L’Épaule de Dieu de François Marchasson,mise en scène d’Hervé Van der Meulen
L’Épaule de Dieu de François Marchasson, mise en scène d’Hervé Van der Meulen
Les routes sont mauvaises, parfois : personne, trop de silence. Au bord de celle-ci, dans un espace indéterminé : hôtel, hôpital sans murs ni soignants, hall d’attente, limbes… deux hommes se rencontrent. L’un semble avoir un peu d’avance sur le second et, courtoisement, autour d’un verre, l’informe sur ce qui l’attend, dans un premier temps. Une cure de dépouillement total : il égrène tout ce qu’il lui faudra abandonner, en échange de rien.
L’autre se défend, proteste et lutte ferme. Mourir ou ne pas mourir, là est la question et apercevoir l’épaule de Dieu, ce n’est pas encore le voir tout entier. Bon, l’écriture raffinée, intelligente de François Marchasson tourne habilement autour du pot (on vous laisse deviner la fin) où on finit par tomber. L’auteur lui-même et Patrick Paroux sont délectables et mettent au service de ce texte l’humour froid, une longue expérience et le plaisir de jouer. Et on appréciera autant la mise en scène délicate de leur fidèle complice à l’école du Studio d’Asnières.
On aurait tout pour être heureux devant ce qui relève du « théâtre de l’absurde », s’il n’y avait pas un peu trop de mots, ce qui met à mal le mystère si bien construit. Mais on salue l’élégance de cette méditation sans pathos, bien aiguisée, sur le difficile passage entre la vie et la mort. On aurait tort de trouver le plat trop compliqué : la gastronomie française à l’ancienne a vraiment du bon et mérite ses étoiles.
Christine Friedel
Théâtre de l’Atalante, 10 place Charles Dullin, Paris (XVIII ème) jusqu’au 27 janvier. T. :01 42 23 17 29.