Quelques petits cadeaux ( suite et non pas fin)
Quelques petits cadeaux (suite et non pas fin)
Notre amie Ekaterina Bogopolskaia, critique russe qui vit depuis longtemps à Paris, nous signale la saison virtuelle à 18 h de L’Electrothéâtre Stansilawski de Moscou avec une trilogie : L’Âne d’or. Espace de travail ouvert. Le premier volet La Composition poilue a déjà été diffusé mais vous pouvez voir le deuxième: La Composition blanche aujourd’hui 29 avril et le troisième, La Composition noire-la ville, le 1 mai. C’est en russe mais sous-titré en anglais.
Metteur en scène, réalisateur mais aussi acteur et pédagogue, Boris Yukhananov élève d’Efros et de Vassiliev bien connus en France, a créé au centre de Moscou, un espace de théâtre expérimental qui existe maintenant depuis cinq ans. C’est, pour dire les choses rapidement, à la fois un théâtre grand public et un grand laboratoire artistique avec déjà plus de cinquante spectacles présentés! Yukhananov a mis en scène une trilogie: L’Oiseau bleu d’après Maeterlink et Pouchkine, des opéras comme Les Tourbillons et L’Âne d’or-Espace de travail ouvert en développement perpétuel en trois soirées de quatre heures. Avec ldes spectateurs sélectionnés qui participent à l’action scénique.
Boris Yukhananov a aussi créé Galilée, un Opéra pour violons et un savant… Mais aussi Les jeux orphiques. Punk macramé sur le mythe d’Orphée et Eurydice en trente-trois actes, douze spectacles, douze décors avec trente-trois fresques! Cela se passe en six après-midis et six soirées. Le tout réalisé par cent jeunes metteurs en scène sortis de son Ecole de Mise en Scène Individuelle (MIR 5). Et on a pu y voir vu aussi des réalisations de metteurs en scène bien connus en Europe comme Théodore Terzopoulos, Roméo Castellucci, Katie Mitchell, Heiner Goebbels…
Le théâtre édite les programmes des spectacles, les journaux et les livres sur la création des spectacles, des textes de Boris Yukhananov sur ce qu’il appelle le processus de développement perpétuel… Une utopie mais qui a bien vu le jour il y a déjà cinq ans et cinquante spectacles y ont été créés. Yukhananonov a réussi à créer ce grand laboratoire d’avant-garde, avec une scène transformable capable d’accueillir une sorte de synthèse entre théâtre et opéra que fréquente un public d’habitués et de jeunes.
Yukhananov a créé une série de voyages-spectacles ésotériques sur trois jours comme L’Oiseau bleu d’après Maurice Maeterlink
Et en deux jours de représentation, Le Prince constant d’après Calderon et Pouchkine. L’Âne d’or. Espace de travail ouvert ( 2016) est fondé sur le processus de développement perpétuel, d’après Les Métamorphoses d’Apulée. La création du spectacle en est le thème même. Sur quatre heures par jour durant cinq jours, les comédiens présentant chacun un module.sur le thème de L’âne d’or ». Mais la représentation pouvait être arrêtée à tout moment et Boris Yukhananov commentait de façon très précise le travail en cours.
La troupe de l’Electrothéâtre, mais aussi des anciens élèves de MIR4: l’Atelier de mise en scène Individuelle, créé par Yukhananov en 1988, ont travaillé à la réalisation de cet L’âne d’or. De cet Espace de travail ouvert, sont sortis des metteurs en scène, comédiens, producteurs, auteurs dramatiques, compositeurs…. L’Electrothéâtre est fondé sur la recherche de nouvelles formes théâtrales et sur leur union en vue de la création. Avec des réussites mais aussi des échecs, comme dans tout laboratoire, ce qui est normal… En tout cas, une visite dans cet espace exceptionnel du théâtre russe contemporain… Cela fait du bien, loin des médiocres captations des compagnies françaises qui veulent à tout prix, disent-elles, garder un lien avec leur cher public…
Philippe du Vignal
Crédit photo: Андрей Безукладников/Andrei Bezoukladnikov