Livres et revues

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Frictions : hors série vingt ans

648C1D11-38FE-4EB3-B944-8B33250746D3Vingt ans d’existence… Rare voire très rare pour une revue surtout quand  on parle de mises en scène ou  théorie,  et qu’on publie aussi des textes théâtraux. Le tout de façon impertinente, c’est à dire en y regardant de plus près:  tout à fait pertinente. Et avec de petits cahiers de photos sans titre et d’une belle qualité plastique. En relation avec les textes? Non pas du tout mais finalement si, même si c’est de façon, disons souterraine… Et cela, pourrait-on dire, constitue aussi la signature de cette revue dirigée par Jean-Pierre Han… Discrète mais présente partout; chaque numéro est tiré à trois cent exemplaires et les abonnés en gardent jalousement la collection entière… quand ils ne s’en font pas comme nous, en emprunter sans espoir de retour un numéro convoité… .

  «En deux décennies, dit Jean- Pierre Han, quel tableau s’impose à nos yeux ? Est-ce l’inventaire du travail théâtral de ces années auquel mes textes donnés ci-après font écho ? Peut-être s’agit-il simplement de poursuivre le combat. »  Des phrases qui font écho  au premier de l’ensemble de trente éditos rassemblés ici dans ce numéro hors série : «Ni journal, ni magazine, Frictions se situe délibérément dans la mouvance des revues de réflexion. Elle entend réinstaurer le débat, depuis si longtemps disparu dans le monde du théâtre, sans craindre la polémique, mais sans la rechercher artificiellement. » (…) Le fonction de l’art est de prendre parti ; Frictions prendra parti pour une certaine idée du théâtre. »

Et ce n’est sans doute pas un hasard si le numéro s’ouvre sur la photo de deux yeux ouverts puis de deux yeux fermés, suivi quelques pages plus loin de celles d’un manège d’une vingtaine d’autos-tamponneuses soigneusement alignées… mais prêtes à l’action. Une belle métaphore de l’exercice  pratiqué au quotidien par la petite tribu de la critique théâtrale. Il y a comme cela rassemblés ici trente et un éditos où son auteur  fait le point et avec la plus grande lucidité sur la situation du paysage théâtral dix ans après la création de Frictions. Non sans moult raisons mais parfois avec un certain pessimisme. Mais qu’il se rassure, s’impose la grande qualité des textes, notamment ceux de Marie-José Mondzain, d’Eugène Durif mais aussi de la maquette signée Jean-Michel Diaz, et des illustrations. Et numéro après numéro, la revue offre un éclairage précis, lucide et sans complaisance aucune sur la scène contemporaine et bien entendu, sur ses dérives actuelles… Jean-Pierre Han s’est toujours refusé à une facilité : constituer des dossiers qui sont toujours « vendeurs ».
C’est sans doute aussi le prix à payer pour rester indépendant et donc à la seule merci de ses lecteurs qu’ils soient abonnés ou non.  On souhaite longue vie à Frictions : les revues qui dépendent  ni de grandes ou de petites institutions se font rares. Mais on ne dira jamais assez que c’est un indispensable outil de réflexion…

Philippe du Vignal

Rédaction, abonnement : 27 rue Bannier, 75014 Paris. T. : 01 45 43 48 95. frictions@revue-frictions.net www.revue-frictions.net

 

092A1D91-F947-4A3D-B380-8131B8396147Les Mémoires des Géants Royal de Luxe s’invite chez les spectateurs de Hee-Kyung Lee

Le Royal de la fameuse compagnie de théâtre dit de rue a une longue histoire…nous lui avions offert des habits 1900quand elle fut  fondée en 1979 par Jean-Luc Courcoult, Véronique Loève et Didier Gallot-Lavallée, alors encore notre élève aux Beaux-Arts d’Orléans et basée à Nantes dix ans plus tard. On se souvient entre autres de  Parfum d’Amnésium-Roman photo tournage,  1985. Puis sans doute le plus connu,  La véritable Histoire de France, créé en Avignon devant le Palais des papes en 1990, Le Tréteau des ménestrels : Soldes ! Deux spectacles pour le prix d’un,  (2003)  et cette parodie de western assez réussie Rue de la Chute qui fit les beaux-jours du festival d’Aurillac en 2012. Mais aussi devenus célèbres, les Géants à Nantes avec, entre autres: Le Grand Géant en 93, La Grande Girafe en 2000, Le Géant en colère en 2007
Hee-Kyung Lee, une sociologue coréenne vit en France et est passionnée par les arts de la rue. Au Havre où le premier de ces Géants a été montré au public, elle a rencontré en particulier des résidents de la ville haute, quartiers plus populaires que ceux de la ville d’en bas et elle a recueilli leurs témoignages. C’est souvent brut de décoffrage, écrit au fil de l’ordinateur et aurait mérité d’être plus resserré mais comme il est rare de connaître l’appréciation des habitants des villes où Royal de Luxe est passé, on ne va pas faire la fine bouche…

Plus intéressant:  toutes les lettres adressées à la fameuse compagnie et venue parfois de l’étranger. Les spectateurs ont vécu différemment cette rencontre mais cela a été un moment important de leur vie et ils le disent souvent de façon très émouvante. « On trouve, dit l’auteure,  une équation entre la structure du spectacle et la manière dont cette saga se monte, se déroule et les caractéristiques de sa réception.”  Et Hee-Kyung Lee analyse finement les éléments communs qui permettent à Royal de Luxe d’agir comme une sorte de conteur  et de faire se rencontrer les Géants qui ne font pas grand chose avec les habitants de la ville où cela se passe.. Et ils sont très présents, comme cette fourchette surdimensionnée plantée dans une voiture…

Et l’auteure a raison d’insister sur la « sublime technicité » grâce à laquelle ces Géants peuvent se déplacer et sur la grande qualité des images ainsi produites : la marque de fabrique des spectacles de Royal de Luxe dont les spectacles sont autant de sculptures très réussies: on insiste rarement là-dessus. Et il y a une remarquable post-face de Jean-Pierre Marcos,  le président d’Artcena, le Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre. Que demande le peuple ?
Un livre un peu cher! mais qui complète utilement les nombreux articles et publications consacrées à Royal de Luxe devenue LA compagnie emblématique du théâtre de rue français, grâce notamment à ceux qui lui ont fait confiance dont Jean Digne, à l’époque directeur de l’opération Aix-en-Provence, ville ouverte aux saltimbanques.

Ph. du V.

Le livre est publié aux éditions de L’Harmattan. 236 pages. Prix : 24, 50 €.

  

 

 

 


Archive pour 27 décembre, 2019

Romanès Cirque Tzigane

Romanès Cirque Tzigane

Romanès Cirque TziganeUn joli petit chapiteau de dix mètres de hauteur à Paris. Alexandre Romanès, fils de Firmin Bouglione, vient d’une grande famille gitane. Lui et sa femme Délia ont, en 1994, fondé ce dernier cirque tzigane d’Europe. Il lance des coussins au public pour qu’il s’installe confortablement et annonce que le chapiteau est maintenant bien implanté mais que les habitants de ce quartier très bourgeois du XVI ème étaient contre leur installation, il y a quelques années… Six femmes et une petite fille, en longues et belles robes multicolores, chantent et dansent, accompagnées dans leur numéro par quatre musiciens… D’abord des acrobates aux cerceaux, trois, au ballon et un, au hula hoop. Puis l’un d’eux réalise un poirier sur un tabouret et il y a entre autres, une danse à trois balles, une autre avec un cerceau, une corde volante, un jonglage ironique à trois balles, un grand écart sur les mains, une montée sur cordes,

Mais il y a aussi un chat au trapèze, un antipodiste, une jonglerie avec des quilles, et une danse de l’éventail. A la fin, Alexandre Romanès qui dirige l’ensemble, réalise un numéro avec un adorable petit chien. Ne ratez pas ce spectacle à la fois rigoureux et plein de vitalité…

Edith Rappoport

Spectacle joué les week-ends et pendant les vacances scolaires, Square Parodi, 1 boulevard de l’Amiral Bruix, Paris (XVI ème). Métro: Porte Maillot.  T. :  01 40 09 24 20

A lire: d’Alexandre Romanès, Les Corbeaux sont les gitans du ciel et Le Luth noir, un livre remarquable plein de vie et d’humour, éditions de l’Archipel.

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