Le Fab: Festival International des arts à Bordeaux ( à suivre)

Le Festival International des arts à Bordeaux

Sur deux semaines, vingt-neuf spectacles dont douze créations dans quelque trente lieux à Bordeaux et ses environs. Donc une grande manifestation dirigée par Sylvie Violan avec un programme impressionnant de danse, performances, concerts, théâtre… dont le remarquable Retour à Reims, adapté du récit de Didier Eribon, mise en scène de Thomas Ostermeier (voir Le Théâtre du Blog).

Il y a aussi de nombreux spectacles étrangers comme autrefois à feu Sigma, ce festival exemplaire créé par Roger Lafosse dans les années 60…  «De manière décalée, provocante, humoristique, dit Sylvie Violan, qui est aussi la directrice du Carré-Colonnes de Saint-Médard, une commune de 35.000 habitants, jouxtant Bordeaux.  «Les artistes nous incitent à l’engagement, à lancer l’alerte, à être créatif,  à retrousser nos manches pour inventer l’avenir. »

D8F0243C-4371-49C9-B2A6-B13BCBC658F2Avec ici, entre autres, 18, une performance de Claudio Stellato, danseur et artiste pluridisciplinaire italien vivant à Bruxelles qui travaille sur les interactions entre le corps et la matière : bois, etc. Ou Rebota Rebota y en tu cara explota de la performeuse catalane Agnès Mateus qui a notamment travaillé avec Rodriguo Garcia et de l’artiste pluridisciplinaire Quim Tarrida. Ils dénoncent le fait que, dans leur pays, deux femmes soient tuées par semaine! A l’Opéra de Bordeaux, il y aura aussi la prochaine création de trois ballets de vingt minutes signés Wayne Mc Gregor, Angelin Prejlocaj et Alexander Ekman..

Et un super Q.G. sur les quais de la Garonne avec espaces de spectacles et de rencontre, café- restaurants… Le tout dirigé par une équipe professionnelle et de nombreux bénévoles. Nicolas Florian, qui a succédé à Alain Juppé, à la mairie de Bordeaux, est évidemment ravi «de la diffusion et de la création d’œuvres génératrices de lien social, d’émotion et de réflexion », surtout quand par chance, les 29° de température contribuent à la fête….

21B4F9A0-414D-4AC0-8F75-03D8EC32881FNous avons pu voir quelques-uns des spectacles de cette riche programmation. D’abord Cria d’Alice Ripoll, une chorégraphe brésilienne qui travaille avec  neuf danseurs issus des favelas de Rio-de-Janeiro. Rien sur le grand plateau peu éclairé du Carré à  Saint-Médard. Tout de suite, un monument d’énergie, de virtuosité et de rythme où se mêlent danse contemporaine et passinho, une danse urbaine locale. Avec des moments de respiration où la scène, avec un solo ou un duo très gestuels, redevient étrangement calme. Mais le délire chorégraphique reprend vite et ces danses sont tout à fait impressionnantes. Même si sans nous ne connaissons pas les codes.

Des danses en groupe et souvent en file, sur une musique très rythmée, répétitive et d’une violence inouïe avec pour thèmes : la violence, l’amour, le sexe, et des pulsions de vie et de mort clairement affichées… Un langage visuel et musical qui parle tout de suite aux lycéens et étudiants de cette séance d’après-midi… Subjugués, très admiratifs, ils accompagneront souvent le spectacle en le  rythmant de leurs mains. Et debout, enthousiastes, ils salueront virtuosité pendant plusieurs minutes Sanderson BDD, Thamires Candida, GB Dançarino Brabo, Tiobil Dançarino Brabo, VN Dançarino Brabo, May Eassy, Nyandra Fernandes, Romulo Galvão, Kinho JP, Ronald Sheick,  tous d’une rare souplesse et d’une redoutable virtuosité.

Cela dit, il y a quelques longueurs et redites et le spectacle même parfaitement rodé gagnerait à être un peu resserré… Mais c’est un bon choix pour ce festival: Cria est une chorégraphie hors-normes  et out à fait remarquable et si vous pouvez la voir à Paris, ne la ratez surtout pas…

Spectacle joué les 11 et 12 octobre au Carré Saint Médard (Gironde).

Grande Halle de la Villette, Paris (XIX ème) les 10, 11 et 12 décembre.

448A36D3-CAEC-4678-A8AA-B78ACBBFAEF5Blue Tired Heroes de Massimo Furlan

Cet artiste suisse d’origine italienne a été élève de l’École cantonale d’art de Lausanne. Il a été longtemps peintre puis scénographe pour plusieurs metteurs en scène et chorégraphes, avant de créer sa compagnie et de réaliser ses spectacles que l’on a pu voir, entre autres, au festival d’Avignon.  Cette performance est inspirée du personnage de Superman, une vedette de la bande dessinée et une icône créée en 1933 par le scénariste américain Jerry Siegel et le dessinateur canadien Joe Shuster. Inspiré d’histoires de science-fiction  de B.D. et apparu pour la première fois en 1938, leur personnage de super-héros fut ensuite repris à la radio, à la télévision, mais aussi dans de nombreux films.

Ce héros a eu au fil du temps des capacités hors-normes : invisibilité ou force surhumaine, vision,  et endurance et intelligence exceptionnelles…  Mais ici, même multipliés par neuf, en collant bleu jusqu’au cou, chaussettes et petite cape rouge avec ceinture jaune, le héros indomptable et invaincu est bien fatigué! Tous de la même taille ou presque, pathétiques dans ce costume bien connu et aux couleurs vulgaires et tous des Blancs sauf un Noir… Un rappel discret des traites qui firent en partie la richesse de la ville, avec le  trop-fameux commerce triangulaire? Comme l’indique un mascaron de tête de femme sur une façade de la place de la Bourse. Juste retour des choses, Bordeaux compte aujourd’hui de nombreux habitants africains…

Dénominateur commun de ces héros bleus fatigués, tous des hommes : âge avancé, cheveux gris voire déjà blancs, calvitie naissante ou prononcée, lunettes de vue pour la plupart petite bedaine, bref «l’âge» comme on dit. Qui sont-ils dans la vie, riches ou pauvres? Sans doute  retraités, ex ouvriers, cadres, enseignants, commerçants, employés de commerce, ingénieurs… on ne le saura jamais… Ils marchent lentement à pas réguliers et toujours en file indienne sur les quais de la Garonne, dans un silence absolu. Pas de chef de bande et ils ne se parlent jamais entre eux, pourtant sûrs de leur chemin. Arrivés à la magnifique place de la Bourse construite de 1735 à 1738 et que l’on doit à Gabriel, grand architecte du XVIII ème siècle, ils encerclent la fontaine des Trois Grâces, toujours en silence, puis fatigués vont s’endormir sur les bancs de pierre ou au pied des bornes.

Puis ils iront par de petites rues jusqu’à cette autre magnifique petite Place du Parlement et, debout, en se tenant par la main, ils admirent le pigeon noir qui se tient immobile au sommet de la fontaine centrale. Puis plus prosaïquement, l’un fouille une poubelle et les huit autres regardent cette fouille avec attention…
Faute de temps, nous les avons quitté là. Ils n’ont aucun pouvoir extraordinaire et, à part leur costume ridicule, sont des gens tout à fait comme les autres. Silencieux, jamais agressifs, sans aucune revanche à prendre : l’envers de ce personnage mythique… « Le silence, le plus grand luxe actuel, disait Arthur  Honegger. »Massimo Furlan arrive à créer des images efficaces liées à une somptueuse architecture avec cette ballade-performance silencieuse dans  plusieurs quartiers de Bordeaux: Mériadek, Saint-Pierre, la place de la Bourse, Saint-Michel et Bastide…

Philippe du Vignal

 Le festival  continue jusqu’au 20 octobre. T. : 09 86 40 07 29.

 

 

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