchkine, la directrice. Simon Abkarian en a été longtemps le collaborateur.  « Il revient,dit-elle bienvenu dans nos murs qui ont vu en lui, l’acteur s’épanouir. Avec une histoire épouvantable de vengeance têtue qui aurait pu finir autrement, s’il n’y avait pas ce terrible mauvais choix qui préside à toute tragédie. grecque ou pas. Antique ou moderne. Leurs mauvais choix, ou pire, le nôtre. Venez, venez le voir, lui et ses amis. Et puis, ne dit-on pas qu’assister à une tragédie au théâtre, enseigne à éviter de la subir dans la vie ? »

Une pièce avec une importante distribution comme au Soleil: quatorze comédiennes et six acteurs-danseurs. Cela se passe dans le quartier le plus pauvre d’Argos en Grèce, le premier jour du printemps, celui où on célèbre la fête des morts. « Prostituées, serveuses, esclaves, tous se préparent pour le grand soir, dit Simon Abkarian. Les meilleurs musiciens sont là. Mais la fête va se refermer comme un piège sur Clytemnestre et son amant Egisthe. Électre des bas-fonds est conté ici comme une fable mais à l’envers et le Chœur donne sa puissance aux histoires individuelles. Rock’n’roll et blues sont les poumons du récit. La danse, elle, continue là où s’arrêtent les mots. »

 Oreste,un jeune homme déguisé en fille avec de longues tresses, revient en Argos pour venger son père Agamemnon, assassiné par Egisthe, l’amant de sa mère Clytemnestre. Elle voulait se venger,elle que le Roi ait sacrifié aux dieux sa fille Iphigénie pour déchaîner des vents favorables afin que les Grecs puissent aller en bateau  raser la ville de Troie. Mais Electre sa sœur ne reconnait pas Oreste, suivi de son fidèle Pylade;, elle fait partie d’un chœur de prostituées et d’esclaves qui dansent  somptueusement sur une musique écrite et jouée par les Howlin’cJaws…

Oreste se lamente :« J’en ai assez de me fuir moi-même. Apollon me présente une dette que je n’ai pas contractée.  » (…) « Nous nous embrasserons sur les cadavres de nos enfants. Les puissants ne tiennent jamais parole.» Malgré tout, Oreste, après un long parcours réalisera sa vengeance.
Un beau spectacle.

Edith Rappoport

Jusqu’au 3 novembre, Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de Manœuvre, Vincennes (Val-de-Marne). T. : Individuels : 33 (0)1 43 74 24 08 (tous les jours de 11 h à 18h)
Collectivités : 33 (0)1 43 74 88 50 (du mardi au vendredi de 11 h à 18h)

Le texte de la pièce est publié par Actes-Sud Papiers.

Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières

Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes  de Charleville-Mézières

La Green Box d’après L’Homme qui rit de Victor Hugo par Claire Dancoisne

 Cette année, l’un des fils rouges était confié à la compagnie de la Licorne, avec ce théâtre d’objets et de masques, inspiré du fameux texte de Victor Hugo. Une attraction foraine qui s’arrête, le temps d’une représentation. Avec une mise en abyme du théâtre que privilégie cette créatrice, dans une forme réduite où elle excelle, quand œuvre un ou une interprète avec un castelet. L’œuvre-matrice, L’Homme qui rit, forme scénique pour grand plateau, avec marionnettes portées, masques et objets, costumes loufoques et personnages insolites, assez caricaturale, est moins convaincante que les petites formes.

 Psaumes pour Abdel de Laura Fedida.

 Cette comédienne passée, entre autres écoles, par l’Ecole Nationale Supérieur Nationale des Arts de la Marionnette,  a son insertion professionnelle grâce à la coopération entre l’Ecole et le festival, avec un premier spectacle un peu vert et juvénile mais prometteur.   Ici, metteuse en scène et co-autrice du spectacle, avec Thaïs Beauchard De Luca et Armelle Dumoulin.

 Sur scène  Elena Josse, Chloé Sanchez et Armelle Dumoulin, musicienne et guitariste, s’échangent les rôles et alternent les postures, pour raconter l’histoire d’un amour pour  Abdel, alias Keta. Sans domicile fixe, zonant près des escaliers de l’Opéra-Bastille, poursuivi par la police pour trafics illicites dans les tunnels parisiens jusqu’à la mort… Mais cette aventure n’échappe pas aux clichés et à un imaginaire convenu et bien économe.

Mise en scène fougueuse : un espace pour installation urbaine dont on voit au lointain la trop mythique cabine téléphonique: un repère dans les allées et venues intempestives des personnages féminins. Cheveux Roses, l’amoureuse, interprétée par les trois comédiennes, est arrêtée pour avoir incendié des objets, à plusieurs reprises. Il lui faut alors rendre des comptes à la Justice, incarnée par un voile de plastique transparent que les marionnettistes manipulent en le façonnant et en lui donnant une forme de sculpture.  Avec des morceaux de bois et de petits ballons colorés et transparents, tandis que résonnent quelques beaux accords de guitare. Un premier spectacle prometteur.

 Biographie par Alexey Leliavski

 Une jeune compagnie russe raconte une histoire intime sur la valeur de la vie humaine, dans un spectacle inspiré du Petit Canard d’Andersen, que nous avons tous ont entendu un jour. Une quête existentielle  recréée ici par trois jeunes comédiens-marionnettistes, diseurs mélancoliques de poésie russe. Ils manipulent aussi  des objets dont des triangles en plexiglass ressemblant à des canards. Ici, le petit canard d’Andersen ne se transforme pas en cygne et le spectacle a pour thème l’altérité et le rejet par la société, ce que les biographies des poètes russes révèlent souvent. Un voyage dans les rêves de poètes insatisfaits et décidés.

 Leyli & Majnun du Théâtre de Marionnettes de Baku

 Cette compagnie dAzerbaïdjan nous a offert un petit trésor de théâtre des plus précieux et raffinés, avec marionnettes à fil et à tringles.Désigner, éditeur, calligraphe, Tarlan Gorchu est aussi un metteur en scène de spectacle traditionnel, formé à Baku, mais aussi à Moscou, Tbilissi et Varsovie.Il fonda le Théâtre de Marionnettes à Baku, dans les années 1980, pour adapter les œuvres d’un des plus grands compositeurs d’Azerbaïdjan, Uzeyir Hajibeyli. Son premier opéra d’après un livret inspiré du poème de Muhammad Fuzuli (1494-1556), mêle traditions orientales et influences européennes, et raconte l’amour tragique et mythique de jeunes amants.

Un spectacle au grand raffinement visuel : les marionnettes à fils, de trente centimètres, magnifiquement travaillées, jouent devant des paravents décorés. Les manipulateurs font preuve d’une réserve et d’un remarquable engagement pour leurs marionnettes qui chantent au rythme des bras levés, avec des gestes ritualisés exprimant l’émotion et la douleur de la séparation.

Famous Puppet Death Scenes par Old Trout Puppet Workshop.

Cette compagnie  canadienne présente un spectacle à la fois macabre et particulièrement amusant, à partir de la mise en scène – version originale- de Tim Sutherland, et que recréent les marionnettistes et interprètes Pete Balkwill, Pityu Kenderes et Judd Palmer. Fondée en 1999, dans un ranch du sud de l’Alberta par une bande de copains, la compagnie a appris à créer des marionnettes. En trente ans, l’équipe s’est professionnalisée et a choisi Calgary pour demeure, réalisant aussi des sculptures, films, peintures et livres pour enfants.

Ici avec un florilège de morts de marionnettes, le spectacle  traite avec humour de notre humble condition humaine. Avec un maître de cérémonie, moitié homme-moitié marionnette…Personnages loufoques et cocasses, musiques d’opérettes espagnoles ou sud-américaines,  pour un théâtre festif et convivial. Régulièrement, un petit homme reçoit sur sa grosse tête un coup de poing des plus cruels. Les masques surréalistes sont à la fois grotesques et inquiétants. Comment échapper à la mort ? Comment éviter le coup fatal ? L’humour et le rire sont au rendez-vous de ces morts diverses dont on sourit. Un spectacle à la fois distancié et ironique, inventif et ludique.

Le Rêve d’une ombre librement inspiré de L’Ombre d’Hans Christian Andersen, sur un texte d’Achille Saulouppar la compagnie de la Main d’œuvre

 le-reve-d-une-ombre-1 - copieUn autre spectacle d’ombres et objets, écrit et joué par Katerini Antonakaki, formée à l’E.S.N.A.M. et par Sébastien Dault, formé, lui, au Centre National des Arts du Cirque à Châlons-en-Champagne.  Un travail qui participe des arts plastiques, du mouvement et de  la musique. C’est un théâtre visuel avec de petits objets projetés sur un écran de tulle et des ombres oniriques.

 Le jeu entre l’interprète et un imperméable sur cintre désignant son ombre est judicieux. Laissant peu à peu le rapport de pouvoir s’inverser, l’Ombre prend d’assaut un corps qui n’existe presque plus, soumis à la tyrannie de cette Ombre. Le public est très attentif devant ce spectacle délicat et poétique. Mais le texte qui pourrait être réduit, est proféré au micro par son auteur d’une voix  trop forte, ce qui nuit à ce rêve délicatement installé. Dommage…

 Véronique Hotte

 Spectacles vus à Charleville-Mézières (Ardennes)

Marionnettes – Festival international à Neuchâtel (Suisse) le  8 novembre.
Week end TJP – Saison TJP CDN Strasbourg, les 23 et 24 et 25 janvier. 
 Festival Imaginale – Stuttgart Allemagne, Théâtre JES, le 1er février.
 Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette à Paris, du 21 au 30 avril.

 

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