Livres et revues
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Sosies suivi de Je préférerais mieux pas de Rémi de Vos
Cet auteur a inscrit les aléas des vies professionnelles et familiales de notre temps dans des pièces comme entre autres : Alpenstock suivi d’Occident (2006), Débrayage, Beyrouth Hôtel (2008) et Départ volontaire et Kadoc (2019) publiés fidèlement chez Actes Sud-Papiers.
Bernie et Momo, des sosies plutôt bas de gamme de Johnny Halliday et SergeGainsbourg habitent la même cité mais Momo ne supporte pas le succès de Little Johnny Rock. Jean-Jean, vingt-neuf ans, apprend de ses parents, Biche et Momo, qu’il a été adopté, après qu’ils lui aient donné ce prénom redoublé. Mais pour l’intéressé, un seul Jean aurait suffi : « Qui c’est qui a l’air d’un con depuis vingt-neuf ans ? » Son vrai prénom, apprend-il, était Rachid mais écarté car trop près de Bouzid, le grand amour de son père, estime sa mère magnanime. De plus, ce père et cette mère se sont mis en tête de marier leur fils pour avoir des petits-enfants…
Tous les personnages souffrent de ne pas exister suffisamment : problème d’identité et de reconnaissance sociale et personnelle, sentiment permanent de solitude. Et ils rêvent d’incarner des stars musicales. Mais nulle gravité, nulle amertume mais des jeux de mots loufoques, entre éclats de bonne humeur et piètre cocasserie… Ces personnages populaires en mal de vie sont en présence d’un autre, capables de sensibilité et d’humanité.
Et dans Je préférerais mieux pas, à l’instar de Bartleby, héros du roman éponyme de Melville, les personnages de six saynètes refusent d’obéir aux ordres qu’on leur donne en « préférant mieux pas ». Grâce à un humour corrosif -sa marque de fabrique- Rémi de Vos pointe de nombreuses attitudes de l’anti-pouvoir. Le monde de l’entreprise est toujours chez lui au rendez-vous, accompagné d’amères réalités.
Altruisme invite à la rencontre d’une fonctionnaire de l’Inspection du travail et de l’épouse d’un entrepreneur qui prétend ne rien connaître des chantiers de son mari absent. Cette fonctionnaire était venu l’informer d’un procès-verbal qui rend compte d’un chantier non règlementaire.
Compassion met en scène un jeune homme diplômé Bac + 7, inscrit dans une agence d’intérim et qui a seulement réussi à obtenir un emploi de déménageur. En présence d’un huissier de justice, a lieu un déménagement forcé auquel l’intérimaire préférerait mieux pas procéder …
DansPouvoir, ce ne sont pas les hommes qui décident comme attendu, mais les femmes qui obligeraient ces messieurs à plus attention à leur égard…Quant à Peur, sur les chemins de la médisance dans son entreprise, la persifleuse Marjorie ne cesse de tourmenter certains de ses collègues qui viennent s’en remettre à un chef étonné et dubitatif mais en tout cas gêné…
Dans Folie, des ambulanciers sont prêts à transporter dans leur véhicule un défunt pour minimiser les dépenses de sa famille. Mais il faut passer par un escalier… Et dans Désespoir Rémi de Vos nous fait regarder des branches d’arbres où sont posés des oiseaux comme des chevêches, des crépins dorés, des agrittes. Il est aussi question de masques à porter dans ce parc étrange que les personnages visitent :« J’attire votre attention, dit l’un des prestataires de cette balade, sur le fait que :« Village détruit après passage de milice avec massacre » , coûte triple de : « Matinée en forêt avec chants d’oiseaux. » Balades en forêt antithétiques et qui se croisent.
Des promesses de vie et de scènes cocasses qui seront bientôt mises en scène…
Véronique Hotte
A paraître en juin chez Actes-Sud Papiers.
Frictions
Le neuvième hors-série de vient de paraître. Il est consacré à la plateforme d’expérimentation Siwa. Créée en 2007, ce laboratoire itinérant des mondes arabes contemporains. a été conçue pour susciter des échanges entre des artistes, des intellectuels, des citoyens des mondes arabes et européens, et des chantiers de réflexion qui se fondent sur l’expérimentation artistique.
La plateforme donne à voir en Europe les créations les plus expérimentales et en réciprocité, fait connaître en Tunisie et en Irak des expériences artistiques européennes. C’est à la confluence de cette curiosité intellectuelle et artistique que Siwa s’essaye à la politique autrement, à l’encontre des tensions et des surenchères idéologiques. Parmi les projets de Siwa, le laboratoire d’échanges artistiques La ligne d’une tentative fondé en 2011 à Redeyef, ville du bassin minier de Tunisie, qui s’ancre depuis 2014 dans un bâtiment de la ville : l’Économat. Un projet mené en collaboration avec la Fonderie au Mans (Le théâtre du Radeau de François Tanguy).
.En français et en arabe. Avec entre autres : des Fragments de François Tanguy, Paris, Amman, Oran, Bagdad, Besançon, Le Mans, Tunis, Redeyef... de Jean-Pierre Han, Eschyle chez les Arabes de Youssef Seddik, Siwa ou le lieu du possible de Yagoutha Belgacem, un portefolio de Lâm Duc Hiên…
Philippe du Vignal
Bientôt dans les librairies (quand elles rouvriront) ou à Théâtres /écritures, 27, rue Beaunier 75014 Paris. T. : 01 45 43 48 95 frictions@revue-frictions.net
Ce numéro peut aussi être commandé sur le site: http://www.revue-frictions.net