Les Francophonies des Écritures à la scène 2019 (suite)

© Christophe Péan : le QG du Festival de limoges

© Christophe Péan : le QG du Festival de limoges

 

Les Francophonies des Écritures à la scène 2019 (suite)

 Aux Zébrures d’automne, chaque matin ont lieu des rencontres avec les artistes et des projections de films, remises de prix, entretiens… Ce qui, à l’orée des spectacles, élargit les échanges avec le public, toujours friand de débats, et entre professionnels. La notion de francophonie soulève en effet de nombreuses questions qui évoluent au fil du temps et un festival comme celui-ci permet, entre autres, d’en suivre l’actualité…  

 Entretien avec Felwyne Sarr

Avec un art consommé de l’interview, le directeur du Festival nous présente cet homme-orchestre sous un jour nouveau. L’auteur sénégalais a choisi la voie universitaire, sans pour autant renoncer à ses premières amours: la musique et à la littérature.  Romancier et poète, il a reçu plusieurs distinctions pour Afrotopia, un essai paru aux éditions Philippe Rey (2016) et qui vise à définir un futur original pour l’Afrique, en respectant l’esprit syncrétique préexistant à la colonisation dans les sociétés de ce continent.
Dans sa pratique artistique comme dans son enseignement, il cherche à décloisonner les savoirs : «On a hyper-spécialisé les êtres, on est devenu plus savant mais moins intelligent, on a du mal a saisir la globalité.» Avec son champ de recherche: l’épistémologie du non-logos , il  veut redonner une dignité à des formes de savoir, autres que les sciences exactes ( ceux du corps, de l’art, des mystiques). Selon lui, la quête de la modernité en Afrique est imposée de l’extérieur et le défi, pour le continent, est de définir «une société du bien-vivre ensemble, conciliant le savoir et le faire. »

Emmanuel Macron lui a demandé d’examiner comment la France pourrait restituer les œuvres d’art qu’elle possède, aux pays africains. Il a mené cette étude avec Bénédicte Savoy, historienne d’art et professeur au Collège de France. Il s’agissait tout d’abord d’établir un inventaire  de la provenance des biens, en distinguant ceux obtenus par pillage comme les objets du Palais royal d’Abomey au Bénin, par collecte scientifique, comme Marcel Griaule l’a fait en pays Dogon (décrit Michel Leiris dans L’Afrique fantôme), par achat à vil prix… Il fallait aussi déterminer selon quels critères les pays intéressés choisiront les œuvres restituées et se prépareront à les accueillir… Une tâche difficile, vu le rapport ambigu de la France avec les pays africains et les controverses dont ce processus fait l’objet. Et il faudra aussi modifier la loi d’inaliénabilité du patrimoine culturel français… À l’heure où le Collège de France, a ouvert une chaire permanente d’histoire et archéologie des mondes africains, la question est plus que jamais à l’ordre du jour.

En conclusion, Hassane Kouyaté donne rendez-vous l’année prochaine à Felwyne Sarre pour un concert avec ses cinq frères, musiciens comme lui, qui ont créé chacun leur propre orchestre… Un festival familial ! En attendant, nous le retrouvons au foyer de l’Opéra pour Habiter le monde poétiquement, un dialogue entre René Char, Aimé Césaire et ses propres textes. Ce concert de mots et de musiques, était accompagné par le comédien Étienne Minoungou et par Simon Winsé au ngoni, à la kora et à la flûte peule.

 Rencontre avec Mohamed Kacimi

© Christophe Péan. Jours tranquilles à Jérusalem

© Christophe Péan. Jours tranquilles à Jérusalem

Tout aussi passionnant, l’écrivain sollicité à propos de Jours tranquilles à Jérusalem, une  œuvre mise en scène par Jean-Claude Fall et qu’il a adapté de son Journal de bord tenu pendant les répétitions de la pièce Des Roses et du Jasmin d’Adel Hakim (voir Le Théâtre du Blog). Le dramaturge franco-algérien revient sur cette expérience, largement racontée dans son livre*. Il a une réflexion critique et pleine d’humour sur ce moment catastrophique de notre histoire, à travers le prisme d’une aventure humaine et théâtrale unique qui eut lieu au Théâtre national palestinien de Jérusalem-Est.
 Il se dit fataliste à propos du conflit entre Israël et les Palestiniens. Pour lui deux positions victimaires s’affrontent: «Les Juifs se vivent en victimes universelles et les Palestiniens leur renvoient : “Ma douleur est plus grande que la tienne“. (…) Là-bas, la guerre est une nécessité et cimente deux sociétés l’une contre l’autre, alors que, pour les Européens, la paix est un absolu. Il leur aura fallu 150 millions de morts pour être en paix. » (…) «En Israël, la guerre cimente une société composite mais les organisations palestiniennes, elles, ne veulent pas la paix mais la justice…» Mohamed Kacimi nous met en garde sur ce processus de victimisation, de quelque bord qu’ils soit : «Les Palestiniens incarnent la victime universelle, comme métaphore de la souffrance. » (…) « Mais l’amour pour la Palestine peut masquer une haine millénaire des Juifs… »

 Je ne suis pas vivant mais poète** documentaire de Julie Peghini

 « Je suis un homme torpillé qui habite un monde torpillé. C’est pour remettre une dimension magique aux choses que j’écris», disait Sony Labou Tansi. Julie Peghini n’est pas cinéaste mais ethnologue et maîtresse de conférences à l’université ParisVIII-Vincennes-Saint-Denis. En découvrant l’œuvre de l’auteur congolais, elle décide de lui consacrer un film et, pour cela, se forme pendant neuf mois à l’atelier documentaire de la F.E.M.I.S. Sur les traces de Sony Labou-Tansi, elle nous entraîne au bord du fleuve Congo et dans les lieux familiers de son héros. Elle nous livre aussi la parole aigüe de ce chantre de l’Afrique : «Nous voulons créer une culture de choc.» (…) «Convoquer une monde dont nous avons été absents trop longtemps ! L’Afrique est le nouveau monde.»

Et elle donne voix à des écrivains qui estiment être ses héritiers, comme Dieudonné Niangouna : «Je suis devenu Dido par la force de Sony, par la sonyfication des énergies.»  Le jeune dramaturge lui a consacré un spectacle en 2017: Antoine m’a vendu son destin/ Sony chez les chiens (voir Le Théâtre du Blog) mais il a aussi orchestré un hommage au poète pour le vingtième anniversaire de sa mort, à son festival Mantsina-sur-scène 2015, à Brazzaville. Mais, à cause d’une lettre adressée au président Denis Sassou Nguesso, il y fut interdit de séjour! La cinéaste nous en a rapporté des images puis nous emmène aux Récréâtrales, un autre festival important où l’on voit dans les rues de Ouagadougou ( Burkina-Faso) des passants lire avec délectation un poème de Sony Labou Tansi traduit pour l’occasion en kikongo: « Le Congo est comme une épine, si tu y touches, tu te blesses ! Le moment du film que Julie Peghini préfère.

«J’écris pour être vivant. Pour le demeurer. Je sais que je mourrai vivant», plaisantait le poète et cette réalisation contribue à l’immortaliser…

 Les prix de littérature dramatique

 f-5a4-59afab3b23e3fTraditionnellement, plusieurs en sont remis lors de ce festival.

Le prix Sony Labou Tansi revient à  Marine Bachelot Nguyen pour Le Fils  publié aux éditions Lansman.

Choisi, parmi cinq textes publiés, par 1.200 lycéens dans les Académies en France métropolitaine, en Outre-mer et dans les lycées français à l’étranger : Vietnam, Algérie, Gabon… «Cette fiction a un fort ancrage documentaire, note l’auteure. «Un travail de recherche sur les mouvements catholiques intégristes en France et sur d’autres mouvements, plus policés et ambigus, a accompagné et précédé l’écriture du texte. »  

Une femme d’aujourd’hui, en province, à la vie bien ordonnée entre famille et travail… qui va à la messe le dimanche avec  son mari et ses deux fils qui grandissent, si différents l’un de l’autre. Elle s’engage dans des mouvements catholiques traditionalistes et va aux manifestations contre le spectacle de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu. Puis elle participera aux marches contre le mariage pour tous. Avec le sentiment d’appartenir à une bonne société bien pensante… Rien de moraliste dans cette commande  de la compagnie L’Unijambiste, en réponse à  l’essor de l’intégrisme catholique. Mais une analyse  froide et scrupuleuse des mécanismes à l’œuvre dans l’engrenage qui conduit à des engagements politiques nauséabonds, en toute inconscience. 

 Prix de la dramaturgie francophone de la S.A.C.D.

La commission Théâtre a retenu parmi une dizaine de textes proposés par la Maison des auteurs de Limoges, Sucré Seize (huit filles) de la Québécoise Suzie Bastien qui aime l’idée « d’une guérilla poétique de filles sur scène ». Avec ces huit monologues de dix minutes, chacun dans une langue particulière, alternant paroles crues et confidences plus réflexives, elle trace un portrait composite de l’adolescente nord-américaine d’aujourd’hui. «J’ai maintenant envie de refaire le même chemin mais cette fois avec huit vieilles femmes » dit Suzie Bastien, dans un entretien où elle brosse au passage un panorama de la dramaturgie de son pays. ***

 Le prix R.F.I. Théâtre

 

prix rfi valérie cachard

prix rfi valérie cachard

Depuis 2014, la Radio attribue ce prix Théâtre, suite à un appel à l’écriture, pour encourager les nouveaux dramaturges francophones (voir Le Théâtre du Blog). Cette année, il revient à la Libanaise Valérie Cachard pour Victoria K, Delphine Seyrig et moi ou La Petite Chaise jaune. « C’est l’histoire d’une femme/Non, c’est l’histoire de deux femmes/C’est l’histoire d’une ville/Non de deux villes/Non, d’une ville qui fut un jour coupée en deux. » Une histoire de paradis perdu et de péché… A travers des vestiges découverts dans une maison abandonnée  à Beyrouth : carnets, lettres, objets, la narratrice-autrice reconstitue la vie de Victoria K … Ces restes se combinent avec des archives pour composer l’histoire du Liban. S’y mêlent les souvenirs de l’autrice qui improvise sa propre partition dans laquelle Delphine Seyrig et Victoria K surgissent comme des apparitions. Cette pièce archéologique procède par couches successives et répétitions de motifs. Valérie Cachard est la deuxième femme, libanaise de surcroît, à recevoir ce prix après Hala Moughanie en 2015.

 Mireille Davidovici

Zébrures d’Automne se poursuit jusqu’au 5 octobre.
Les Francophonies, de l’écriture à la scène : 11 avenue du Général de Gaulle, Limoges (Haute-Vienne). T. : 05 55 10 90 10.

*Jours tranquilles à Jérusalem est publié aux éditions Riveneuve.

** Je ne suis pas vivant mais poète sera projeté en version longue au Centre Georges Pompidou, le 8 novembre à 20 heures, dans le cadre des Rencontres documentaires.

 ***Extraits publiés dans La Récolte, Editions Passage(s), 14 allée du Père Jamet, Caen (Calvados) editionspassages@gmail.com T. : 06 58 29 36 80  revue.larecolte@gmail.com

 


Archive pour 3 octobre, 2019

Les Francophonies des Écritures à la scène 2019 (suite)

© Christophe Péan : le QG du Festival de limoges

© Christophe Péan : le QG du Festival de limoges

 

Les Francophonies des Écritures à la scène 2019 (suite)

 Aux Zébrures d’automne, chaque matin ont lieu des rencontres avec les artistes et des projections de films, remises de prix, entretiens… Ce qui, à l’orée des spectacles, élargit les échanges avec le public, toujours friand de débats, et entre professionnels. La notion de francophonie soulève en effet de nombreuses questions qui évoluent au fil du temps et un festival comme celui-ci permet, entre autres, d’en suivre l’actualité…  

 Entretien avec Felwyne Sarr

Avec un art consommé de l’interview, le directeur du Festival nous présente cet homme-orchestre sous un jour nouveau. L’auteur sénégalais a choisi la voie universitaire, sans pour autant renoncer à ses premières amours: la musique et à la littérature.  Romancier et poète, il a reçu plusieurs distinctions pour Afrotopia, un essai paru aux éditions Philippe Rey (2016) et qui vise à définir un futur original pour l’Afrique, en respectant l’esprit syncrétique préexistant à la colonisation dans les sociétés de ce continent.
Dans sa pratique artistique comme dans son enseignement, il cherche à décloisonner les savoirs : «On a hyper-spécialisé les êtres, on est devenu plus savant mais moins intelligent, on a du mal a saisir la globalité.» Avec son champ de recherche: l’épistémologie du non-logos , il  veut redonner une dignité à des formes de savoir, autres que les sciences exactes ( ceux du corps, de l’art, des mystiques). Selon lui, la quête de la modernité en Afrique est imposée de l’extérieur et le défi, pour le continent, est de définir «une société du bien-vivre ensemble, conciliant le savoir et le faire. »

Emmanuel Macron lui a demandé d’examiner comment la France pourrait restituer les œuvres d’art qu’elle possède, aux pays africains. Il a mené cette étude avec Bénédicte Savoy, historienne d’art et professeur au Collège de France. Il s’agissait tout d’abord d’établir un inventaire  de la provenance des biens, en distinguant ceux obtenus par pillage comme les objets du Palais royal d’Abomey au Bénin, par collecte scientifique, comme Marcel Griaule l’a fait en pays Dogon (décrit Michel Leiris dans L’Afrique fantôme), par achat à vil prix… Il fallait aussi déterminer selon quels critères les pays intéressés choisiront les œuvres restituées et se prépareront à les accueillir… Une tâche difficile, vu le rapport ambigu de la France avec les pays africains et les controverses dont ce processus fait l’objet. Et il faudra aussi modifier la loi d’inaliénabilité du patrimoine culturel français… À l’heure où le Collège de France, a ouvert une chaire permanente d’histoire et archéologie des mondes africains, la question est plus que jamais à l’ordre du jour.

En conclusion, Hassane Kouyaté donne rendez-vous l’année prochaine à Felwyne Sarre pour un concert avec ses cinq frères, musiciens comme lui, qui ont créé chacun leur propre orchestre… Un festival familial ! En attendant, nous le retrouvons au foyer de l’Opéra pour Habiter le monde poétiquement, un dialogue entre René Char, Aimé Césaire et ses propres textes. Ce concert de mots et de musiques, était accompagné par le comédien Étienne Minoungou et par Simon Winsé au ngoni, à la kora et à la flûte peule.

 Rencontre avec Mohamed Kacimi

© Christophe Péan. Jours tranquilles à Jérusalem

© Christophe Péan. Jours tranquilles à Jérusalem

Tout aussi passionnant, l’écrivain sollicité à propos de Jours tranquilles à Jérusalem, une  œuvre mise en scène par Jean-Claude Fall et qu’il a adapté de son Journal de bord tenu pendant les répétitions de la pièce Des Roses et du Jasmin d’Adel Hakim (voir Le Théâtre du Blog). Le dramaturge franco-algérien revient sur cette expérience, largement racontée dans son livre*. Il a une réflexion critique et pleine d’humour sur ce moment catastrophique de notre histoire, à travers le prisme d’une aventure humaine et théâtrale unique qui eut lieu au Théâtre national palestinien de Jérusalem-Est.
 Il se dit fataliste à propos du conflit entre Israël et les Palestiniens. Pour lui deux positions victimaires s’affrontent: «Les Juifs se vivent en victimes universelles et les Palestiniens leur renvoient : “Ma douleur est plus grande que la tienne“. (…) Là-bas, la guerre est une nécessité et cimente deux sociétés l’une contre l’autre, alors que, pour les Européens, la paix est un absolu. Il leur aura fallu 150 millions de morts pour être en paix. » (…) «En Israël, la guerre cimente une société composite mais les organisations palestiniennes, elles, ne veulent pas la paix mais la justice…» Mohamed Kacimi nous met en garde sur ce processus de victimisation, de quelque bord qu’ils soit : «Les Palestiniens incarnent la victime universelle, comme métaphore de la souffrance. » (…) « Mais l’amour pour la Palestine peut masquer une haine millénaire des Juifs… »

 Je ne suis pas vivant mais poète** documentaire de Julie Peghini

 « Je suis un homme torpillé qui habite un monde torpillé. C’est pour remettre une dimension magique aux choses que j’écris», disait Sony Labou Tansi. Julie Peghini n’est pas cinéaste mais ethnologue et maîtresse de conférences à l’université ParisVIII-Vincennes-Saint-Denis. En découvrant l’œuvre de l’auteur congolais, elle décide de lui consacrer un film et, pour cela, se forme pendant neuf mois à l’atelier documentaire de la F.E.M.I.S. Sur les traces de Sony Labou-Tansi, elle nous entraîne au bord du fleuve Congo et dans les lieux familiers de son héros. Elle nous livre aussi la parole aigüe de ce chantre de l’Afrique : «Nous voulons créer une culture de choc.» (…) «Convoquer une monde dont nous avons été absents trop longtemps ! L’Afrique est le nouveau monde.»

Et elle donne voix à des écrivains qui estiment être ses héritiers, comme Dieudonné Niangouna : «Je suis devenu Dido par la force de Sony, par la sonyfication des énergies.»  Le jeune dramaturge lui a consacré un spectacle en 2017: Antoine m’a vendu son destin/ Sony chez les chiens (voir Le Théâtre du Blog) mais il a aussi orchestré un hommage au poète pour le vingtième anniversaire de sa mort, à son festival Mantsina-sur-scène 2015, à Brazzaville. Mais, à cause d’une lettre adressée au président Denis Sassou Nguesso, il y fut interdit de séjour! La cinéaste nous en a rapporté des images puis nous emmène aux Récréâtrales, un autre festival important où l’on voit dans les rues de Ouagadougou ( Burkina-Faso) des passants lire avec délectation un poème de Sony Labou Tansi traduit pour l’occasion en kikongo: « Le Congo est comme une épine, si tu y touches, tu te blesses ! Le moment du film que Julie Peghini préfère.

«J’écris pour être vivant. Pour le demeurer. Je sais que je mourrai vivant», plaisantait le poète et cette réalisation contribue à l’immortaliser…

 Les prix de littérature dramatique

 f-5a4-59afab3b23e3fTraditionnellement, plusieurs en sont remis lors de ce festival.

Le prix Sony Labou Tansi revient à  Marine Bachelot Nguyen pour Le Fils  publié aux éditions Lansman.

Choisi, parmi cinq textes publiés, par 1.200 lycéens dans les Académies en France métropolitaine, en Outre-mer et dans les lycées français à l’étranger : Vietnam, Algérie, Gabon… «Cette fiction a un fort ancrage documentaire, note l’auteure. «Un travail de recherche sur les mouvements catholiques intégristes en France et sur d’autres mouvements, plus policés et ambigus, a accompagné et précédé l’écriture du texte. »  

Une femme d’aujourd’hui, en province, à la vie bien ordonnée entre famille et travail… qui va à la messe le dimanche avec  son mari et ses deux fils qui grandissent, si différents l’un de l’autre. Elle s’engage dans des mouvements catholiques traditionalistes et va aux manifestations contre le spectacle de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu. Puis elle participera aux marches contre le mariage pour tous. Avec le sentiment d’appartenir à une bonne société bien pensante… Rien de moraliste dans cette commande  de la compagnie L’Unijambiste, en réponse à  l’essor de l’intégrisme catholique. Mais une analyse  froide et scrupuleuse des mécanismes à l’œuvre dans l’engrenage qui conduit à des engagements politiques nauséabonds, en toute inconscience. 

 Prix de la dramaturgie francophone de la S.A.C.D.

La commission Théâtre a retenu parmi une dizaine de textes proposés par la Maison des auteurs de Limoges, Sucré Seize (huit filles) de la Québécoise Suzie Bastien qui aime l’idée « d’une guérilla poétique de filles sur scène ». Avec ces huit monologues de dix minutes, chacun dans une langue particulière, alternant paroles crues et confidences plus réflexives, elle trace un portrait composite de l’adolescente nord-américaine d’aujourd’hui. «J’ai maintenant envie de refaire le même chemin mais cette fois avec huit vieilles femmes » dit Suzie Bastien, dans un entretien où elle brosse au passage un panorama de la dramaturgie de son pays. ***

 Le prix R.F.I. Théâtre

 

prix rfi valérie cachard

prix rfi valérie cachard

Depuis 2014, la Radio attribue ce prix Théâtre, suite à un appel à l’écriture, pour encourager les nouveaux dramaturges francophones (voir Le Théâtre du Blog). Cette année, il revient à la Libanaise Valérie Cachard pour Victoria K, Delphine Seyrig et moi ou La Petite Chaise jaune. « C’est l’histoire d’une femme/Non, c’est l’histoire de deux femmes/C’est l’histoire d’une ville/Non de deux villes/Non, d’une ville qui fut un jour coupée en deux. » Une histoire de paradis perdu et de péché… A travers des vestiges découverts dans une maison abandonnée  à Beyrouth : carnets, lettres, objets, la narratrice-autrice reconstitue la vie de Victoria K … Ces restes se combinent avec des archives pour composer l’histoire du Liban. S’y mêlent les souvenirs de l’autrice qui improvise sa propre partition dans laquelle Delphine Seyrig et Victoria K surgissent comme des apparitions. Cette pièce archéologique procède par couches successives et répétitions de motifs. Valérie Cachard est la deuxième femme, libanaise de surcroît, à recevoir ce prix après Hala Moughanie en 2015.

 Mireille Davidovici

Zébrures d’Automne se poursuit jusqu’au 5 octobre.
Les Francophonies, de l’écriture à la scène : 11 avenue du Général de Gaulle, Limoges (Haute-Vienne). T. : 05 55 10 90 10.

*Jours tranquilles à Jérusalem est publié aux éditions Riveneuve.

** Je ne suis pas vivant mais poète sera projeté en version longue au Centre Georges Pompidou, le 8 novembre à 20 heures, dans le cadre des Rencontres documentaires.

 ***Extraits publiés dans La Récolte, Editions Passage(s), 14 allée du Père Jamet, Caen (Calvados) editionspassages@gmail.com T. : 06 58 29 36 80  revue.larecolte@gmail.com

 

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