J’arriverai par l’ascenseur de 22 h 43 de et avec Philippe Soltermann, mise en scène de Lorenzo Malaguerro
J’arriverai par l’ascenseur de 22 h 43 de et avec Philippe Soltermann, mise en scène de Lorenzo Malaguerro
Seul en scène, l’acteur suisse a entendu pour la première fois chanter Hubert-Felix Thiéfaine quand il avait douze ans. L’auteur et compositeur de soixante et onze ans a maintenant une longue carrière derrière lui et en 1998, réussit à remplir Bercy. Il a publié quelque seize albums ses albums pratiquement tous disques d’or…
Le titre du spectacle créé au dernier festival d’Avignon, reprend celui d’une des ses chansons et il parle ici pendant une heure dix de son idole, dans ce monologue dont il est l’auteur. Il admire avec passion le chanteur. Cette passion ne s’explique pas et va bien au-delà de toute raison. A la base, sans doute, un intense désir d’identification… Il raconte ses voyages épuisants avec ses copains pour aller l’écouter en tournée et il connaît visiblement bien tout son répertoire. Visiblement influencé par Lautréamont, Baudelaire ou Rimbaud, Félix-Hubert Thiéfaine sait parler avec humour dans ses chansons de thèmes qui l’obsèdent : consommation de cannabis, folie, critique de la société et obsession de la mort qui traverse toute son œuvre…
“Un rempart, une balise artistique, dit Philippe Solteramn, un compagnon d’infortune, une admiration déraisonnable pour une personnalité que, la plupart du temps, on ne côtoie pas personnellement. Au-delà de sa musique, Hubert-Félix Thiéfaine, chanteur atypique, colosse aux vers d’argile, possède une plume unique, gorgée d’images métaphoriques et philosophiques. Des textes qui, au-delà de leur évidence, abritent de nombreuses références littéraires, cinématographiques et poétiques. » Voilà tout est dit, et le comédien, tout le temps présent debout sur cette petite scène, possède une énergie et un engagement qu’il met avec générosité au service d’un portrait d’Hubert-Felix Thiéfaine. Il a été mis en scène par Lorenzo Malaguerro pour qui «L’écriture de Soltermann possède cette sincérité que l’acteur Soltermann devra aller chercher au fond de lui-même et partager avec le public dans une forme de soliloque que nous souhaitons étrange, drôle et tragique.”
Et cela donne quoi sur le plateau? Une performance physique indéniable pendant une heure dix. Avec une très bonne diction sauf quand il se met à crier, une excellente gestuelle et un bon sens du récit. Mais le texte reste souvent léger et à la limite du bavardage. Et on se demande à qui le spectacle est destiné? Aux fans du chanteur mais ils préfèrent sans doute l’écouter sur scène. Aux amateurs de théâtre? Mais ce que dit Philippe Soltermann n’a rien de très passionnant et Lorenzo Malaguerro aurait pu nous épargner le maladroit play-back de la fin dans la brume et les lumières rasantes… On cherche les raisons pour vous envoyer voir ce spectacle. Sans doute encore une fois, comme souvent dans le solos une belle performance d’acteur mais pour le reste… c’est bien décevant.
Philippe du Vignal
Théâtre des Déchargeurs, 23 rue des Déchargeurs, Paris (Ier) jusqu’au 23 octobre.