Musiques du Monde. Festival de l’Imaginaire à Poullaouen (Finistère)

9A424732-3BAF-47B7-9D48-6B4477AC945EMusiques du Monde. Festival de l’Imaginaire à Poullaouen (Finistère).

Carte Blanche à Erik Marchand et Joel Cruz Castellanos, pour une fest-Noz autour des danses Fisel et Zapateado lors de ce festival qui fait escale à Poullaouen, au centre de la Bretagne près de Morlaix. Autour des répertoires musicaux accompagnant cette danse de la famille des gavottes et originaire du pays breton Fisel et la danse mexicaine zapateado, physiquement exigeantes et fondées sur la maîtrise de mouvements rapides des pieds tapant sur le parquet.

La musique, la danse, la fête mais aussi un contexte initialement rural au Mexique… Comme en Bretagne avec les fest-noz nées dans les années 1950 à… Poullaouen, fief du chanteur Erik Marchand. Figure de la musique bretonne actuelle et transmetteur historique, cet artiste patient et constant s’attache à créer des ponts avec d’autres systèmes musicaux relevant de l’univers modal. L’origine du son jarocho remonte au XVII ème siècle et renvoie à l’histoire de la colonisation et de l’esclavage au Mexique: un style musical métisse des Caraïbes, surtout à Sotavento, dans l’Etat de Veracruz.

Ce jarocho est marqué par la cohabitation de musiques espagnoles, africaines et indigènes. Un son traditionnel indissociable de la fête rurale et du fandango ou « huapango », sur la place publique d’un village… Réunissant musiciens, danseurs, chanteurs, familles et membres de la communauté autour de la tarima, une estrade en bois où les couples pratiquent le zapateado (claquement de chaussures). L’ensemble est presque exclusivement composé d’instruments  à cordes : guitares jaranas, requintos, leona, violon et harpe. Avec quelques percussions : pandero, guiro, quijada (mâchoire d’âne) et marimbol. La poésie chantée, improvisée ou non, tient ici une place importante avec un chant déclamé, caractérisé par un timbre puissant et perçant.

Le jarocho, pratiqué par les huit artistes mexicains invités est lié au zapateado, dansé en couple dans la région de Sotavento. Issu d’un syncrétisme et né durant la période coloniale, le fandango résonne au rythme des cycles agricoles, dans les fêtes religieuses, le mariages, funérailles, baptêmes, anniversaires et autres événements marquants de la vie rurale. Mais le jarocho s’est désolidarisé de la fête populaire et est devenu une musique autonome  amplifiée dans les  concerts  et qui est aussi enregistrée en studio. Joel Cruz Castellanos, originaire de la ville de Santiago Tuxtla, est un artiste professionnel, passeur de traditions mais aussi professeur, collecteur, chercheur et collectionneur… Maître de la leona, une basse traditionnelle jouée au plectre, il est membre de Los Cojolites, un groupe de renommée internationale.

Pour ce festival de l’Imaginaire, autour de Joel Cruz Castellanos, des chanteurs, des danseurs et sept musiciens originaires de Tuxtla. La pratique du son jarocho a dépassé les frontières de l’Etat de Vera Cruz et de nombreux fandangos fleurissent dans les grandes villes du Mexique et au-delà. Joel Cruz Castellano est au chant, vozarrona, violon ; Carolina Cruz Castellanos, au chant, jarana, zapateado ; Rodrigo Oliveros Valentin, au chant, requinto et zapateado ; Erendira Abril Blanco Vargas, au chant, jarana et zapateado; Arcadio Baxin, au chant, jarana et zapateado ; Sirana Guevara Gonzalesau, au chant, jarana et zapateado ; Fredy Naranjos Vega chant, jarana et zapateado ; Alberto Guillen, au pandero, guiro, quijada, et zapateado. La richesse de cet ensemble musical nous fait découvrir les multiples facettes du son jarocho et les différents répertoires et modes de jeu. Cette fête du fandango a toujours une vraie dimension populaire, une proximité avec la nature et des relations humaines teintées d’une certaine mélancolie.

La musique, la danse, la fête et un contexte initialement rural : autant de points communs avec le fest-noz… Erik Marchand,  infatigable chanteur, a convié des artistes de la jeune génération, Olivier Catteau à la clarinette, Joachim Mouflin au bouzouki, Antoine Péran à la flûte traversière et Dylan James à la contrebasse.

Véronique Hotte

Musiques du Monde. Festival de l’Imaginaire à Poullaouen (Finistère), le 1 er novembre.

Théâtre des Minuits, La Neuville-sur-Essonne, (Esssonne) le 10 novembre.

Théâtre Claude Lévi-Strauss, Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Paris (VII ème), les 15, 16 et 17 novembre.

 


Archive pour 3 novembre, 2019

Un vrai cowboy de Marilia Samper Torres, mise en scène d’Hélène Gkassouka

Un vrai cowboy de Marilia Samper Torres, traduction en grec de Maria Chatziemmanouil, mise en scène d’Hélène Gkassouka

 
_ELG7640 - copieAprès l’enterrement de la mère, le père et la fille rentrent à la maison mais rien n’est comme avant… Le vieux père malade est perdu dans les souvenirs de sa vie conjugale et la fille, d’ âge mûr mais encore célibataire, ne peut pas organiser son avenir et mécontente de la situation,  se sent condamnée à s’occuper de lui. Bref une relation en crise! Et la communication entre eux s’avère difficile. Lui se sent seul, sa femme lui manque et la compagnie de la télévision est une maigre consolation. Il refuse de manger, dort sur sa chaise et se montre incapable de faire ses besoins.

En attendant la visite de sa fille, il se plonge dans ses pensées et évoque des moments agréables. Il a des visions: un cowboy, John Wayne, lui rend visite et ils discutent comme de bons et  vieux amis. Le cowboy incarne l’homme idéal de la jeunesse, vaillant devant le danger, à  la volonté de fer: un idéaliste sans concessions. C’est aussi et et surtout un grand admirateur et séducteur de femmes. Cette rencontre  adoucit les derniers jours du père qui souffre de la disparition de sa épouse.

La dramaturge brésilienne, quarante-cinq ans est pleine de tendresse et de mélancolie pour ses personnages et met ici en valeur le manque de communication entre les gens. L’individu souffre aujourd’hui de tous ses efforts pour avoir une situation qui en vaille la peine. Mais il y a le mépris de l’autre, de celui qui aurait pu être son associé, son collaborateur, son partenaire. Dans cette pièce  écrite en 2006, Marilia Samper Torres  traite de l’utile et l’agréable de la vie quotidienne et ses personnages sont plus des symboles et des êtres enfermés dans un huis-clos étouffant et mortel.

Hélène Gkassouka a su créer un spectacle émouvant entre comique et drame sans alourdir la pièce dont elle souligne le caractère métaphysique en insistant sur  son optimisme. Yannis Fertis (le Père) montre toute  la fatigue et la déception de ce personnage qui cherche l’espoir dans ses rêves. Ioanna Mavrea  joue une fille dure qui dissimule sa faiblesse. Dans le rôle de John Wayne, Vassilis Mavrogeorgiou est un personnage plein de gaieté qui met en valeur la signification du cowboy dans la vie du Père.
 
Nektarios-Georgios Konstantinidis
 
Théâtre  Mikro Chorn, 10 rue Amérikis, Athènes. T. : 0030 2118005141

Body and Soul, chorégraphie de Crystal Pite

Body and Soul, chorégraphie de Crystal Pite

body-and-soulAprès l’énorme succès de The Seasons’Canon à l’Opéra de Paris en 2016, (voir Le Théâtre du blog), la chorégraphe canadienne y crée une seconde pièce où elle distribue aussi l’ensemble du corps de ballet, privilégiant ainsi le collectif sur l’individuel. Ce spectacle en trois parties est rythmé par les compositions d’Owen Belton qui a collaboré plusieurs fois avec la chorégraphe et par des musiques additionnelles de Frédéric Chopin et Teddy Geiger.

Le premier mouvement en trente minutes, reste le plus novateur avec des variations chorégraphiques autour d’un texte, dit en voix off par Marina Hands, définissant l’espace et les mouvements de Figure 1 et Figure 2  (François Alu et Aurélien Houette) remarquables dans le duo d’ouverture et qui suivent les paroles à la lettre. Puis tous les danseurs investissent le plateau et, à l’exception de Figure 1, reprennent en chœur les gestes de Figure 2. Suivent, en alternance, des duos avec l’étoile Ludmila Pagliero et la première danseuse Marion Barbeau, et des mouvements de groupes harmonieux, véritables vagues humaines. Un première partie, belle et surprenante, qui a le même pouvoir hypnotique que The Seasons’Canon.

Il y a quelques longueurs dans  la deuxième partie de vingt-sept minutes: sur le plateau nu de l’Opéra Garnier, suivent encore plusieurs duos au style néoclassique dont celui des étoiles Léonore Baulac et Hugo Marchand. Accompagné par la musique de Chopin, ces courtes séquences bénéficient d’un beau rétro-éclairage de Tom Visser qui signe la création-lumière. La troisième partie -dix-sept  minutes- en décalage par rapport aux précédentes, nous emmène dans une grotte dorée rappelant celle d’Alcandre, le magicien de L’Illusion Comique de Corneille ; en émerge un groupe d’insectes dansé par l’ensemble de la troupe et commandé par une sorte de Yéti aux longs poils (Takeru Coste).

Nancy Bryant a costumé les interprètes avec une combinaison noire recouvrant leur tête et a prolongé leurs bras avec deux prothèses. Cette tribu danse avec une esthétique sûre mais sans que l’on y trouve un véritable sens. Dans le livret-programme de Body and Soul, on découvre un texte de Jules Michelet écrit en 1858 à propos des insectes. «Vivant dans un monde de combat, l’insecte avait grand besoin de naître armé de toutes pièces.» Un combat, ici dénominateur commun de ce travail qui, selon la chorégraphe, engendre une tension vitale du corps. Très esthétique et même bien très dansé par le ballet de l‘Opéra, Body and Soul reste peu lisible à cause du manque de lien entre les trois parties… Dont nous sortons déçus car nous en attendions sans doute trop. Le public, lui, est resté fidèle à la chorégraphe et réserve chaque soir un beau succès à sa création.

Jean Couturier

Jusqu’à 23 novembre (en alternance), Opéra-Garnier, Place de l’Opéra, Paris (IX ème). T. :  08 92 89 90 90.

 

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