Festival SPOT: sixième édition. 2 fois Toi : Rudy et José, mise en scène de Jean-Paul Delore

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2 fois Toi : Rudy et José, mise en scène de Jean-Paul Delore

 Ce temps fort dédié aux formes nouvelles tient sa sixième édition ! Les sept spectacles programmés s’articulent autour de la question des relations enfance / âge adulte. Comment grandir sans perdre la trace de ce qui nous a aidé à devenir ce que nous sommes ? Dans ce cadre, ce feuilleton théâtral, orchestré par Jean-Paul Delore trouve sa juste place.

«Nous avons commencé depuis juillet 2017, dit le metteur en scène et poursuivrons jusqu’en 2021, l’écriture d’une série de vingt formes courtes de théâtre (trente minutes) mettant à chaque fois et côte à côte, un enfant avec l’adulte qu’il voudrait devenir ou qui a peur de devenir ou qu’il est devenu, ou dans l’autre sens, l’adulte et l’enfant qu’il était ou qu’il aurait voulu (ne pas) être…» Il a demandé à des auteurs dramatiques, romanciers, poètes d’écrire en dialogue avec l’enfant qu’ils étaient.

Après avoir été joués à la Maison des Métallos et au Tarmac à Paris, au Théâtre Nouvelle Génération à Lyon et au Théâtre de la Joliette à Marseille, les six premiers épisodes : Sarah, Izabelle, Bolo, June, José, Zelda s’enrichissent cet automne d’un septième duo, Rudy, présenté ce soir en prélude à José, dans la petite salle du Théâtre Paris-Villette, par ailleurs en travaux.

©Sean Hart

©Sean Hart

Rudy, musique de Sébastien Boisseau et Marius Mallavaes, mise en scène de Jean-Paul Delore

 Sébastien Boisseau a déjà travaillé avec Jean-Paul Delore à la création de Langues et Lueurs, un récital qu’il a composé et joué avec Louis Sclavis sur des textes de Charles Baudelaire, Henri Michaux, Sony Labou Tansi et Dieudonné Niangouna. Le contrebassiste de jazz,  sollicité par son vieux complice, revient ici au base de la musique face à son double enfant :  Marius Mallavaes.

Le garçonnet tire de son encombrant instrument de petits sons indisciplinés. L’adulte lui réplique avec des coups d’archet sommaires mais magistraux, comme lui montrant la voie. Une demie heure où les notes s’échangent, prennent sens d’un instrument à l’autre, et se cherchent des terrains d’écoute et d’entente … Le grand Jazzman se retrouve gamin, dans les premiers balbutiements de son art et le musicien en herbe, pas plus haut que sa contrebasse d’étude, s’amuse à s’appliquer, non sans ironie. Un joli moment de transmission musicale.

José de Patrick Laupin, mise en scène de Jean-Paul Delore

 Cette figure de la poésie lyonnaise, Grand Prix de poésie de la Société des gens de lettres en 2013, trouve les mots pour dire une enfance de douleurs et de sensations étranges. Spécialiste de Stéphane Mallarmé, il tient la langue à bonne distance dans une dualité permanente entre concret et fulgurances verbales, entre “je“ et “tu“. Il puise aussi dans sa propre mémoire- il appartient à une famille de mineurs de fond des Cévennes-  et dans les souvenirs d’enfants ” hors monde” (autistes), ou en rupture de lien social, côtoyés dans des écoles, lieux d’alphabétisation ou d’internement (voir Les Langagières 2019, dans Le Théâtre du blog).

Il a livré au metteur en scène des pages sans concession intitulées Tout ce blanc que se partagent ici Stéphane Bernard et le jeune Mohamed Aigoinn. Le texte oscille sur une ligne tendue entre vers et prose. L’adulte et l’adolescent  disent avec une bonne dose d’humour, une blessure, l’être, l’autre. «Les imaginations, côté pile, c’est un trésor, côté face, c’est un poison. Le balancier, c’est toi.» Réponse de l’enfant au poète ou vice-versa ? Les acteurs nous entraînent dans un fascinant labyrinthe verbal…

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 2 octobre, au Théâtre Paris-Villette, 211 avenue Jean Jaurès, Paris  (XIX ème). T. : 01 40 03 72 23.

 

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