Féministe pour homme, de et par Noémie de Lattre
Féministe pour homme, de et par Noémie de Lattre
Ce n’est même plus un débat. Oui, on peut être féministe et en porte-jarretelles. Dans un modeste castelet pour effeuillage burlesque, l’actrice donne avec gourmandise et à vue, avec son corps de jolie femme normale, ce que le public est en droit d’attendre (mais pas plus) en fait de paillettes révélées pas à pas et de trucs en plumes. Et aussi ce qu’il n’attend pas forcément, malgré le titre ambigu du spectacle. Féministe : oui, et de plus en plus au fil du spectacle.
Au point de ne pouvoir finir : « ça, dit-elle, pourrait durer huit heures » tant il reste de choses à dire sur les inégalités, injustices du patriarcat et domination masculine. Surtout : tant il reste de préjugés, ignorances, automatismes à déconstruire dans la tête des hommes. Pour homme(s) : oui aussi et pas seulement pour les yeux, l’intelligence et le cœur étant très vite sollicités.
Ce soir-là, le joli petite salle au velours rouge de la Pépinière-Opéra, malgré les difficultés de transports, était bien rempli : deux tiers de femmes/ un tiers d’hommes. D’un côté, complicité immédiate avec l’actrice et degré presque égal de conscience et de savoirs sur le sujet brûlant les planches et rire partagé. Et du côté hommes, rire de la découverte et chez certains silence et étonnement. Et un constat : oui, il existe des garçons féministes, informés et conscients, et libres avec ça.
On ne demandera pas à la comédienne au c.v long comme ça, une écriture poétique. Elle défend autre chose, la liberté du «stand-up», la capacité à saisir au vol les réactions du public et elle a un propos fort qui la tient jusqu’à l’émotion finale devant l’ampleur de la tâche : la question du genre, le travail sur la langue, la vision d’une médecine masculine sur le corps des femmes…
En attendant, elle a libéré la fesse de toute soumission. La colère fait serrer les fameuses fesses, ça donne du galbe, c’est toujours ça de gagné. Sexy, quand je veux et si je veux, pour le plaisir féminin, qu’elle célèbre avec une chaude érudition. Culottée et déculottée (on ne pouvait éviter la blague), elle met les choses au point : non, la lutte pour les droits des femmes, pour l’égalité et la justice n’est pas la guerre et les hommes ont tout à gagner à se défaire des fantasmes imposés d’une masculinité réductrice et coincée. C.Q.F.D. : le titre ne ment pas.
Une soirée qui s’annonçait sans (assez de) prétention mais qui se développe avec une originalité certaine et surtout une authenticité qui emmène la/le spectatrice/spectateur.
Christine Friedel
Pépinière Opéra, 7 rue Louis-le-Grand, Paris (II ème). T . : 01 42 61 44 16. Attention le spectacle se joue seulement, les dimanches à 19 h et les lundis à 20h. T. : 01 42 61 44 16.
Un Homme sur deux est une femme, et En String et en colère de Noémie de Lattre, éditions Flammarion.