Notre sang n’a pas l’odeur du jasmin, texte et mise en scène de Sarah Mouline

 

Notre sang n’a pas l’odeur du jasmin, texte et mise en scène de Sarah Mouline

 f-77a-5d1b5dc9a324aAprès Du sable et des Playmobil, fragment d’une guerre d’Algérie, (voir Le Théâtre du Blog), cette pièce est le deuxième volet d’un cycle de recherche. Salwa, une jeune reporter-journaliste française est venue en Tunisie  couvrir les soulèvements qu’on a appelés «la  révolution de jasmin » en 2010-2011. Plus de trois cent morts et l’immolation par le feu d’un jeune vendeur de fruits, Mohamed Bouazizi à qui la police avait confisqué sa marchandise. Ces événements aboutiront au départ du président Ben Ali.  Salwa fait son métier et veut coller à l’actualité immédiate et être, comme on dit, au cœur de qui se passe. Elle devient l’amie d’un jeune militant et découvre la terrible répression qui s’abat sur eux. C’est aussi une histoire personnelle qui croise donc la grande Histoire d’un peuple…

« L’écriture de ce spectacle, dit Sarah Mouline, analyse la propagation de l’information, le surgissement de la violence qui vibre dans nos poches, sur les écrans de nos téléphones. Et pose cette question : Quelle place reste-t-il au récit intime quand notre histoire s’inscrit dans un récit collectif tant médiatisé ? L’actualité presse, bouscule, assourdit. Le temps de l’expérience ne va pas au même rythme. L’écriture, le théâtre permettent justement de nous réapproprier ce qui nous a traversé sans avoir pu être nommé.Le personnage principal, Salwa, est justement plongée dans l’expérience du langage et de ses limites. Journaliste, elle est obnubilée par le désir de dire ce qui est. »

À Tunis, Salwa se rend compte que la langue écrite d’un journal ne coïncide pas avec la vie qui l’entoure. Et à Paris, Ugo, un jeune acteur se rend compte de la violence de la guerre quand il répète une pièce de Wouajdi Mouawad. Le père de Salwa est en train de mourir en France mais, pour des raisons personnelles, la jeune femme ne veut pas rentrer : elle pense qu’elle est plus utile à son père, là où elle est, c’est à dire dans le pays d’origine de ce père qu’elle ne reverra donc jamais.

Un plateau nu où les cinq acteurs jouent ou sont assis sur les côtés sur des chaises rouges. Un procédé bien usé  mais il faudra faire avec. Sarah Mouline a imaginé de courtes scènes coupées par des noirs: un autre procédé pas bien neuf non plus, emprunté au cinéma pour rendre compte, dit-elle, «de la rapidité avec laquelle circulent les événements qui ont alimenté la révolution tunisienne». On veut bien mais nous ne sommes pas en train de regarder un film et cela casse le rythme. Comme cette écriture est, de plus, singulièrement bavarde, on s’ennuie très vite..

Et Sarah Mouline aurait pu nous épargner ces fumigènes pour évoquer -mal très mal- ces combats de rue et ces fumées de cigarette d’un des protagonistes. Ces deux heures nous ont paru interminables et d’évidence, la metteuse en scène sait beaucoup mieux maîtriser l’espace que le temps. Ce que l’on n’apprend visiblement pas à l’Ecole Normale Supérieure. Et elle aurait pu nous donner en une heure et quelque, une vision beaucoup plus forte de ces événements dramatiques, si elle avait concentré son écriture et avait écrit un véritable scénario. Mais le texte, tel qu’il est, n’a rien de passionnant et qui peut-il intéresser sinon les amis de l’auteure-metteuse en scène… Reste une très bonne direction d’acteurs. Anna Jacob (la jeune journaliste) et Adil Laboudi (un des jeunes militants tunisiens) sont excellents. Mais on oubliera vite cette pièce ennuyeuse comme cette mise en scène appliquée et sans invention, qui nous ont laissé sur notre faim…

Philippe du Vignal

Du 25 février au 7 mars, Théâtre de l’Echangeur, 59 avenue du Général de Gaulle, Bagnolet (Seine-Saint-Denis). T. :  01.43.62.71.20.

 

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