Fête des vendanges de Bagneux: cinquante-neuvième édition
Fête des vendanges de Bagneux : cinquante-neuvième édition
Autrefois important carnaval des vendanges maintenant dirigé et programmé par Marie Piquet, programmatrice de cette fête. Un beau moment fédérateur et très populaire de la vie locale, dans cette commune de la vallée de Chevreuse… Cela se passe dans les rues mais surtout dans le beau parc Richelieu avec cette année, une grande installation éphémère conçue autour des contes de Peter Pan, le Magicien d’Oz, Hansel et Gretel, Blanche-Neige, Pierre et le Loup, Alice au Pays des Merveilles… Jack et le Haricot magique. Mais aussi des spectacles, concerts. Le tout fréquenté par quelque 10. 000 spectateurs… Tout est gratuit, y compris le verre de jus de pomme pressé sur place et les grappes de raisin. Pour le vin, la vigne récemment plantée ne devrait pas tarder à produire du raisin en quantité suffisante. Oui, autrefois il y avait des vendanges en région parisienne, nous avons encore connu des gens qui en récoltaient sur leur treille. Et la vigne de Montmartre a été préservée..
Les partenaires sont locaux Théâtre Victor-Hugo, Le Plus Petit Cirque du Monde , Maison de la Musique et de la Danse, Studio de musique la Chaufferie, Maison des Arts, Médiathèque Louis-Aragon, Archives municipales. Et quinze centres de loisirs avec cinq cent participants volontaires qui s’emparent de Peter Pan, Blanche-Neige et les Sept Nains, Le Magicien d’Oz, Hansel et Gretel, Alice au Pays des Merveilles… pour créer décors et costumes, participer à des chorégraphies pour quelque mille personnages. Mais il y a aussi de nombreux spectacles
La compagnie de la Migration de Quentin Claude et Marion Even
Elle crée des structures cinétiques en fer. « Proches de la pensée du landart, disent-ils, nous souhaitons poser un regard sur le paysage à travers une pratique acrobatique en mouvement. Nous travaillons principalement en extérieur, incluant le paysage comme partenaire. « Être » dehors, c’est se poser la question de comment « être » au monde..« Être » dehors, c’est aussi requestionner les lieux de représentation du cirque, l’amener à une frontière dans l’idée de le pousser dans ces retranchements et dans de nouvelles explorations. » Encore un bon exemple de la relation entre arts plastiques et spectacle qui a fleuri dans les années 60-70 avec les Américains comme Bob Wilson, Meredith Monk, John Vaccaro, Stuart Sherman… Ici, cette belle plate-forme faite d’un plateau rectangulaire monté sur un axe est déjà une sculpture en elle-même très dépouillée et absolument neutre, dans la lignée d’architectes du Bauhaus comme Ludwig van der Rohe ou Marcel Breuer. Et finalement plus proche du minimal art de Robert Morris, Carl Andre et Donald Judd, que du land art. Mais c’est aussi, ce qui n’est pas incompatible, un bel outil pour acrobaties.
A Bagneux, cela se passe sur une belle pelouse abritée par de grands arbres et les deux acrobates montent sur cette plate-forme qu’ils vont parcourir dans les deux sens mais aussi en diagonale, le corps de l’un faisant contrepoids à celui de l’autre. Brillantissime aux meilleurs moments avec une légèreté et une « facilité » apparente mais qui est sans doute le résultat de longues répétitions et il y a comme de la chorégraphie dans l’air. Chapeau ! Et le public admiratif ne boude pas son plaisir mais cette performance physique a ses limites et tourne un peu à la démonstration…
Borderless de et par Blanca Ivonne Franco et Sébastien Davis-Van Gelder
C’est une création sur un plateau noir entre acrobatie et danse contemporaine avec deux artistes qui ne cesse de s’unir puis de se sépare dans une chorégraphie aussi précise que délicate. Elle est mexicaine, issue de l’Ecole de Cirque de Châlons-en-Champagne et lui, un acrobate franco-américain. Autant dire que les frontières, ils connaissent… Frontières ici tracées à la craie qu’ils ne cessent de franchir pour se voir aussitôt refoulés. Des moments qui sont à la fois d‘une rare économie puisqu’ils n’y a ici aucun agrès, trapèze… et que tout se joue d’un corps à l’autre avec une grande virtuosité et parfois une certain humour, notamment quand ils arrivent chacun avec un cactus en plastique, un petit pour elle, la Mexicaine et évidemment un très gros pour lui, l’Américain.
Oui, mais… la mise en scène est aux abonnés absents et si le jeu dans la première partie est souvent remarquable, la suite est moins évidente… Blanca Ivonne Franco et Sébastien Davis-Van Gelder arrivent mal à gérer une intrigue qui part un peu dans tous les sens. Il y faudrait autant de rigueur artistique que de rigueur acrobatique. Et pour le moment, même avec le regard extérieur de Guy Alloucherie, cela reste un travail en cours avec des longueurs même s’il dure à peine quarante-cinq minutes. Surtout pour un spectacle en plein air. Mais bon, il y avait quelque trois cent spectateurs et ils les ont longuement applaudi…
Philippe du Vignal
La Fête des Vendanges de Bagneux a eu lieu les 28 et 29 septembre.