Festival de la grande Echelle au Monfort Théâtre

Festival de la grande Echelle au Monfort Théâtre

Fracasse ou les enfants de Vermiraux de Nicolas Turon

Le festival de La Grande Echelle, initié par l’A.D.A.M.I. avec Tsen productions, a présenté dix-sept spectacles au Monfort… Nous sommes assis sur des tabourets avec une cinquantaine d’enfants d’une école primaire qu’on peine à faire taire.  Le silence établi, un acteur s’impose : «Alors, je vais te dire un truc, la vieillesse ce n’est pas une excuse. En vérité, il y a trois choses dans la vie d’un homme : la misère, l’amour et la mort. Il faut grandir toujours, ne jamais vieillir. « 
Chapitre un: « La misère, c’est quand tu n’as pas la même chose dans les deux yeux. » A l’orphelinat des Vermiraux, au fond de la vallée, une rivière et un château. On se dit que c’est un orphelinat convenable mais on change d’avis: huit des fenêtres de façade sont barrées par des planches. Cela ne sert à rien ici d’avoir des mots pour se défendre. Ce qui compte, c’est  savoir comment ils se sont échappés de là… Bagarre d’oreillers, les enfants sont arrivés dans les dortoirs aux  lits froids. Grandir, ce n’est pas sauter sur les lits, c’est se glisser dans les engrenages du monde. Aux Vermiraux, la misère a le visage de la Vidaline. « La prochaine fois que je vous verrai jouer au capitaine Fracasse, je vous romps les os ! »

Tout le monde dans la salle se met en place pour ouvrir une allée, les acteurs manipulent les enfants ravis : «Nous aussi les orphelins, on est des fantômes. Cours, mon lapin, cours, la course ou la vie ! On voudrait déjà savoir si ce sera mieux quand on sera grands. » On déploie un tapis central: «Mettre un pied devant l’autre, c’est pas seulement marcher. Pour nous, l’amour, c’est de raconter une histoire. En étant orphelin, on est comédien, mais vous êtes pas obligé. »

La Vidaline: «Nous redressons ces anormaux avec de petits travaux. » Les enfants brandissent un livre chez le préfet: « Bleu, blanc, rouge, quitte tes habits de misère, prends ton épée ! ».  Laura Zauner, Fayssal Benbhamed et Nicolas Turon dansent avec des enfants qui dansent aussi entre eux. Un lépreux couvert d’un drap demande l’aumône à Fracasse. «Vous serez tous des parents orphelins.»

Au chapitre III, la mort, c’est la révolte des enfants. Nous nous recouvrons d’un drap. « Avec le capitaine Fracasse, on joue dans les bas-fonds. Le soir, on se retrouve à la taverne des assassins. Demain, on s’occupe de la Vidaline ». Le 8 juillet 1910, des adolescents se révoltent et pour la première fois, un groupe d’adultes est condamné pour violence envers mineurs. «Qui sommes-nous comédiens, sinon des fantômes? »

Etonnant spectacle de Nicolas Turon qui écrit et travaille avec une dizaine de compagnies, dirige des salles et des festivals, fait de la radio et joue un peu partout dans le monde. Il a reçu en 2015, la bourse Beaumarchais Ecrire pour la rue...

Edith Rappoport

Monfort Théâtre,  Paris (XV ème). T. :  01 56 08 33 88.

 

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