Le Système de Ponzi de David Lescot, mise en scène de Michalis Sionas
Le Système de Ponzi de David Lescot, traduction en grec d’Ersi Vassilikioti, mise en scène de Michalis Sionas
On retrouve chez l’auteur un esprit d’utopie et de résistance. Il mêle rêve et réalité afin d’ouvrir au théâtre, le champ des possibles. Avec un esprit adapté au nouvel état de la planète, de l’Europe et au désenchantement du monde. Son écriture et son travail scénique comportent du théâtre mais aussi de la musique, de la danse et une matière documentaire. Cet opéra parlé, écrit en 2012, participe d’un récit épique où l’auteur crée un espace et une esthétique de la dislocation et du réagencement permanent, à l’image d’un monde-champignon qui se dresse, s’écroule et renaît sans relâche.
A partir d’une thématique de l’argent et du profit, l’écrivain veut provoquer notre conscience et, sans bavardage, transpose ici une question aigüe, celle de la valeur des choses. Dans un monde qui tourne selon les actions de la Bourse, nous réagissons comme des marionnettes manipulées par les capitalistes. L’Italien Charles Ponzi (1882-1949) émigra aux États-Unis au début du vingtième siècle et monta à Boston une monumentale escroquerie dont s’est ensuite inspiré Bernard Madoff… Fondée sur un principe simple: une structure pyramidale avec des intérêts versés aux épargnants ..mais prélevés sur les sommes placées par les souscripteurs suivants. Et, pour que les recettes couvrent ces intérêts, il faut évidemment une croissance permanente des souscriptions… Souvent condamnée et strictement interdite, cette pratique, très dangereuse, ne peut fonctionner très longtemps! Charles Ponzi garantissait aux investisseurs 50% d’intérêts en quatre-vingt dix jours! Une escroquerie devenue emblématique des fausses promesses de la Finance et dont la crise des «subprimes » est le plus récent écho.
Michalis Sionas a conçu une mise en scène minimaliste -ni musique ni danse- avec, pour seuls accessoires, deux téléphones, des billets de banque et des journaux. Il met en valeur les improvisations corporelles et le jeu des acteurs, excellents dans la narration. Dans une salle carrée, rien d’autre que des bancs. Au début, les personnages restent muets et immobiles. Par la suite, paroles et mouvements emplissent la scène et donnent vie aux aventures de Ponzi. Séquence après séquence, Diamantis Adamantidis (Ponzi), Tryfonia Aggelidou, Yannis Sampsalakis et Maria Hanou interprètent plus des trente personnages. Le metteur en scène privilégie un discours politique qui va du particulier, au général et nous nous sentons donc tous concernés. Un spectacle ne pas manquer !
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre 104, 41 rue Evmolpidon, Athènes. T. : 0030 34 55 020