Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières

Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes  de Charleville-Mézières

La Green Box d’après L’Homme qui rit de Victor Hugo par Claire Dancoisne

 Cette année, l’un des fils rouges était confié à la compagnie de la Licorne, avec ce théâtre d’objets et de masques, inspiré du fameux texte de Victor Hugo. Une attraction foraine qui s’arrête, le temps d’une représentation. Avec une mise en abyme du théâtre que privilégie cette créatrice, dans une forme réduite où elle excelle, quand œuvre un ou une interprète avec un castelet. L’œuvre-matrice, L’Homme qui rit, forme scénique pour grand plateau, avec marionnettes portées, masques et objets, costumes loufoques et personnages insolites, assez caricaturale, est moins convaincante que les petites formes.

 Psaumes pour Abdel de Laura Fedida.

 Cette comédienne passée, entre autres écoles, par l’Ecole Nationale Supérieur Nationale des Arts de la Marionnette,  a son insertion professionnelle grâce à la coopération entre l’Ecole et le festival, avec un premier spectacle un peu vert et juvénile mais prometteur.   Ici, metteuse en scène et co-autrice du spectacle, avec Thaïs Beauchard De Luca et Armelle Dumoulin.

 Sur scène  Elena Josse, Chloé Sanchez et Armelle Dumoulin, musicienne et guitariste, s’échangent les rôles et alternent les postures, pour raconter l’histoire d’un amour pour  Abdel, alias Keta. Sans domicile fixe, zonant près des escaliers de l’Opéra-Bastille, poursuivi par la police pour trafics illicites dans les tunnels parisiens jusqu’à la mort… Mais cette aventure n’échappe pas aux clichés et à un imaginaire convenu et bien économe.

Mise en scène fougueuse : un espace pour installation urbaine dont on voit au lointain la trop mythique cabine téléphonique: un repère dans les allées et venues intempestives des personnages féminins. Cheveux Roses, l’amoureuse, interprétée par les trois comédiennes, est arrêtée pour avoir incendié des objets, à plusieurs reprises. Il lui faut alors rendre des comptes à la Justice, incarnée par un voile de plastique transparent que les marionnettistes manipulent en le façonnant et en lui donnant une forme de sculpture.  Avec des morceaux de bois et de petits ballons colorés et transparents, tandis que résonnent quelques beaux accords de guitare. Un premier spectacle prometteur.

 Biographie par Alexey Leliavski

 Une jeune compagnie russe raconte une histoire intime sur la valeur de la vie humaine, dans un spectacle inspiré du Petit Canard d’Andersen, que nous avons tous ont entendu un jour. Une quête existentielle  recréée ici par trois jeunes comédiens-marionnettistes, diseurs mélancoliques de poésie russe. Ils manipulent aussi  des objets dont des triangles en plexiglass ressemblant à des canards. Ici, le petit canard d’Andersen ne se transforme pas en cygne et le spectacle a pour thème l’altérité et le rejet par la société, ce que les biographies des poètes russes révèlent souvent. Un voyage dans les rêves de poètes insatisfaits et décidés.

 Leyli & Majnun du Théâtre de Marionnettes de Baku

 Cette compagnie dAzerbaïdjan nous a offert un petit trésor de théâtre des plus précieux et raffinés, avec marionnettes à fil et à tringles.Désigner, éditeur, calligraphe, Tarlan Gorchu est aussi un metteur en scène de spectacle traditionnel, formé à Baku, mais aussi à Moscou, Tbilissi et Varsovie.Il fonda le Théâtre de Marionnettes à Baku, dans les années 1980, pour adapter les œuvres d’un des plus grands compositeurs d’Azerbaïdjan, Uzeyir Hajibeyli. Son premier opéra d’après un livret inspiré du poème de Muhammad Fuzuli (1494-1556), mêle traditions orientales et influences européennes, et raconte l’amour tragique et mythique de jeunes amants.

Un spectacle au grand raffinement visuel : les marionnettes à fils, de trente centimètres, magnifiquement travaillées, jouent devant des paravents décorés. Les manipulateurs font preuve d’une réserve et d’un remarquable engagement pour leurs marionnettes qui chantent au rythme des bras levés, avec des gestes ritualisés exprimant l’émotion et la douleur de la séparation.

Famous Puppet Death Scenes par Old Trout Puppet Workshop.

Cette compagnie  canadienne présente un spectacle à la fois macabre et particulièrement amusant, à partir de la mise en scène – version originale- de Tim Sutherland, et que recréent les marionnettistes et interprètes Pete Balkwill, Pityu Kenderes et Judd Palmer. Fondée en 1999, dans un ranch du sud de l’Alberta par une bande de copains, la compagnie a appris à créer des marionnettes. En trente ans, l’équipe s’est professionnalisée et a choisi Calgary pour demeure, réalisant aussi des sculptures, films, peintures et livres pour enfants.

Ici avec un florilège de morts de marionnettes, le spectacle  traite avec humour de notre humble condition humaine. Avec un maître de cérémonie, moitié homme-moitié marionnette…Personnages loufoques et cocasses, musiques d’opérettes espagnoles ou sud-américaines,  pour un théâtre festif et convivial. Régulièrement, un petit homme reçoit sur sa grosse tête un coup de poing des plus cruels. Les masques surréalistes sont à la fois grotesques et inquiétants. Comment échapper à la mort ? Comment éviter le coup fatal ? L’humour et le rire sont au rendez-vous de ces morts diverses dont on sourit. Un spectacle à la fois distancié et ironique, inventif et ludique.

Le Rêve d’une ombre librement inspiré de L’Ombre d’Hans Christian Andersen, sur un texte d’Achille Saulouppar la compagnie de la Main d’œuvre

 le-reve-d-une-ombre-1 - copieUn autre spectacle d’ombres et objets, écrit et joué par Katerini Antonakaki, formée à l’E.S.N.A.M. et par Sébastien Dault, formé, lui, au Centre National des Arts du Cirque à Châlons-en-Champagne.  Un travail qui participe des arts plastiques, du mouvement et de  la musique. C’est un théâtre visuel avec de petits objets projetés sur un écran de tulle et des ombres oniriques.

 Le jeu entre l’interprète et un imperméable sur cintre désignant son ombre est judicieux. Laissant peu à peu le rapport de pouvoir s’inverser, l’Ombre prend d’assaut un corps qui n’existe presque plus, soumis à la tyrannie de cette Ombre. Le public est très attentif devant ce spectacle délicat et poétique. Mais le texte qui pourrait être réduit, est proféré au micro par son auteur d’une voix  trop forte, ce qui nuit à ce rêve délicatement installé. Dommage…

 Véronique Hotte

 Spectacles vus à Charleville-Mézières (Ardennes)

Marionnettes – Festival international à Neuchâtel (Suisse) le  8 novembre.
Week end TJP – Saison TJP CDN Strasbourg, les 23 et 24 et 25 janvier. 
 Festival Imaginale – Stuttgart Allemagne, Théâtre JES, le 1er février.
 Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette à Paris, du 21 au 30 avril.

 

 

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