La très bouleversante confession de l’homme d’après Emmanuel Adely, mise mise en scène Clément Bertani et Edouard Bonnet
La très bouleversante confession de l’homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté, d’après le roman d’Emmanuel Adely, mise en scène Clément Bertani et Edouard Bonnet
Il y a cinq ans le magazine Esquire publiait l’interview d’un ancien soldat qui, sous couvert d’anonymat, reconnaissait avoir abattu «le plus grand ennemi de l’histoire des États-Unis d’Amérique et du monde libre ». Une opération menée par vingt-trois guerriers des temps modernes surentraînés, gavés dès leur naissance à la pop culture et aux jeux vidéo, que met en scène aujourd’hui le collectif NightShot. Avec la traque de la star n° 1 du Mal. L’histoire commence par l’effondrement des tours à New York. Elle se poursuit par la traque pendant dix ans du commanditaire de cet acte terroriste, puis par son assassinat au Pakistan. Un vrai succès et une revanche pour les Américains. Quelques temps après, ce militaire, de retour au pays, mais contraint au silence, a quand même raconté sous anonymat comment il s’est retrouvé devant l’homme le plus recherché.
Etrange actualité de ce spectacle qui résonne du récent assassinat télécommandé d’un général iranien respecté, ce qui a déclenché aussitôt une haine irrépressible envers les Etats-Unis. Nous sommes sur une base militaire devant un rideau en lamé qui s’ouvre par instants et où sont projetés des extraits d’images et films de guerre. «La famille, c’est la base, pour un vrai Américain! » Ils s’asseyent tous les six à table avec des drapeaux de leur pays, évoquent le désert afghan, jouent au ballon, attendent «la nation rouge Satan», évoquent «vingt-trois mecs qui aiment l’action. 60 000 dollars par an avec des prunes! » (…) «Il s’est fait arracher les couilles, c’est de la bombe, cette mission! Frères de combat, se branler ou pas. Ils ont choisi le bien pour sauver le monde libre! » Ils s’exercent à tuer. « Obama doit dormir, il doit se réveiller. » La torture pour extorquer des aveux, nom de code de l’opération:Trident de Neptune. Ils sortent leurs armes: «On te dit que c’est juste, faut former l’équipe qui va accomplir la mission pour libérer la planète. »
Les hélices décollent et le public est ébloui par les lumières : «En quinze minutes, ils sont à la frontière entre Afghanistan et Pakistan, tous les gens s’achètent avec des dollars ! Tu es le maître de la vie et de la mort !» Sur l’écran, on voit une planisphère. «On veut niquer le monde ensemble, cette histoire va nous rapporter du fric.» Issu du Théâtre Universitaire et du Centre Dramatique National de Tours, le dynamique collectif Nightshot avec Clément et Pauline Bertani, Brice Carrois, Juliette Chaigneau, Laure Coignard, Julien Testard, Mikaël Tessié, a une démarche originale et fait preuve d’une grande maîtrise technique. Bref, un spectacle qui, sur ce thème de la guerre menée à distance par une nation toute puissante, fascine à juste titre, le public.
Edith Rappoport
Le Monfort Théâtre, 106 rue Brancion, Paris (XV ème) jusqu’au 18 janvier. T. : 01 56 08 33 88.