LE GITIS (Institut national d’art théâtral), de Moscou à Paris

Le GITIS (Institut  national d’art théâtral):  de Moscou à Paris

C796C8DD-C6F3-4406-BEE7-36D265FE75F6Le plus ancien des Instituts de théâtre russes (1878) où ont été formées de nombreuses générations d’acteurs et metteurs en scène, ouvrira le 11 novembre, sa première «école européenne» au Théâtre de l’Atalante à Paris. Pas une école à proprement parler mais des stages et master-classes auxquels, après avoir été admis sur dossier, participeront une douzaine d’acteurs, actrices, metteurs et metteuses en scène.

Le Théâtre de l’Atalante, dont la programmation est souvent ouverte aux auteurs et aux troupes russes, offre l‘hospitalité à ce beau projet. Alain-Alexis Barsacq, son directeur qui a des origines russes, est secondé dans l’organisation de ces stages par Ekaterina Bogopolskaïa, une journaliste qui vit en France mais qui a été élève du GITIS, section: critique de théâtre.

Une conférence de presse s’est tenue à Paris pour annoncer la création de cette annexe du GITIS. Avec le recteur Grigori  Zaslavski  et l’une des plus anciennes professeures de la faculté de mise en scène,  Natalia Zvereva. Le GITIS cherche aujourd’hui à s’implanter dans certaines villes (une Ecole d’été est prévue à Londres en 2020) et ne se contente plus  d’accueillir à Moscou des étudiants étrangers (un étudiant sur dix vient d’Europe centrale, Finlande, Etats-Unis, Chine…) pour des sessions de formation souvent onéreuses. Le GITIS souhaite maintenant partager ses pédagogues et ses maîtres et entretient depuis longtemps des liens avec le théâtre français. Comme au centre La Cerisaie à Lectoure (Gers) dans les années 80 sous l’égide de Patrick Peyzin, où des stages avaient déjà été dirigés par Natalia Zvereva et certains de ses collègues.

 Et il y a eu aussi des échanges avec Christophe Rauck et l’Ecole du Nord, depuis trois ans déjà mais aussi avec l’ARTA et Sergueï Isaev, un des recteurs précédents du GITIS, lui-même francophone et très bon traducteur, avait su créer et maintenir des liens avec notre pays. Une déjà longue histoire… Ce projet est donc bien un événement. Une des particularités de ce grand établissement avec ses huit facultés, est d’organiser un enseignement commun pour  les acteurs et les metteurs en scène que la plupart des grands, connus en France, ont suivi. Comme entre autres, Anatoli Vassiliev, Dmitri Tcherniakov, Rimas Touminas et bien sûr, les élèves de Piotr Fomenko qui a formé sa troupe, adorée en France et dans le monde, avec une de ses promotions. Et récemment, deux anciennes étudiantes ont été remarquées au festival de Cannes: Samal Yeslyamova a reçu le Prix d’interprétation féminine 2018 dans Ayka de  Sergueï Dvortsevoï  et Viktoria Mirochnichenko tient le rôle principal dans Dylda (Une grande fille) de Kantemir Balagov qui a obtenu cette année, le Prix de la critique internationale, section : Un certain regard.

Ce sera donc l’occasion de goûter à la formation de l’acteur  dans la tradition russe,  transmise de génération en génération par les disciples de Stanislavski comme Mikhaïl Tchekhov, voire Meyerhold qui fut, rappelons-le, le premier à ouvrir une école de mise en scène en Europe. Il créa les bases du GITIS et imagina la discipline  «mouvement scénique» qui y est toujours enseignée. Les stagiaires pourront mieux connaître les voies prises par la méthode de Stanislavski en Russie et qui s’y est développée grâce à une pédagogue de talent, Maria Knebel. Ils pourront aussi voir les différences avec la méthode Stanislavski telle qu’à l’Actor’s  Studio, les Américains l’ont comprise et transformée. 

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Le 11 novembre, s’ouvrira le premier stage et une douzaine d’acteurs commenceront à recevoir «de première main» comme le dit Grigori Zaslavski, les secrets de l’art théâtral russe, de Iouri Boutoussov. Nous le connaissons peu en France mais il était venu il y a longtemps au festival Passages et il a mis en scène un remarquable Cabaret Brecht et Oncle Vania de Tchekhov. Il conduira un premier atelier pratique de dix jours sur La Cerisaie et ce sera l’occasion de faire connaissance avec un réalisateur dont on espère que les spectacles seront enfin invités par des théâtres français.

Une restitution publique des  « études » réalisées par les stagiaires est prévue le 20 novembre. Suivra une master-classe de trois jours avec Vladimir Baitcher, doyen de la faculté de mise en scène du GITIS et directeur de la fondation Mikhaïl Tchekhov. Ce travail sera plus théorique et permettra d’approfondir l’expérience acquise lors de la première partie du stage. Ensuite, à partir des études sur La Cerisaie de Tchekhov, sera analysée la méthode de l’«analyse par l’action» développée au GITIS par Maria Knebel. L’action, la construction du conflit et le «captage» de l’événement central déterminant le processus de l’existence scénique de l’acteur. Ce qui sera appréhendé à travers une série d’exercices. En Russie, la théorie au théâtre n’est jamais loin de la pratique, et vice-versa.

Béatrice Picon-Vallin

Pour toutes informations sur ce stage, voir: https://www.theatre-latalante.com/formation-gitis/

 

 

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