Britney’s Dream, tragi-comédie fantastique (en franglais), de et avec Alexandra Flandrin.

Britney’s Dream, tragi-comédie fantastique (en franglais), de et avec Alexandra Flandrin.

 

Crédit photo : Marie Charbonnier

Crédit photo : Marie Charbonnier

Cette actrice bilingue, franco-américaine a entrepris, après mûre réflexion et beaucoup de travail, un voyage identitaire au pays des illusions: formule stéréotypée qu’elle fait sienne après l’avoir bien analysée.Après avoir vu un documentaire sur Britney Spears, la pop star au masque idéal, elle transforme le pseudo-conte de cette chanteuse, image sublimée de l’Amérique actuelle et la situe à l’extrême opposé du pays décrit par Donald Trump. Facétieuse, elle cite David Lynch avec pertinence: «Le monde contemporain n’est peut-être pas exactement l’endroit le plus brillant où l’on puisse rêver de vivre. C’est une espèce d’étrange carnaval. Où il y a pas mal de douleur mais qui peut-être assez drôle aussi. »

Sur scène, un rideau léger de strass doré sépare le plateau des coulisses, avec, sur un portant, les atours sexy que la comédienne va revêtir. Au centre, une chapelle miniature en bois du culte évangéliste rappelant celle de la ville de Louisiane. Quand la mère de Britney Spears projetait ses fantasmes de réussite sociale, alors que la fillette, trop jeune, acquiesçait à tout. Elle devient animatrice au Mickey Mouse Club avec  fans bruyants, rires enregistrés et vagues d’applaudissements quand elle porte les oreilles de Minnie Mouse. Puis, les drugstores d’Hollywood Boulevard, jusqu’à  des séjours dans un hôpital psychiatrique, avant que Britney Spears ne préside  la  Britney Depression Fondation Organisation. L’«american way of life»? D’abord, le culte de l’individualisme et, en guise de bonheur, l’obligation d’être en bonne santé, performante, belle … et drôle. Mais on le sait, cette recherche vaine et obsessionnelle de perfection génère angoisse toxique, faux-semblants et sentiment de non-appartenance à l’existence…

Une icône tendue entre sublime et grotesque… Une ambivalence politique, éthique et esthétique dont se saisit Alexandra Flandrin pour composer un masque théâtral équivoque, une enveloppe vide, froissée à plaisir pour que puisse se révéler enfin l’identité perdue de l’héroïne. Ce qui l’a conduit à la dépression, aux drogues prises par le monde médiatique et pour finir, à la folie. La fiancée américaine idéale, adulée outre-Atlantique, ne parvient pas à se reconstruire ou du moins  à se trouver… Devenue un monstre à facettes fabriqué et manipulé,  sans aucune authenticité.

La Lolita du Mickey Mouse Club,  est devenue superwoman à la tête rasée, rompant avec l’image d’une princesse à la chevelure blonde stéréotypée. Une tragi-comédie musicale fantastique. De la jeune fille innocente, mince, blanche et souriante, elle passe à l’incarnation d’un monstre: le reflet d’une société en crise, fragile, complexe et très malade où nul ne peut contrôler ses propres dérives. L’interprète explore deux cultures, à travers les langues française et américaine, en les rapprochant. Entre rêve et réalité, Las Vegas ou Paris, entre grotesque et sublime, sentiment de puissance et dépression :« Tout le monde thought que j’étais heureuse to be Britney sauf moi. Me. If there was one person on earth who hated me the most, c’était bien moi. C’était bien moi, si il y avait une personne sur terre qui me haïssait, it was me…But, les années ont passé, et le more j’étais célèbre, the happier she was, et the more je me détestais. Jusqu’au one day, when I was in my twenties, je ne sais pas pourquoi, I became ok with it (…)

La comédienne sexy s’amuse et amuse le public, distante et ironique: « Bon, okay, je sais qu’on n’est pas à Las Vegas, capitale du divertissement ! Mais je suis quand même une fucking intertainer ! » Une performance audacieuse où elle n’hésite pas à bousculer les codes avec dérision, dans ce divertissement à l’américaine avec danses équivoques et évocations de super-héros comme James Bond, Wonder Woman, Minnie Mouse, Barbarella… Avec des perruques en cheveux synthétiques, des jouets et revolvers en plastique, et des poupées Barbie … Gaieté des adresses au public et résonance des chansons, danses provocantes, vidéos/karaoké : Alexandra Flandrin fait tout pour que nous soyons un peu bousculés, loin de nos convictions intimes. Comme cette manipulation de la femme à des seules fins commerciales…

Alexandra Flandrin, facétieuse et bien consciente des travers de son temps, creuse avec méthode, le thème de la fragilité. Celle d’une femme perdue dans le rêve américain… pour elle devenu un cauchemar. Performeuse convaincante et sincère, elle fait ici le portrait contrasté d’une figure emblématique du divertissement aux Etats-Unis, avec un bel humour et une passion ludique des changements de costume à vue.

 Véronique Hotte

La Flèche Théâtre, 75 rue de Charonne Paris (XI ème). T. : 01 40 09 70 40.

Alexandra Flandrin pour les paroles et David Georgelin pour la musique, ont réalisé Army of Britney’s , un album de chansons pop

 

 

 

 

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