Entretien avec Benoît André, directeur de la Filature Scène Nationale de Mulhouse
Entretien avec Benoît André
Le nouveau directeur de la scène nationale de Mulhouse (nommé en janvier 2020) a répondu à nos questions. Construit sur le site d’une ancienne filature de coton, ce bâtiment,abrite sous sa coque de verre et d’acier outre La Filature, Scène nationale : l’Orchestre symphonique de Mulhouse ; la Médiathèque de Mulhouse spécialisée dans les arts de la scène et accueille certaines représentations de l’Opéra national du Rhin ainsi que les créations du CCN / Ballet de l’Opéra du Rhin.
-Le Grand Est a été la première région sévèrement touchée par le Covid 19… Quelle a été votre réaction ?
-J’habite près de la Filature, j’y suis donc tous les jours. Je suis rassuré : aucun de mes quarante neuf salariés n’a été atteint par le virus et je reste en contact chaque semaine avec eux par mail. Ils sont au chômage partiel, sauf le service de comptabilité et de paye qui fonctionne à 100%, compte tenu de la situation actuelle. J’ai réfléchi aussi à la façon dont l’ensemble de l’équipe peut continuer à travailler sur une période fermée, en étant non confinée.
-Devant les incertitudes sanitaires qui se profilent, le ministère de la Culture est attentiste ! Comment envisagez-vous l’avenir?
- Il y a la programmation de notre salle modulable où le report de tel ou tel spectacle est plus aisé et celle de la grande salle, moins souple à organiser compte-tenu des créneaux disponibles: en effet, elle accueille aussi l’Orchestre symphonique de Mulhouse, et les productions lyriques et le Ballet de l’Opéra national du Rhin sous la direction de Bruno Bouché.
Même si la situation sanitaire s’améliore, j’envisage d’alléger la programmation de l’automne, au profit de la saison d’hiver et de printemps. Les grosses productions internationales, par précaution, seront reportées sur la saison 2021/2022. Nous avons treize spectacles qui n’ont pas été joués et qui eux, seront programmés sur les deux prochaines saisons.
L’autre pari est de penser différemment la relation au public. Avec une jauge réduite de 50 %, nous pourrions envisager une représentation dans la salle et une projection en même temps, par exemple dans un “drive in“, comme cela se fait en Allemagne pour le cinéma aujourd’hui. Une autre piste serait de développer des projets participatifs avec le public, via les supports numériques. Mais il ne faudrait pas que, dans le futur, ces diffusions pratiquées pendant le confinement vident les théâtres!
Entretien réalisé par Jean Couturier
lafilature.org