La Conférence des objets, texte et mise en scène de Christine Montalbetti
La Conférence des objets, texte et mise en scène de Christine Montalbetti
L’aventure concerne quatre objets du quotidien dans un appartement dont la propriétaire est absente. Solitaires et un peu mis de côté, comme la boîte à couture de Claude Mathieu, le pèle-pommes d’Hervé Pierre, le parapluie de Pierre Louis-Calixte, l’amulette-œil de tigre de Bakary Sangaré et la lampe d’Anna Cervinka. Dire les choses, hors des préconçus, avec des mots sur la vie alentour et réhabiliter des objets méprisés par la société et la poésie. Une lampe avec un abat-jour en coton crocheté rouge, un parapluie dont le ciel et les nuages sont figurés sur l’étendue lisse entre des baleines raides, un pèle-pommes incongru et comique dont la perfection technique tient à des découvreurs d’Outre-Atlantique.
Il s’agit ainsi de trouver dans l’ouverture aux choses, une façon de se reconstruire soi-même, humblement : à chaque objet, s’attachent des sentiments particuliers. Le décrire ou de le faire parler consiste à élucider l’émotion et la tendresse qu’il procure à sa propriétaire et à nous aussi, spectateurs à l’écoute de l’inouï. Avec ici, humour et ironie. Les objets ou phénomènes naturels comme la pierre, la pluie ou des choses fabriquées comme une peleuse de pommes, une boîte à couture, une lampe sont triviales, symboliquement neutres mais décrites à partir d’elles-mêmes et non du point de vue de celui qui les possède.
Pour Christine Montalbetti, cette pièce tient d’une fantaisie où on éprouverait «l’enthousiasmante matérialité du monde», une notion déjà évoquée dans un roman précédent, La Vie est faite de toutes ces petites choses. Rendez-vous donc est pris avec la vie : notre présence au monde et le métier d’exister, à travers une réunion d’objets, une assemblée générale politique facétieuse dans un appartement où on parle de leur condition et de l’état de la société. Insatisfactions, frustrations… Le parapluie aurait voulu être un simple cerf-volant fuyant vers un ciel libre, et la boîte à couture, une vraie boîte de peintures.
Les acteurs, malicieux et légèrement distants mais à fleur de peau, jouent leur partition dans une symphonie concertante. La sagesse onirique de Claude Mathieu, le comique retenu d’Hervé Pierre, la verve inspirée de Bakary Sangaré, la souplesse nonchalante de Pierre Louis-Calixte et la mélancolie posée d’Anna Cervinka. Ni vu ni connu, ils mettent à sac mais avec tact, la maison intérieure…
Véronique Hotte
Studio-Théâtre de la Comédie-Française, Galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris (I er), jusqu’au 5 janvier. T. : 01 44 58 98 54.
Le texte est édité chez P.O.L.