Entretien avec Muriel Mayette-Holtz
Entretien avec Muriel Mayette-Holtz
Actrice entrée à vingt ans à la Comédie-Française, elle en devint sociétaire trois ans plus tard ; elle fut professeur au Conservatoire National. Elle est la première femme nommée administratrice du Français en 2006 jusqu’en 2014. Elle aura renouvelé le tiers de la troupe et réussi à établir une fréquentation de l’ordre de 90% pour les trois salles. Elle sera nommée en 2015 directrice de la Villa Médicis à Rome qu’elle quittera il y a deux ans. Elue membre de l’Académie des Beaux-Arts, elle a été nommée directrice en novembre dernier, du Théâtre National de Nice…
-La liaison téléphonique de portable à portable n’est pas bonne mais on va essayer de s’en sortir… Comment cela se passe dans un Théâtre National comme celui-ci en cette période difficile?
-Comme vous le savez, j’ai été nommée directrice il y a un peu plus de quatre mois. Premier point essentiel: nous essayons de garder le contact avec notre public. J’avais commence à donner ce que j’appelle avec cet Atelier de la Parole un cours d’oralité, deux lundis par mois. Ouvert à tous et absolument gratuit. Sont venues environ deux cent personnes à chaque fois. Une séance de travail avec exercices d’articulation, de diction, lecture à haute voix pour faire des progrès quand on doit s’exprimer en public… Il ne s’agit pas d’un cours de théâtre mais de comprendre le fonctionnement de « l’oralité”, s’entraîner à la prise de parole et découvrir aussi la magie d’une représentation. Ce rendez-vous n’est pas destiné aux acteurs mais à tous ceux qui souhaitent découvrir la puissance des mots.
-Et en ce moment?
-Bien sûr, ce n’est pas la même chose, le théâtre comme toutes les autres salles de spectacle est fermé mais le matin, sur le site du Théâtre National de Nice, je continue par vidéo à donner ces mêmes exercices et l’après midi tous les jours, je lis des contes sur le mythe de Thésée; cela s’adresse aux adultes comme aux enfants.
De son côté, Muriel Szac, d’abord rédactrice en chef des magazines de Bayard Presse Popi, Tralalire et Les belles Histoires, a ensuite créé il y a dix ans le département pédagogique Bayard Education qu’elle y dirige. Elle lit actuellement ses quatre feuilletons consacrés à la mythologie grecque en cent épisodes sur le site de cette maison d’éditions.
– Et en ces temps troubles, l’avenir de ce grand théâtre, quand on en est la directrice?
- Une chose au moins est claire: le confinement va durer encore plus d’un mois. Donc la fin de la saison est plus que compromise! Reporter les douze spectacles encore programmés? Pas simple; il faudra faire très attention et résoudre cela au cas par cas. On ne peut en effet pas revoir toute la programmation à suivre; comme ailleurs, elle est est déjà bouclée ou presque. Et quand pourrons-nous en ouvrir à nouveau les portes? Sans doute pas avant la rentrée… Pour le moment, bien sûr, le théâtre reste absolument fermé et une partie de notre équipe continue à avoir une activité en télétravail. Mais bon, le théâtre continue à exister dans toutes les âmes d’enfant…
Philippe du Vignal