Festival d’Avignon 74 ème édition (suite)
Festival d’Avignon 74 ème édition (suite)
Le Conseil d’administration du Festival s’est réuni par visio-conférence et a voté à l’unanimité le plan d’annulation de cette soixante-quatorzième édition et les mesures de maintien et relance de l’activité présentées par Olivier Py et Paul Rondin. Il s’agit pour le moment de réagir en urgence, disent-ils, pour éviter la précarité à ceux qui auraient dû travailler cet été: salariés permanents mais aussi intermittents et saisonniers qualifiés réguliers. Et garantir la pérennité de l’outil, la continuité de l’activité et imaginer collectivement la relance. Avec des mesures d’accompagnement social, de soutien à la production artistique.
Le Festival est en effet une grosse entreprise: 432 emplois qualifiés seront donc maintenus ou indemnisés jusqu’au 31 juillet prochain. Non pour éliminer totalement -à l’impossible, nul n’est tenu- mais pour atténuer les répercussions économique de la crise. De nombreux professionnels du spectacle -surtout des techniciens- habitent dans la région. Il s’agit donc aussi d’une mesure favorable à l’économie locale. Et le Festival d’Avignon s’engage à maintenir les apports en coproduction des créations prévues 2020 au festival mais aussi en tournée dans d’autres lieux: une mesure capitale.
Autre mesure capitale : sanctuariser l’enveloppe les financements des coproductions prévues en 2021. Et pour les compagnies programmées cette année, il y aura des mesures d’accompagnement: indemnisation en cas d’annulation, report à l’automne 2020, ou encore reprogrammation en 2021, Et les équipes artistiques pourront disposer du site (salles et séjours) de la FabricA pour des résidences à partir de septembre. Ce qui permettra de terminer les spectacles: bien vu!
Le festival offrira aussi en juillet (mais cela parait moins convaincant) un programme audiovisuel et numérique pour rêver du festival d’Avignon, notamment avec France-Culture, France- Télévisions et Festival- Expériences.
Et sera organisée en novembre prochain dans plusieurs salles comme le Théâtre Benoit XII, la Chapelle des Pénitents blancs, etc. une Semaine d’art à Avignon. Un terme qui sonne comme un hommage à Jean Vilar qui l’avait d’abord créée et qui allait devenir le festival, dans les jardins du Palais des papes. Ce mini-festival permettra de présenter quand même quelques créations cette année.
Mais est aussi prévue d’aujourd’hui à décembre prochain, la poursuite des actions culturelles et éducatives sur le territoire. Tous les théâtres et tous les lieux de spectacle, toutes disciplines confondues, sont gravement touchées par cette crise sanitaire. Et bien sûr, ce report entraîne a un coût mais l’État, la Ville d’Avignon, la Communauté d’agglomération, la Région, le Département ont confirmé le maintien à 100% des subventions prévues . Et un des principaux mécènes, le Crédit Coopératif, a a confirmé le maintien de son aide.
Dans les circonstances actuelles où il faut faire face à l’urgence, une refonte du festival ne semble pas à l’ordre du jour. Pourtant, comme le souligne Alain Timár, directeur du Théâtre des Halles et membre de ce conseil d’administration, cela semble inéluctable. Le off est né du in, comme dans de nombreux festivals mais là aussi, on n’échappera pas à une révision drastique des conditions de création et de séjour des très nombreuses compagnies qui viennent parfois plusieurs années de suite. Le festival est depuis longtemps un élément essentiel de l’économie locale…
Des chiffres ? Quelques exemples: l’an passé, un appartement -impeccable et tout près de la rue des Teinturiers, donc dans les remparts- avec cuisine-salle à manger au rez de-chaussée, et à l’étage, deux petites chambres climatisées et une autre non climatisée donc inhabitable, était loué par leurs propriétaires (au noir, bien entendu) un peu plus de 4.000 € pour les quatre semaines du festival. Et on trouve guère de chambre d’hôtel correcte pour deux personnes à moins de 150 €…
Et côté prix de location de salles, les chiffres depuis quelques années s’envolent. Intra muros mais près des remparts, une salle de 49 places avec petite scène peu profonde et une installation technique minimum mais sans régisseur et sans services extérieurs : 29.000 €. Autre exemple, le Théâtre du Balcon mais avec d’autres conditions : billetterie, régisseur et permanence téléphonique soit un théâtre en ordre de marche et selon les horaires : plus ou moins 85.000 € !
Est-il normal qu’un propriétaire privé après achat et travaux de mise en conformité minimum, puisse rentabiliser un salle en la louant très cher quatre à cinq ans : en plein centre d’Avignon mais quand même? Est-il normal qu’une Région louant une salle pour ses compagnies locales fasse passer une sorte de concours auquel même le Centre Dramatique National du coin doit soumettre sa candidature ? Il y a parfois quelque chose de pourri dans le royaume des papes…. Alors, pourquoi pas une charte de déontologie ? Reste à savoir comment l’Etat, en l’occurrence et surtout le Ministère de la Culture et celui des Finances, auraient le pouvoir d’intervenir dans ce secteur privé…
ll y a en Avignon une dizaine de salles ouvertes à l’année dont le Théâtre du Balcon dirigé avec sûreté par Serge Barbucsia. Il est aussi le président des Scènes d’Avignon qui regroupe le in du off, c’est à dire : le Théâtre des Carmes (Sébastien Benedetto), le Théâtre du Chêne Noir (Gérard et Julien Gelas): les deux plus anciens, le Théâtre du Chien qui Fume (Gérard Vantaggioli), le Théâtre des Halles (Alain Timár). Ces lieux qui ont les moyens techniques et financiers voudront-ils faire partie de la solution proposée par le in, à savoir le report à l’automne prochain? Et les compagnies qui viennent y jouer chaque année, les auront-elles ? Et le public suivra-t-il ? Le off dépend du in mais Avignon in serait-il ce qu’il est sans cette exubérance et cette folie du off où le meilleur parfois côtoie le pire, souvent En tout cas, Le Théâtre des Halles, le Théâtre des Doms, Le Train bleu comme La Manufacture ( ceux qui ont une programamtion exiegantesemblent bien avoir jeté l’éponge pour juillet..
Le corona virus a frappé les théâtres mais pas que ! Et Cécile Helle, la maire d’Avignon et Vice présidente du Grand Avignon, appelle déjà à l’aide! Avec son équipe municipale, elle constate tous les jours que l’économie de la ville, fondée en juillet mais aussi la plus grande partie de l’année, sur le tourisme : bars, restaurants, hôtels, boutiques de luxe, etc. , est en chute libre…
C’est dire l’ampleur de cette catastrophe. Mais restons optimistes: le pire n’est pas toujours sûr comme le signale le sous-titre du Soulier de Satin de Paul Claudel, un spectacle-culte qu’avait monté Antoine Vitez dans la Cour d’Honneur…
Philippe du Vignal