Falaise mise en scène de Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias, dramaturgie de Barbara Métais-Chastanier

 

Falaise mise en scène de Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias, dramaturgie de Barbara Métais-Chastanier

 

© Francois Passerini

© Francois Passerini

Après Bestias et , la compagnie Baro d’evel, mêle danse, acrobatie et musique dans cette épopée vertigineuse où se rencontrent huit humains, un cheval et des pigeons, au pied de hautes et sombres murailles, truffées de failles, qui vont petit à petit se lézarder puis se fracturer. On embarque pour une heure quarante mouvementée.

Jouant comme d’habitude sur le noir et blanc, la compagnie fait  appel,  pour la première fois, au scénographe Luc Castells. « Il n’y a pas, précise Camille Decourtye, d’agrès autre qu’un décor à plusieurs étages,  et des accroches qui nous permettent d’évoluer. »

Une étrange tribu surgit : cinq circassiens (dont les metteurs en scène), deux danseurs et un acteur-performeur de danse urbaine… venus d’on ne sait où. Que font-il là et où vont-ils ? Les murs accouchent de corps ou les aspirent. Une mariée avec son bouquet apporte une touche de blanc parmi ces personnages de noir vêtus. L’humanité s’agite, des conflits divisent le groupe, des individus isolés tentent de rejoindre leurs semblables, un mariage s’esquisse mais le couple part en morceaux, comme les murs… Un cortège funèbre s’avance : c’est pour de rire…

Devant cet univers tragique, on pense à la réplique inaugurale de Fin de partie : « Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. Les grains s’ajoutent aux grains, un à un et un jour, soudain, c’est un tas, un petit tas, l’impossible tas.» Et,  comme chez Samuel Beckett, il y a ici du clownesque et des saynètes comiques  viennent épicer la pièce.  « Je suis, pour ma part, dit Blaï Mateu Trias, fils de clown et catalan. Même si on s’attaque ici à des thèmes un peu dramatiques, pour autant l’absurde et l’humour sont toujours là. On travaille sur le clown et les animaux amènent à l’inattendu, à l’hésitation, au quiproquo, tout ce qui permet des bouleversements dans des scènes. »

 Au milieu de cette agitation permanente, des pigeons blancs traversent le plateau, volètent de ci de là. Et apportant la lumière dans cette noirceur, un cheval passe et repasse, ange immaculé dans ce monde qui tombe en ruine… Hommes et bêtes vont bientôt s’apprivoiser, les volatiles, symboles de paix, picoreront sur les épaules des artistes. Le cheval amical et facétieux fera quelques pas de danse avec Camille Decourtye. Venue d’un milieu équestre, cette voltigeuse choisit dès 2004, d’intégrer le cheval dans les projets de la compagnie, puis d’autres animaux : «On vit avec eux des moments incroyables, parce qu’on est tous dans le présent, eux, nous et les spectateurs. »

Dans ce spectacle dense et très écrit où l’acrobatie est chorégraphiée avec précision et où la musique éclate en fanfare, les animaux apportent un souffle de liberté et contribuent à créer de magnifiques  images.Dans quel monde sommes nous ? « plaçait un homme, une femme et un corbeau dans un espace neutre et blanc, dans du vide, dit Camille Decourtye. Mais dans Falaise, la société existe à travers les grands rituels de la vie : autour de la naissance, la mort, l’amour, le mariage, etc. et aussi la fêlure, l’effondrement… Comment dans cette cité en train de s’effondrer trouver la force de réinventer un futur ? »

Avec un vent d’optimisme, dans ce théâtre élégant, s’imbriquent travail du corps et de la voix, cirque, danse, transformation de l’espace et de la matière, spontanéité de l’animal… Pour trouver la pulsation qui relie les êtres vivants dans notre monde menacé. Un voyage sensoriel qu’il ne faut pas manquer.

 Mireille Davidovici

Jusqu’au 6 février, MC93 de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Les 10 et 11 mars, Espace Malraux, Scène Nationale de Chambéry (Savoie) ; les 17 et 18 mars, Bonlieu, Scène Nationale d’Annecy (Hatue-Savoie) ; d
u 23 au 30 avril, Théâtre de la Cité avec le Théâtre Garonne, Toulouse (Haute-Garonne.
Du 14 au 19 mai, Le Grand T, Nantes et du 27 au 29 mai, Théâtre de Lorient (Finistère).

 

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