Linda Vista de Tracy Letts, mise en scène de Dominique Pitoiset

Linda Vista de Tracy Letts, texte français de Daniel Loayza, mise en scène de Dominique Pitoiset

© Cosimo Magliocca

© Cosimo Magliocca

L’auteur est célèbre aux Etats-Unis avec, notamment Un été à Osage County (la pièce, dit-on, la plus récompensée de l’histoire du théâtre américain) que Dominique Pitoiset avait aussi montée. Linda Vista, un quartier de San Diego, une ville de plus de trois millions d’habitants sur la Côte Ouest, près de la frontière mexicaine… On a droit en guise de préambule à  des images stéréotypées de villes et de plages où voitures et gens sont filmés en accéléré sur la musique bien connue de California Dreamin’.

Sur le grand plateau, une belle cuisine vide : Wheeler (Jan Hammenecker), un cinquantenaire mal dans sa peau et désabusé, a entamé un divorce depuis deux ans et emménage dans un nouvel appartement son ami (Jean-Luc Couchard) qui  essaye de l’aider…Wheeler aurait bien voulu devenir un artiste de renom mais il n’est que réparateur d’appareils photo dans une boutique où il doit subir la mauvaise humeur permanente de son patron. Il picole pas mal pour essayer -mais en vain- d’évacuer son mal-être. Un couple d’amis veut l’aider à retrouver une compagne mais Wheeler rencontre Jule une  belle jeune femme qui donne des cours de développement personnel… Très vite ils vont faire l’amour et vivre ensemble malgré la différence d’âge dont Wheeler se plaint sans arrêt. Minnie, une jeune voisine (Daphné Huynh) qui a rompu avec le futur père de son enfant et qui vit d’expédients, débarque à l’impromptu et lui demande de l’héberger. Et si, si c’est vrai… vous ne le croirez jamais, elle réussira à le séduire. Jusqu’au moment où Minnie partira rejoindre son ex. Wheeler essayera mais en vain bien entendu, de l’en dissuader et essaye de renouer avec son ancien amour qui l’enverra balader sans aucun état d’âme. Aussi inédit qu’incroyable non?

« C’est un homme, blanc, qui a fait des études, dit Dominique Pitoiset, il n’a pas vraiment vécu les Sixties, mais il en garde un souvenir idéalisé. Il s’en sert pour juger les temps actuels, souvent pour les condamner. Il a l’air de se trouver cool. Mais il n’a sans doute pas vu bouger certaines lignes. Et parmi elles, une ligne majeure : celle qui définit la place des femmes dans notre société. Celle, donc, qui fixe ou qui devrait fixer les rapports entre genres. Une ligne que Wheeler, à sa manière, franchit plus souvent qu’à son tour. »

Pourquoi pas? Mais Dominique Pitoiset est bien généreux avec cette pièce bavarde  aux nombreuses séquences souvent très conventionnelles, même si on sourit à quelques  répliques cinglantes et caustiques à la Sacha Guitry. Cette petite intrigue a un air de téléphoné et, à chaque fois, erreur évidente de mise en scène, les accessoiristes arrivent avec de nouveaux éléments de décor ou changent les parois de côté pour créer l’appartement de Wheeler, le magasin d’appareils photo, le bureau de Jule,  une salle de sport, un bar-karaoké… E cet incessant déménagement qui donne le tournis casse le rythme de dialogues déjà médiocres! Encore plus que ceux de Plus belle la vie

On a connu Dominique Pitoiset mieux inspiré et on se demande bien pourquoi il est allé chercher cette pièce de nouveau boulevard: deux heures et demi sans entracte pour dire quoi ? Pas grand-chose! Vieux procédé et cerise sur ce gros pudding, la scène finale se situe, comme la première, dans la boutique. Wheeler prend la défense d’une jeune collègue que son patron drague et il finira par se faire virer… Tout se passe comme si l’auteur ne savait pas trop comment finir sa piécette. Il s’en sort péniblement en essayant de coller à l’actualité des innombrables procès à la suite de l’affaire Weinstein…

Enfin seule consolation, la direction d’acteurs est, comme toujours chez Dominique Pitoiset,  absolument impeccable. Jan Hammenecker en permanence sur le plateau semble parfois loin de son personnage (et on le comprend !) mais mention spéciale à Daphné Huynh,  Sandrine Blancke et Nadia Fabrizio (Margaret, l’épouse du couple de vieux amis).  Et les nombreux éléments techniques : son, lumière, vidéo sont tous aussi très bien maîtrisés. Mais cela suffit-il à vous donner envie d’aller faire un tour à Sceaux ? Non, ma mère… Et vous avez sans doute vite compris que cette longue ballade nocturne à San Diego via Les Gémeaux, n’a rien de prioritaire…

Philippe du Vignal

Les Gémeaux/ Scène Nationale de Sceaux (Hauts-de-Seine), jusqu’au 1er décembre.

Théâtre de Liège (Belgique), du 4 au 12 décembre. MC2 : Grenoble (Isère), les 11 et 12  décembre. Espace des Arts/Scène nationale de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), les 19 et 20 décembre.

Théâtre Dijon-Bourgogne ( Côte-d’Or) du 8 au 11 janvier.

MAC de Créteil (Val-de-Marne), les 4 et 5 février. Anthéa Antipolis, Théâtre d’Antibes (Alpes-Maritimes), les 13 et 14 février.

 

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