Cuckoo, un spectacle de Jaha Koo, (en coréen, surtitré en français)

Festival d’Automne à Paris

Cuckoo de Jaha Koo (en coréen, surtitré en français)

© Radovan Dranga

© Radovan Dranga

Un agréable parfum de cuisine se répand dans le théâtre tandis que trois cuiseurs à riz (en coréen : cuckoo) aux formes ultra-contemporaines, oblongs, métallisés et munis de cadrans interactifs,  à la pointe de la technologie du bonheur ménager en Corée du Sud, trônent sur une table. Sur l’ écran en fond de scène, un tout autre contexte, celui de la crise financière de 1997. Les conditions léonines imposées au pays par le FMI, en contrepartie du «sauvetage» de l’économie, le sentiment d’humiliation nationale, les milliers d’emplois supprimés et l’endettement colossal supporté par toute la population, jettent les manifestants dans la rue. Réprimés avec une violence inouïe – dont nos sociétés occidentales sont tout de même peu coutumières – ces affrontements se poursuivent tout au long de la décennie. Les suicides (un, toutes les trente-sept minutes !) accompagnent la destruction des emplois et le mépris des travailleurs.

Le jeune homme qui entre alors sur le plateau, est  né en 1997, l’année du début de cette crise, raconte l’histoire de son pays sur ces vingt dernières années. Qui s’entrelace avec la sienne, celle d’une génération sous pression, soumise à une  grave crise économique et qui a, pour seul horizon, le travail et la réussite financière. Sa recherche artistique vers une création «post-humaine» (il fait parler ses cuiseurs de riz grâce à quelques astuces technologiques), est la deuxième partie de la trilogie Hamartia qu’il consacre à des conférences-performances. Son objectif : réaliser des spectacles à partir de son vécu, de ses opinions, de documents et de matériaux, qu’il laisse  dialoguer pour construire ce qu’il appelle « un petit théâtre ». Jaha Koo travaille ainsi à créer un monde, en équilibre entre informations et récit de vie. Il réussit, par exemple, à relier les décisions gouvernementales et le sort d’un homme d’entretien dans le métro, avec de simples informations techniques, glaçantes, sur les horaires de travail.

De façon plus personnelle, il engage une relation avec ces cuiseurs auxquels il a donné un prénom et qui lui tiennent compagnie, métaphore possible d’une société réduite à  l »ultra-moderne solitude » et soutenue par une  technologie de pointe. La modestie du dispositif par rapport  au caractère macro-économique du sujet, à l’hyper-violence des images et au confort domestique offert par ces cuiseurs de riz, crée une obligation pour le public : choisir son niveau de réception. De l’humour, à l’horreur. Mais la pauvreté du dialogue n’est vraiment pas à la hauteur du drame social et politique évoqué par Jaha Koo. Son récit passionne plus que ces cuiseurs peinant à sortir de leur statut de gadget… La confrontation puissante, entre images et récit, laisse peu de place aux onomatopées cocasses de ces semi-robots. Heureusement, une dernière scène, plus forte, accapare l’acteur : le riz, une fois cuit, sert à l’édification d’un immeuble-miniature sur la table. Surmonté d’une figurine humaine qui tremble, puis tombe dans le vide. Tout est dit.

Marie-Agnès Sevestre

Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, Paris (XI ème), jusqu’au 13 décembre  T. : 01 43 57 42 14.

 

 

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