La culture sauvée ? Emmanuel Macron et Frank Riester, en direct de l’Elysée
De nombreux professionnels avaient tiré la sonnette d’alarme, en écho aux revendications des structures, des salariés et intermittents du secteur culturel, Mais le Gouvernement, en particulier le ministre de la Culture, leur opposaient un silence assourdissant. Après par les appels lancés par différents sources et parc celui dans le journal Le Monde et signé par des personnalités de la Culture, le président de la République réagit enfin… Franck Riester, ministre de la Culture, a essayé, quelques heures avant lui, d’occuper l’espace médiatique mais n’a rien dit de concret. De son côté, Jack Lang réclame dans Le Monde un «new deal» culturel !
La déclaration d’Emmanuel Macron, était très attendue après ce désastre qui gèle tout un secteur déjà en crise et maintenu sous perfusion par des mesurettes depuis trente ans…. Une crise ? Pas pour tout le monde : les prestataires de l’économie numérique, surtout américains, sont optimisés fiscalement et les actions de Netflix sont en hausse vertigineuse! Mais les créateurs traditionnels comme les diffuseurs sont au bord de la noyade…
Emmanuel Macron, décomplexé, se pose en sauveteur : « Il faut que les lieux de création revivent. Cet été, on ne fera pas de grands événements. On l’a déjà dit. Beaucoup de choses pourront reprendre à partir du 11 mai, mais en s’adaptant aux contraintes de l’épidémie pour que le virus ne recircule pas à toute vitesse. »
Il annonce que les droits des intermittents du spectacle - quelque 100.000 artistes et techniciens – seront préservés: « Beaucoup ne pourront pas faire leurs heures. Je veux que les droits des intermittents soient prolongés au-delà des six mois où leur activité aura été impossible ou très dégradée, c’est-à-dire jusqu’à la fin août 2021. » Le chef de l’Etat s’est dit convaincu qu’il allait «donner suffisamment confiance pour que, quasiment, on n’en ait pas besoin. On va donner, avec beaucoup de projets, les heures qui permettront aux intermittents de «ne pas activer ces dispositifs». Par exemple, il souhaite que tous les artistes qui vont bénéficier de ces sécurités s’impliquent dans l’éducation artistique et culturelle. Ils pourraient aller au contact des jeunes et Frank Riester qui est intervenu après Emmanuel Macron, annonce la tenue d’un Haut Conseil à l’éducation artistique et culturelle, avec le ministre de l’Education nationale « pour que les artistes aillent au-devant des jeunes, y compris pendant l’été ».
Par ailleurs, les auteurs -ils ne sont pas intermittents- bénéficieront d’un fond de solidarité à partir de mi-mai. Ils pourront saisir leur dossier sur un site et pendant quatre mois, se faire rembourser leur loyer et être exonérés de cotisations sociales… Les théâtres doivent commencer à fonctionner, précise Emmanuel Macron : « Les acteurs pourront réinvestir les lieux, notamment pour répéter et nous nous interrogerons fin mai si on peut aller plus loin dans le déconfinement en étant inventifs. Cela devra être discuté avec les maires et les préfets. On va regarder comment on peut articuler les choses avec le public ».
Un fond spécial sera aussi mis en place pour aider les festivals (musique, théâtre, marionnettes, cirque…) Mais les grands rassemblements de plus de 5.000 personnes ne seront pas autorisés avant fin août. Le président souhaite aussi que soit créé un fonds d’indemnisation quand les tournages ont été annulés car les assurances ne couvrent pas les pandémies : « Il faut que les assureurs, les banques, les SOFICA mettent en place un fond d’indemnisation temporaire avec le Centre National du Cinéma. » Pour que les tournages puissent reprendre au « cas par cas » après fin mai, « Il faut que tous les acteurs soient là. Les régions. Il y a plein de contraintes administratives mais si les ministres pouvaient se mettre ensemble en organisant un petit guichet dédié, ce serait formidable » Et le Président souhaite « qu’on mette le paquet ». « Que ce soit [pour] les métiers d’art, les spectacles vivants, la littérature, les arts plastiques. Je pense en particulier aux créateurs de moins de trente ans. » Et il a incité la profession à « inventer une saison hors normes » et « aller chercher les publics parfois oubliés du monde de la culture. »
Frank Riester qui intervenait peu après a réitéré les annonces du Président et a précisé que « les mesures annoncées ont été travaillées, identifiées. Des réponses à cette crise qui touche notre humanité ont été données ainsi que des mesures d’urgence visant à protéger cet écosystème. » Il annonce des prêts garantis par l’Etat, un fonds de solidarité et le report des cotisations sociales et des charges fiscales… Il faudra « ajuster les dispositifs de résilience et de résistance pour accompagner la reprise du secteur culturel. C’est un pacte de confiance car nous sommes convaincus que ces artistes et techniciens proposeront des créations formidables. » Il souhaiterait entre autres, que les « GAFA investissent dans l’audiovisuel (!!) » … Il précise que le Centre national de la musique, « qui vient d’être créé et qui est très fragilisé par la période », sera, quant à lui, doté de nouveau à hauteur de cinquante millions d’euros.
Troisième temps: discuter et réfléchir à l’amélioration du modèle français. Le ministre de la Culture annonce un point de rencontre fin août avec les artistes après toute cette effervescence. Il va falloir réinventer des formes de spectacle… Avec bon sens et créativité mais en toute sécurité. Viendra alors « le temps de la refondation. Réaffirmer le modèle français. Unique. Que le monde entier nous envie ! », a conclu le ministre sans donner plus de détails !
Méfiant, le comédien Samuel Churin, membre de la commission des intermittents et précaires, défie qui qe ce soit de commenter ces annonces : « Nous avons été échaudés dans le passé des centaines de fois et tant que nous n’avons pas reçu la directive, je ne sais pas ce que ça signifie concrètement.. » (…) » Tant que je ne vois pas sur un papier la façon dont est édictée la règle pour rattraper les choses, je ne peux pas commenter une phrase derrière laquelle on peut mettre ce qu’on veut. » La CGT et le SYNDEAC s’interrogent notamment sur les nouveaux entrants, qui n’ont pas encore assez d’heures pour toucher le chômage (environ huit-dix mille personnes selon la CGT)… D’autre part, le Président et le Ministre semblent ignorer que les heures d’action en milieu scolaire sont contingentées dans le calcul des heures pour l’intermittence !!!!
D’autres voix s’élèvent pour pointer l’absence de mesures concrètes. « Qu’avons-nous appris ? Il faut être précis, inventer, oui, mais dans quel cadre et comment ? Que nous donnent-ils comme autorisation ? Ils doivent aussi inventer un plan concret pour redémarrer », déclare Jean-Michel Ribes directeur du Théâtre du Rond-Point dans le Figaro. On peut aussi constater que la danse reste le grand absent de ces dispositifs…
Beaucoup de questions restent en suspens A suivre donc…
Mireille Davidovici