(Re) Faire le Gilles par Robert Cantarella

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(Re) Faire le Gilles par Robert Cantarella

Robert en Gilles, Gilles en Robert: depuis quelques années, l’acteur-metteur en scène incarne Gilles Deleuze ou, du moins, sa pensée qui chemine au long cours, de leçon en leçon. Il ressuscite ainsi les séminaires que le philosophe a tenu à Vincennes puis à Paris VIII, notamment celui consacré à l’image en mouvement (1981-1982) .
Il nous propose quelques dates pour revivre avec nous en direct cet événement et réécouter Gilles Deleuze, par sa voix !  Nous avions, à l’époque, beaucoup apprécié ce Faire le Gilles.

Relié par un cordon et une oreillette à un magnétophone, Robert Cantarella dit, mot pour mot, les paroles du philosophe, avec ses intonations, hésitations et invectives envers les étudiants ou l’administration universitaire… Il ne cherche pas à jouer Deleuze ou à interpréter un texte. Ici, pas d’écriture préalable mais le phrasé d’une pensée qui avance et où il se glisse : « La théâtralité réduite à son minimum, dit-il,… des oreillettes de petit format me font entendre la voix de Gilles Deleuze, je redis ce que j’entends, au plus près de celle d’origine, en refaisant les inflexions, suspens et interventions. Je ne copie pas ses attitudes ou bien une manière d’être; au contraire, le texte traverse le passeur qui le retransmet avec la réalité de son corps et du grain de sa voix…  C’est en jouant avec que peu à peu, je me suis pris à le dire, puis à en faire une copie exhaustive… J’ai pensé aux exercices de copie si habituels en peinture et j’ai entamé des ateliers de copie sonore. Une pratique  jubilatoire pour celui qui fait, comme pour celui qui reçoit. »

Gilles Deleuze lui-même ne lui a-t-il pas tracé le chemin avec Ce que la voix apporte au texte, écrit en hommage à Alain Cuny et publié dans la revue du T.N.P. en 1987 ?  «Les concepts ont des vitesses et des lenteurs, des mouvement qui s’étendent ou se contractent à travers le texte: ils ne renvoient plus à des personnages, mais sont eux-mêmes des personnages, rythmiques. Ils se complètent ou se séparent, s’affrontent, s’étreignent comme des lutteurs ou des amoureux. C’est la voix de l’acteur qui trace ces rythmes, ces mouvements de l’esprit dans l’espace et le temps. L’acteur est l’opérateur du texte ; il opère une dramatisation du concept, la plus précise, la plus sobre, la plus linéaire aussi. Presque des lignes chinoises, des lignes vocales. »

Mais la théâtralité s’opère aussi grâce à une double jeu : l’acteur Cantarella révèle l’acteur Deleuze : son sens de l’improvisation, sa voix qui donne chair à une pensée vocale qui se constitue au fur et à mesure qu’elle est en train d’être partagée. L’acteur redonne lui, devant un public ravi, corps et intelligence à cette pensée toujours en mouvement.

 Mireille Davidovici

Performance en direct, les dimanches 19, 26 avril et 3 mai à 17 heures. https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10157482995322830 set=a.10151141027767830&type=3

 

 

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