Quelques nouvelles du Théâtre de l’Unité: Hervée de Lafond, Jacques Livchine
Quelques nouvelles du Théâtre de l’Unité: Hervée de Lafond et Jacques Livchine
-Cela se passe comment chez vous, Hervée?
-J’habite Montbéliard et je me donne quelques obligations comme courir -doucement- le matin autour de ma maison environ une demi-heure soit sept tours; à chaque fois que j’en fais un, je mets un petit caillou; comme cela, je suis sûre qu’il y a le compte. Petit rituel quotidien où j’écoute le Jules César de Friedrich Haendel… Et puis, reste tout le boulot administratif qu’il faut bien faire, en particulier comment gérer le report de nos spectacles, voir avec les acteurs s’ils seront libres, etc. en sachant que le rentrée de septembre va être très chargée. Juillet et août me paraissent définitivement cuits et qu’on ne vienne pas me faire croire que des festivals comme Avignon, Châlons-sur Saône ou Aurillac où il y a une grande promiscuité, pourront avoir lieu.
-Et votre équipe?
-Claudine, notre administratrice est très fatiguée, Marcel Zongo un de nos acteurs, est atteint par le corona et au lit; j’ai eu moi-même une très forte fièvre et une immense fatigue mais bon… Inutile de dire que Les Ruches, ce stage pour les jeunes que le Théâtre de l’Unité a été annulé et qu’il ne peut y a voir de report, puisque cela se passe chaque année pendant les vacances scolaires.
-Et vous regardez des films?
-Oui, comme tout le monde, du genre cinéma populaire classique: L’Aile ou la Cuisse (1976) de Claude Zidi avec Louis de Funès et Coluche, la seule fois où ils ont joué ensemble ou Inspecteur Labavure aussi de Claude Zidi (1980) avec le trio Dominique Lavanant, Gérard Depardieu et Coluche… L’As des as de Gérard Oury, avec Jean-Paul Belmondo et Marie-France Pisier. Mais aussi une interview d’Ariane Mnouchkine par Fabienne Pascaud.
-Et côté représentations de théâtre, rien?
-J’ai vu la captation d’Occupe-toi d’Amélie de Georges Feydeau, dans la mise en scène d’Isabelle Nanty…à la Comédie-Française, très décevante. J’écoute la radio: France Inter chaque matin de 7 h à 10h et le soir à 19h, Jérôme Salomon, le directeur de la Santé…
-Et Montbéliard, c’est comment?
-Comme ailleurs, on ne voit personne dans les rues. Les usines Peugeot étaient fermées mais vont rouvrir pour fabriquer des respirateurs. Bref, la vie continue et il y a des animaux partout, comme ces canards traversant la place du Capitole à Toulouse….
-Et vous, Jacques Livchine?
-Comme vous le savez, notre compagnie est installée depuis longtemps à Audincourt, près de Montbéliard, dans une partie de l’usine Japy qui, encore au vingtième siècle fabriquait ses fameuses machines à écrire. Le bureaux, l’accueil et le lieu de répétition du Théâtre de l’Unité sont bien entendu, complètement fermés. Mais quelqu’un vient arroser les plantes. Les représentations de 2.500 à l’heure (voir Le Théâtre du Blog) n’auront pas lieu: ce spectacle sur l’histoire du théâtre, nous l’avons déjà joué plus de deux-cent cinquante fois! Alors, disons que cela fait une respiration…
Quant à La Nuit unique (voir Le Théâtre du Blog), nous devions la jouer à Calais, Toulouse… ces prochaines semaines, donc c’est à l’eau. Et quant au Kapouchnik, notre cabaret mensuel, très populaire à Audincourt, que vous connaissez bien, les séances de mai et juin sont annulées. Les acteurs et techniciens concernés- intermittents-sont indemnisés mais très peu!
-Et vous, vous faites quoi de tout ce temps imprévu.
– J’habite une maison dans un tout petit village à quinze minutes d’Audincourt en voiture. Je communique tout le temps avec Hervée qui, elle, habite Montbéliard. Je trie et recopie mes carnets de bord que j’ai commencé à écrire quand le Théâtre de l’Unité était installé à Saint-Quentin-en-Yvelines en 1981. Bizarrement, je m’aperçois que je n’ai pas noté l’essentiel: je parle des jolies filles bronzées que l’on croise, des voyages de tournée, des hôtels… Alors que le Théâtre de l’Unité avait de sérieux ennuis d’argent… Et que je jouais au Loto pour essayer d’en gagner! En 80, j’étais très en colère contre le Ministère de la Culture qui avait refusé d’augmenter notre subvention…
- Et, au quotidien?
-Ce matin, je vais essayer d’écrire le vide: ce que je fais de minute en minute. Tous les jours, j’écris le vide: courir, descendre l’escalier, aller dans le jardin… Finalement, on s’aperçoit que l’on a vécu toute sa vie pour la raconter!
- Et les projets?
- Nous avons un projet dans le style bien connu du Théâtre du Peuple à Bussang ( Vosges) : faire jouer des comédiens amateurs déjà aguerris : des femmes d’une certain âge, des lycéens, etc. avec quatre acteurs professionnels. A suivre.
Philippe du Vignal