Du côté des intermittents (suite) !

Du côté des intermittents (suite) !

 hbinXpcTQovsOAA-800x450-noPadDès  le 1er mars, le secteur culturel a été touché et depuis, les annulations en cascade des festivals sonnent le glas de l’économie du spectacle. À ces inquiétudes, le Ministère de la Culture a adapté à ce secteur les mesures générales prises par le gouvernement, en modifiant aussi les critères d’accès au fonds de solidarité des auto-entrepreneurs et des très petites entreprises. Ce qui permettra aux artistes-auteurs d’y accéder: la période de référence concernant la baisse de revenus n’est plus mars 2019 mais une période de douze mois.

Un autre volet d’adaptation concerne l’assurance-chômage des intermittents du spectacle et les conditions du recours au chômage partiel. Les producteurs et compagnies qui avaient prévu de jouer dans le off d’Avignon (pour la plupart en auto-production) seront obligés de déclarer leurs artistes et techniciens au chômage partiel. Mais cela implique un minimum de trésorerie pour avancer les salaires…

Unknown

Samuel Churin

 En effet, il reste encore beaucoup de flou quant aux modalités envisagées par l’Etat.  La C.F.D.T. demande des négociations avec les partenaires sociaux. «Les mesures d’urgence c’est bien, mais ça ne pallie que les urgences», dit aussi  la C.G.T.  Et Force Ouvrière-Fédération des Arts, du Spectacle, de l’Audiovisuel et de la Presse (F.A.S.A.P.), par la voix de sa secrétaire générale Françoise Chazaud, demande que la “neutralisation“ commence avant le 15 mars, «car les rassemblements de plus 1.000 personnes ont été interdits dès le 8 mars ».

On peut aussi se demander si les heures payées sur la période de confinement  seront prises en compte au moment de recalculer les droits, ou si celle-ci sera neutralisée pour tout le monde.  Et que va-t-il se passer pour tous les intermittents travaillant chez de petits employeurs qui ne pourront pas activer les mesures de chômage partiel ? Et pour ceux qui ne retrouveront pas tout de suite du travail à la sortie après le confinement ?

Les syndicats C.G.T. demandent la mise en place d’un fonds spécial, ce qui permettrait d’aider notamment les artistes employés par les employeurs occasionnels, moins susceptibles que les grosses structures,  d’activer les dispositifs de chômage partiel.

260px-Guy-Pierre_Couleau

Guy-Pierre Couleau

 Jean Varella, directeur du Printemps des comédiens à Montpellier, un des nombreux  festivals annulés, explique ses priorités : « Nous travaillons avec les tutelles du service public à l’accompagnement des artistes et techniciens. Derrière le mot : intermittent, il y a des savoirs-faire qu’il faut maintenir  pour consolider ce vivier.  » Et Jean Varella dit qu’il a  besoin « d’un moment de silence avant de reprendre. » « Je ne me vois pas  reprendre sans me poser la question du sens de notre travail, dit aussi une intermittente:  il faut qu’on vive dignement de ce qu’on fait mais on ne peut pas ignorer la souffrance des personnels et pensionnaires des E.P.H.A.D, soignants, enseignants…

 Prodiss, Syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical et de variétés, représentant 400 entreprises dont 90% de petites, s’interroge sur les conséquences socio-économiques désastreuses et se propose de «travailler sur la renaissance du spectacle vivant dans l’après le confinement qui, on le sait, ne sera pas levé pour lui ».

affiches-dAvignonde-73e-edition-festival_0_600_372Le off d’Avignon a été annulé par le conseil d’administration d’AF&C le 15 avril, après des semaines d’incertitude, ce qui a éclairci les choses. Pour cette association qui gère le off : « Les lieux devraient rembourser les acomptes payés, pour bénéficier d’une aide du fonds d’urgence qu’AF&C cherche à monter avec ses partenaires: Ville d’Avignon, Région, État et organismes professionnels du fonds de soutien aux compagnies.» A suivre !

 «Les directeurs de théâtre vont passer six mois sans voir une première, ni même un spectacle. Dans quel état d’esprit, seront-ils pour une reprise ? », s’interroge Frédéric Maurin, président du Syndicat national des scènes publiques. Les solutions passeront par la coopération, comme l’ouverture des antennes de Radio-France au Printemps de Bourges et aux festivals musicaux et par des engagements réciproques comme la promesse des Francofolies de La Rochelle de réinviter les artistes,. Mais aussi par des expériences comme le festival d’Aix-en-Provence  qui propose, grâce au « streaming », une présence de ses créations 2020.

 Face aux directeurs de théâtre et aux producteurs inquiets, les intermittents, eux, ont d’autres préoccupations et se demandent comment boucler leur fin de mois. Ainsi Nicolas Barrot s’indigne dans son blog relayé par Mediapart* : « Au mieux, les spectacles reprendront en septembre. Cela fera donc six mois sans travail. Nous attendions une grande solidarité de toute une profession  mais… elle ne semble pas être au rendez-vous. Les réactions des théâtres et festivals ne sont pas claires et  bien loin de ce que l’on pouvait attendre d’un milieu dit « de gauche“ . Mais maintenant, comment gère-t-on ces annulations? On paye, ou on ne paye pas? On reporte à la saison prochaine, oui, mais on vit avec quoi, en attendant? Et on peut vraiment dire que les choix et explications ne sont pas convaincants. »

 Dans les journaux, les articles fleurissent sur l’annulation des festivals d’été et le retard à l’allumage prévus par les programmateurs dont certains s’étonnent du peu d’attention des journalistes des grands médias quant au sort des artistes. La metteuse en scène Catherine Boscowitz cite  un article publié dans Le Monde: elle est sidérée  « de constater qu’à aucun moment, ses auteurs ne font allusion à la situation des artistes eux-mêmes. Comme s’ils étaient totalement déconnectés de ce qui va se jouer (sans jeu de mots) dans les mois à venir pour les salles de spectacle et les musées. Comme s’ils n’étaient pas le cœur de l’activité de ces lieux de culture. Et pourtant, il paraît bien évident que dans la catastrophe qui s’annonce, c’est le cœur (donc les artistes) qui vont être touchés au premier chef. Et que c’est donc AVEC EUX  que les directeurs de salles feraient bien de s’interroger, au lieu de pleurer seuls dans leur coin ! Il est intéressant de constater que la seule allusion  faite aux artistes est de les comparer à des animaux : des comédiens de la Comédie-Française «tournent comme des lions en cage ».
  Les théâtres seraient donc devenus des zoos? Et leurs directeurs, en bons patrons paternalistes du XIXème, seraient les seuls à avoir le privilège et le devoir de penser pour sauver leurs « entreprises » ?  » (…) « Arrêtez s’il vous plaît ! Messieurs mesdames les commentateurs de la Culture et directeurs de lieux interrogés, mettez-vous au vrai travail avec les artistes et pas sans eux, pour reconsidérer ce que sera le monde de demain ! Car sans la pensée de ceux qui vous font vivre, les artistes, vous risqueriez bien, vous, de vous retrouver confinés à vie ! »

 La pétition Culture en danger **, lancée par le metteur en scène Jean-Claude Fall sous forme d’une lettre ouverte au président de la République, explique que pour les intermittents du spectacle, la prolongation de la durée d’assurance-chômage prévue par le ministère de la Culture est insuffisante : «La plupart des spectacles ou des projets reportés ne pourront se réaliser au mieux qu’un an, à un an et demi après la réouverture des salles. Nous demandons que les droits de tous les artistes et des techniciens intermittents soient prolongés d’une année au-delà des mois où toute activité aura été impossible. » 35. 000 personnes l’ont signée à ce jour

 Plus globalement,  Samuel Churin, acteur bien connu pour son action au sein de la Coordination des Intermittents et Précaires. pense aussi à tous les précaires ne bénéficiant pas de ce statut: « Les autres, les intermittents de l’emploi : l’Etat a décidé de faire des économies sur les plus pauvres avec la baisse des allocations. La  réforme du chômage n’est pas annulée mais repoussée. Il faut que cette réforme sur les  « activités réduites » soit annulée ! Pour assumer une continuité de revenu à ceux qui ont une discontinuité des salaires. »

 Mireille Davidovici

*Nicolas Barrot https://blogs.mediapart.fr/nicolas-barrot/blog/240420/annulation-de-spectacle-paye-ou-ne-paye-pas?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66&fbclid=IwAR1KMkyMObVCcqr7tf_yG8bUPtBX-vWPJDztvYYDsiUQdXALN7O9M87BQSg

** Pétition Culture en danger: sur change.org. : https://www.change.org/p/pr%C3%A9sidence-de-la-r%C3%A9publique-culture-en-danger-lettre-ouverte-au-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique/psf/promote_or_share

 


Archive pour 25 avril, 2020

Du côté des intermittents (suite) !

Du côté des intermittents (suite) !

 hbinXpcTQovsOAA-800x450-noPadDès  le 1er mars, le secteur culturel a été touché et depuis, les annulations en cascade des festivals sonnent le glas de l’économie du spectacle. À ces inquiétudes, le Ministère de la Culture a adapté à ce secteur les mesures générales prises par le gouvernement, en modifiant aussi les critères d’accès au fonds de solidarité des auto-entrepreneurs et des très petites entreprises. Ce qui permettra aux artistes-auteurs d’y accéder: la période de référence concernant la baisse de revenus n’est plus mars 2019 mais une période de douze mois.

Un autre volet d’adaptation concerne l’assurance-chômage des intermittents du spectacle et les conditions du recours au chômage partiel. Les producteurs et compagnies qui avaient prévu de jouer dans le off d’Avignon (pour la plupart en auto-production) seront obligés de déclarer leurs artistes et techniciens au chômage partiel. Mais cela implique un minimum de trésorerie pour avancer les salaires…

Unknown

Samuel Churin

 En effet, il reste encore beaucoup de flou quant aux modalités envisagées par l’Etat.  La C.F.D.T. demande des négociations avec les partenaires sociaux. «Les mesures d’urgence c’est bien, mais ça ne pallie que les urgences», dit aussi  la C.G.T.  Et Force Ouvrière-Fédération des Arts, du Spectacle, de l’Audiovisuel et de la Presse (F.A.S.A.P.), par la voix de sa secrétaire générale Françoise Chazaud, demande que la “neutralisation“ commence avant le 15 mars, «car les rassemblements de plus 1.000 personnes ont été interdits dès le 8 mars ».

On peut aussi se demander si les heures payées sur la période de confinement  seront prises en compte au moment de recalculer les droits, ou si celle-ci sera neutralisée pour tout le monde.  Et que va-t-il se passer pour tous les intermittents travaillant chez de petits employeurs qui ne pourront pas activer les mesures de chômage partiel ? Et pour ceux qui ne retrouveront pas tout de suite du travail à la sortie après le confinement ?

Les syndicats C.G.T. demandent la mise en place d’un fonds spécial, ce qui permettrait d’aider notamment les artistes employés par les employeurs occasionnels, moins susceptibles que les grosses structures,  d’activer les dispositifs de chômage partiel.

260px-Guy-Pierre_Couleau

Guy-Pierre Couleau

 Jean Varella, directeur du Printemps des comédiens à Montpellier, un des nombreux  festivals annulés, explique ses priorités : « Nous travaillons avec les tutelles du service public à l’accompagnement des artistes et techniciens. Derrière le mot : intermittent, il y a des savoirs-faire qu’il faut maintenir  pour consolider ce vivier.  » Et Jean Varella dit qu’il a  besoin « d’un moment de silence avant de reprendre. » « Je ne me vois pas  reprendre sans me poser la question du sens de notre travail, dit aussi une intermittente:  il faut qu’on vive dignement de ce qu’on fait mais on ne peut pas ignorer la souffrance des personnels et pensionnaires des E.P.H.A.D, soignants, enseignants…

 Prodiss, Syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical et de variétés, représentant 400 entreprises dont 90% de petites, s’interroge sur les conséquences socio-économiques désastreuses et se propose de «travailler sur la renaissance du spectacle vivant dans l’après le confinement qui, on le sait, ne sera pas levé pour lui ».

affiches-dAvignonde-73e-edition-festival_0_600_372Le off d’Avignon a été annulé par le conseil d’administration d’AF&C le 15 avril, après des semaines d’incertitude, ce qui a éclairci les choses. Pour cette association qui gère le off : « Les lieux devraient rembourser les acomptes payés, pour bénéficier d’une aide du fonds d’urgence qu’AF&C cherche à monter avec ses partenaires: Ville d’Avignon, Région, État et organismes professionnels du fonds de soutien aux compagnies.» A suivre !

 «Les directeurs de théâtre vont passer six mois sans voir une première, ni même un spectacle. Dans quel état d’esprit, seront-ils pour une reprise ? », s’interroge Frédéric Maurin, président du Syndicat national des scènes publiques. Les solutions passeront par la coopération, comme l’ouverture des antennes de Radio-France au Printemps de Bourges et aux festivals musicaux et par des engagements réciproques comme la promesse des Francofolies de La Rochelle de réinviter les artistes,. Mais aussi par des expériences comme le festival d’Aix-en-Provence  qui propose, grâce au « streaming », une présence de ses créations 2020.

 Face aux directeurs de théâtre et aux producteurs inquiets, les intermittents, eux, ont d’autres préoccupations et se demandent comment boucler leur fin de mois. Ainsi Nicolas Barrot s’indigne dans son blog relayé par Mediapart* : « Au mieux, les spectacles reprendront en septembre. Cela fera donc six mois sans travail. Nous attendions une grande solidarité de toute une profession  mais… elle ne semble pas être au rendez-vous. Les réactions des théâtres et festivals ne sont pas claires et  bien loin de ce que l’on pouvait attendre d’un milieu dit « de gauche“ . Mais maintenant, comment gère-t-on ces annulations? On paye, ou on ne paye pas? On reporte à la saison prochaine, oui, mais on vit avec quoi, en attendant? Et on peut vraiment dire que les choix et explications ne sont pas convaincants. »

 Dans les journaux, les articles fleurissent sur l’annulation des festivals d’été et le retard à l’allumage prévus par les programmateurs dont certains s’étonnent du peu d’attention des journalistes des grands médias quant au sort des artistes. La metteuse en scène Catherine Boscowitz cite  un article publié dans Le Monde: elle est sidérée  « de constater qu’à aucun moment, ses auteurs ne font allusion à la situation des artistes eux-mêmes. Comme s’ils étaient totalement déconnectés de ce qui va se jouer (sans jeu de mots) dans les mois à venir pour les salles de spectacle et les musées. Comme s’ils n’étaient pas le cœur de l’activité de ces lieux de culture. Et pourtant, il paraît bien évident que dans la catastrophe qui s’annonce, c’est le cœur (donc les artistes) qui vont être touchés au premier chef. Et que c’est donc AVEC EUX  que les directeurs de salles feraient bien de s’interroger, au lieu de pleurer seuls dans leur coin ! Il est intéressant de constater que la seule allusion  faite aux artistes est de les comparer à des animaux : des comédiens de la Comédie-Française «tournent comme des lions en cage ».
  Les théâtres seraient donc devenus des zoos? Et leurs directeurs, en bons patrons paternalistes du XIXème, seraient les seuls à avoir le privilège et le devoir de penser pour sauver leurs « entreprises » ?  » (…) « Arrêtez s’il vous plaît ! Messieurs mesdames les commentateurs de la Culture et directeurs de lieux interrogés, mettez-vous au vrai travail avec les artistes et pas sans eux, pour reconsidérer ce que sera le monde de demain ! Car sans la pensée de ceux qui vous font vivre, les artistes, vous risqueriez bien, vous, de vous retrouver confinés à vie ! »

 La pétition Culture en danger **, lancée par le metteur en scène Jean-Claude Fall sous forme d’une lettre ouverte au président de la République, explique que pour les intermittents du spectacle, la prolongation de la durée d’assurance-chômage prévue par le ministère de la Culture est insuffisante : «La plupart des spectacles ou des projets reportés ne pourront se réaliser au mieux qu’un an, à un an et demi après la réouverture des salles. Nous demandons que les droits de tous les artistes et des techniciens intermittents soient prolongés d’une année au-delà des mois où toute activité aura été impossible. » 35. 000 personnes l’ont signée à ce jour

 Plus globalement,  Samuel Churin, acteur bien connu pour son action au sein de la Coordination des Intermittents et Précaires. pense aussi à tous les précaires ne bénéficiant pas de ce statut: « Les autres, les intermittents de l’emploi : l’Etat a décidé de faire des économies sur les plus pauvres avec la baisse des allocations. La  réforme du chômage n’est pas annulée mais repoussée. Il faut que cette réforme sur les  « activités réduites » soit annulée ! Pour assumer une continuité de revenu à ceux qui ont une discontinuité des salaires. »

 Mireille Davidovici

*Nicolas Barrot https://blogs.mediapart.fr/nicolas-barrot/blog/240420/annulation-de-spectacle-paye-ou-ne-paye-pas?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66&fbclid=IwAR1KMkyMObVCcqr7tf_yG8bUPtBX-vWPJDztvYYDsiUQdXALN7O9M87BQSg

** Pétition Culture en danger: sur change.org. : https://www.change.org/p/pr%C3%A9sidence-de-la-r%C3%A9publique-culture-en-danger-lettre-ouverte-au-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique/psf/promote_or_share

 

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