Les Fausses Confidences, mise en scène de Fotis Makris

Les Fausses Confidences de Marivaux, traduction en grec d’Andreas Staikos, mise en scène de Fotis Makris

79529952_10218576875827703_7029593318623281152_o - copieCette comédie créée par les Comédiens-Italien en 1737 est une pièce de maturité: Marivaux a  quarante-neuf ans et son écriture dramatique a  évolué. Peut-être moins brillante mais plus psychologique. Les personnages sont parfois distraits et ici, l’inconscient affleure souvent. Comme dans tout son théâtre, l’amour et sa naissance sont trahis par des propos dont la signification échappe à celui qui les prononce et ne sont évidents que pour le spectateur.

Dans un premier temps, le personnage ignore qu’il est amoureux, triche avec lui-même, fuit la réalité de ses sentiments puis voit enfin clair en lui-même… La pièce peut alors s’achever par l’aveu, la déclaration et la mise au net. Marivaux raconte toujours un peu la même histoire, celle d’un amour inconscient mais lisible par le spectateur. Et les sentiments des personnages triomphent alors des obstacles, le plus souvent intérieurs.

Ici, Araminte doit accepter d’aimer au-dessous de sa condition  malgré les ambitions de sa mère qui rêve de la voir épouser un aristocrate et non un simple intendant désargenté. Marivaux oblige chacun à être au clair avec son propre désir amoureux qu’il place au-dessus des intérêts financiers… Il en fait une force vive grâce à laquelle cette veuve  arrive ici à être en harmonie avec elle-même et à exercer pleinement sa liberté de femme émancipée…. Dubois a beau être un valet machiavélique dont les motivations  restent en partie mystérieuses mais il aidera Araminte à accoucher de sa vérité.

Chez Marivaux, le personnage  a souvent peur de se découvrir désirant et craint de perdre la maîtrise de soi. Plus son désir est puissant, plus il le plonge dans un chaos qui menace son identité. Et la surprise et la naissance de l’amour, telles que Marivaux les met en scène, restent d’actualité, quelque siècles après. Les sociétés changent, et avec elles, les préjugés et les relations entre hommes et femmes mais le désir, quelle que soit l’époque, est toujours une  révolution intérieure et l’amour, une  aventure où on se perd pour mieux se trouver.

Le grand dramaturge du XVIII ème siècle décrit mieux que personne ce branle-bas dans  l’inconscient que nos paroles révèlent, en échappant à notre propre intelligence. Et c’est sur cette notion de lapsus, bien avant que Freud ne le théorise,  que repose souvent le comique délicat de Marivaux. Mais Fotis Makris n’arrive pas à en saisir l’esprit fondé sur les sous-entendus… Il crée une sorte de méta-texte et a tendance à commenter presque chaque réplique. Dans cette version de la pièce, qu’il voudrait contemporaine, une gestualité excessive « explique » le texte, des musiques diverses interrompent l’action et visent à illustrer ce que l’écrivain veut cacher. Cela se passe dans un salon actuel où domine la couleur rose: un écran  de télévision  diffuse à des moments précis, des extraits de documentaires sur la reproduction de reptiles, une émission de gymnastique et des instants d’un film pornographique! En fait, ces associations d’idées superficielles ont pour seul but d’épater ou provoquer, avec toujours une tendance à commenter… Le jeu expressif des comédiens expressif complète la parole dans ce spectacle mais cette recherche expérimentale sur le texte ne fonctionne pas. Il faut signaler le travail du dramaturge Andréas Staikos qui a réussi à bien traduire en grec l’esprit même du marivaudage.

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Studio Mavromichali, 134 rue Mavromichali, Athènes. T. : 0030 210 64 53 330.

 

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