Le Fils de Florian Zeller,mise en scène de Vaggelis Théodoropoulos
Le Fils de Florian Zeller, traduction de Koralia Sotiriadou, mise en scène de Vaggelis Théodoropoulos
L’auteur français contemporain clôt une trilogie commencée avec La Mère puis Le Père…des pièces qui se font écho et mettent en évidence les rapports entre les êtres dans ce qu’ils ont de plus tragique, mais avec une approche différente. Le Fils renoue avec la réalité la plus immédiate, celle de la cellule familiale aujourd’hui souvent brisée par la séparation du couple. Nicolas, l’enfant de Pierre et d’Anne, ballotté, n’accepte pas les arrangements des adultes. D’un univers conjugal à l’autre, il peut se décomposer ou se réinventer. Là, les versions contradictoires viennent moins du labyrinthe construit par l’auteur que des mensonges du personnage principal et des points de vue contraires des parents qui ont des certitudes à la surface des choses.
Il y a ici un autre angle… Dans un chant désespéré à la jeunesse, plus que dans la traduction d’une planète mentale où c’est au spectateur à établir la vérité. Ici, la détresse d’un adolescent le conduit au suicide et l’auteur parle de la complexité des relations entre parents et enfants à un niveau diachronique. «C’est la vie qui me pèse» avoue Nicolas à son père dès la deuxième scène où apparaissent les premiers signes inquiétants de sa maladie. Le dialogue entre eux montre les cicatrices du passé et le vrai problème pour lui n’est pas le divorce de ses parents. Mais ni chez son père maintenant remarié avec Sofia avec qui il a eu un enfant, ni chez sa mère qui vit seule, Nicolas ne trouve un endroit paisible.
La communication est impossible et ses parents refusent d’accepter que leur fils est malade et que sa vie est en danger. Nicolas crie à sa mère: «Parfois, j’ai l’impression que je ne suis pas fait pour vivre. Je n’y arrive pas. Pourtant, j’essaie, tous les jours, de toutes mes forces, mais je n’y arrive pas. Je souffre en permanence. Et je suis fatigué. Je suis fatigué de souffrir.» Florian Zeller constate avec amertume que l’amour ne suffit pas; et pour lui, seul compte un thème éternel: «Quel est le sens de la vie? »
Vaggelis Théodoropoulos évite le mélo, renforce le réalisme poétique de la pièce, en faisant monter l’émotion. Le public se sent donc concerné et les comédiens sont remarquables: Lazaros Georgakopoulos souligne le sentiment de culpabilité qui tourmente Pierre. Le jeune et talentueux Dimitris Kitsos incarne bien un Nicolas malade. Despina Kourti (Anne) et Anna Kalaïtzidou (Sofia) excellent aussi dans leurs personnages. Un spectacle bouleversant à ne pas manquer !
Nektarios-Georgios Konstantinidis
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