Ils n’ont rien vu, chorégraphie de Thomas Lebrun

Ils n'ont rien vu_07 © Frédéric Lovino

©Frederic Lovino

Ils n’ont rien vu, chorégraphie de Thomas Lebrun

Un beau titre pour cette pièce qui essaye de parler de l’impensable: le 6 août 1945, trois mois après la capitulation de l’Allemagne, une bombe atomique américaine anéantissait Hiroshima! Soixante-dix mille morts et autant par la suite, à cause des irradiations.  Le XX ème siècle entrait dans l’ère nucléaire !

Cette immense tragédie a inspiré à Alain Resnais Hiroshima mon amour (1959), un film, scénario de Marguerite Duras, dont nous entendrons quelques extraits. Puis les huit danseurs, au micro, égrènent sobrement des témoignages de victimes, accompagnés d’une bande-son où résonnent des percussions traditionnelles japonaises. Pour s’imprégner de la mémoire collective de cet événement, Thomas Lebrun et son équipe sont allés à Hiroshima, à la rencontre des survivants de la bombe atomique, les « hibakushas ». «Ce voyage a complétement transformé notre vision des choses, dit-il. Il a nourri notre imaginaire et notre savoir, de réalités et de témoignages et nous a permis d’avancer dans ce projet, avec d’autres regards et d’autres mots : ceux des  anciens qui ont vu et raconté, et que nous avons vus et écoutés … »

Rieko Koga a conçu un « baro », une pièce de tissu de huit mètres sur dix, constitué d’étoffes anciennes et contemporaines, en provenance d’Hiroshima  et d’autres villes japonaises. Ce matériau-mémoire à l’esthétique délicate va prendre différentes formes sur le plateau. Et Jeanne Guellaff a conçu les beaux costumes de cette pièce de quatre-vingt minutes qui débute par une touchante séance collective d’origamis. Un hommage à Sadako Sasaki, une petite fille de douze ans, victime du bombardement qui s’était promis, en vain malheureusement, de confectionner mille grues de papier pour survivre. Les gestes précis font référence à différents styles, de la danse traditionnelle japonaise, à Pina Bausch.

Nous nous souviendrons longtemps du moment évoquant la chute de la bombe nucléaire annoncée par la voix du pilote américain aux commandes de l’avion ce jour-là. Comme une sorte de nuée ardente, les éclairages de François Michel, exceptionnels, figent au sol les corps meurtris des artistes. C’est beau quand la danse fait sens !

Jean Couturier

Le spectacle a été présenté du 5 au 11 mars, à Chaillot-Théâtre National de la danse, 1 place du Trocadéro, Paris (XVI ème). T. : 01 53 65 30 00.

 

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