Un communiqué de l’Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles
Emmanuel Macron continue à se coltiner l’étiquette de Président des riches et sans doute mal conseillé, semble vouloir tout diriger depuis sa tour de contrôle à l’Elysée, notamment dans le domaine de la Culture, bien mal en point en ces temps de Corona virus.
Capture d’écran – Compte facebook de la CGT CHU de Toulouse
Les ministres semblant être priés soit de se taire soit comme le pauvre Franck Riester, prendre humblement des notes quand Jupiter parle. Et voilà qu’un petit tsunami bouleverse la monde de la Culture… Le ministre a annoncé une possible réouverture des « petits » festivals de moins de 5.000 personnes. Puis dans un étonnant rétropédalage, il a indiqué que devaient être respectées des précautions sanitaires rigoureuses. Comprenne qui pourra! Par ailleurs on savait depuis longtemps l’étrange complicité entre Macron et Philippe de Villiers, secrétaire d’Etat à la culture en 86 sous Jacques Chirac, puis député souverainiste de Vendée et président du Conseil général de ce département, et enfin député européen. Il a toujours défendu ce qu’il appelle les « racines chrétiennes » de la France… Cela a au moins le mérite d’être clair.
Mais cette décision de réouverture du Puy du Fou par Macron lui-même, après une entrevue avec le vicomte, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. On veut bien que dans ce vaste parc à thème en plein air, les risques de contagion du Corona soient plus limités. Mais bon, alors que tous les festivals de cet été ont été annulés et que toutes les grandes salles, comme les plus petits cabarets, ne pourront pas rouvrir avant octobre dans le meilleur des cas, cette décision exceptionnelle venant du plus haut de l’Etat, fait désordre et donne une image lamentable du pouvoir politique. Surtout après deux mois où, comme Macron l’a reconnu à demi-mot, les annonces se sont suivies de façon contradictoire… Comme celle concernant la fête de la Musique qui aura finalement bien lieu… Tout se passe comme si Macron multipliait les maladresses et les gaffes genre trumpien…
Malgré les précautions sanitaires prises au Puy du Fou comme ailleurs, les rassemblements importants, avec le brassage de populations venant de toute la France et de l’étranger que cela induit, sont tous à risques. Oui, mais voilà, le de Villiers très copain avec Macron a fait jouer la fibre économique et son site vendéen- une affaire de famille très rentable que dirige son fils Nicolas- est un pilier de l’activité commerciale (tous secteurs confondus) de cette région. Alors Jupiter n’a pas hésité. Et le vicomte s’est empressé de tweeter : “Merci à Emmanuel Macron de son message chaleureux. Merci d’avoir transféré le dossier du Puy du Fou Conseil de Défense. Le Puy du Fou va revivre. Le Puy du Fou vivra !” Mais là, la pilule est un peu grosse à faire avaler aux professionnels de la Culture des autres régions qui, à juste titre, pensent que l’on se moque d’eux. Et d’autant plus que les fameuses aides annoncées par différents ministres tardent à se manifester…
Le Palais de l’Elysée
Photo X
Autoritarisme de l’Elysée, mépris des corps sociaux intermédiaires, difficulté à prendre calmement les bonnes décisions, rétro-pédalages du Premier Ministre visiblement en désaccord avec le Président concernant l’affaire du Puy du fou.. Cela commence à faire beaucoup ! Gouverner, c’est prévoir mais là on est loin du compte… Macron peine à s’exprimer et ses effets d’annonce ne sont jamais très crédibles. Il devrait sans doute relire son cher Paul Ricœur: Ce qui caractérise la communication, c’est d’être unilatérale. » En effet, communiquer à tout va n’a jamais été une preuve de bonne gouvernance. Et Macron risque de le payer cher d’abord à la rentrée quand il aura choisi Gérald Darmanin comme Premier Ministre mais aussi au moment de sa réélection…
Philippe du Vignal
La Pétition:
Et un peu de la cohérence est-ce trop demander, Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre ?
Depuis les premières restrictions concernant les salles de spectacle, le 9 mars, les annonces présidentielles et gouvernementales concernant les activités artistiques et culturelles s’enchaînent de manière erratique. Comment peut-on affirmer le 16 avril que de « petits festivals » pourraient se tenir à partir du 11 mai, comme si ces milliers d’événements étaient en mesure de s’adapter d’un jour à l’autre à de nouvelles conditions d’accueil, alors qu’aujourd’hui la quasi-totalité des festivals d’été est annulée et que les festivals d’automne n’ont à ce jour aucune visibilité quant aux conditions de leur tenue ?
Comment peut-on annoncer le 15 mai que la Fête de la musique aura bien lieu, que les parcs à thèmes et les lieux de culte rouvrent, alors que l’ensemble de nos établissements sont fermés au public, qu’aucun atelier de pratiques artistiques de proximité n’est autorisé, qu’aucune équipe artistique n’a pu réellement reprendre son activité, et que la plupart des salles de spectacle ou de concert n’envisagent aucune reprise possible de la diffusion avant janvier 2021 ?
Festival d’Aurillac en 2019
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Comment peut-on interdire les événements de plus de 5.000 personnes jusqu’au 1 er septembre et les regroupements de plus de dix personnes jusqu’au 2 juin, sans limitations intermédiaires à venir, et rouvrir le Puy du Fou ?Comment peut-on faire de telles annonces alors qu’elles sont en totale contradiction avec les protocoles sanitaires promus par le ministère de la Culture pour l’ensemble des pratiques artistiques et culturelles, pour la tenue des festivals et la réouverture des lieux au public ? Comment peut-on être autant déconnecté de nos réalités professionnelles, de nos calendriers, de nos outils de travail ?Comment peut-on annoncer le 6 mai des mesures pour la culture (prolongation des droits pour les intermittents du spectacle, commandes publiques massives pour les créateurs, fonds festivals…) et n’en n’avoir, trois semaines après, aucune traduction concrète ? Comment peut-on « refonder une ambition culturelle pour la France » en « libérant les énergies créatrices et en donnant aux artistes confiance et visibilité » sans qu’aucune mesure sérieuse de politique publique ne soit prise ?
Comment peut-on annoncer pour le secteur culturel 50 millions d’euros par-ci, 5 millions par-là, alors que le tourisme, fortement dépendant de nos activités, se voit proposer une enveloppe de 18 milliards ? Comment peut-on si peu connaître les domaines de la culture qui sont faits de professionnels, organisés et structurés ? Comment peut-on nous traiter comme des amuseurs publics, des histrions égocentriques vivant par et pour leur passion, alors que nos activités ont un poids économique direct de 47,5 milliards d’euros, soit 2,2 % de l’économie française et concernent 2,4 % de sa population active ?
Comment peut-on tenir aussi peu compte des artistes et de la Culture, quand ils s’appuient sur les droits humains fondamentaux, revendiquent l’émancipation des personnes et le développement de leurs capacités ? Comment peut-on privilégier la rentabilité économique et les seules industries, au détriment de la multiplicité des forces citoyennes au service de l’intérêt général ?
Vos annonces distillées au compte-goutte, contradictoires et incohérentes épuisent les acteurs, ajoutent de la confusion à la situation, de la désespérance à la fragilisation. Souhaitez-vous vraiment que le monde des arts et de la Culture sorte de cette crise ? Alors, faites-le avec nous, pas contre nous !
Les signataires
ACTES IF – Réseau solidaire de lieux culturels franciliens
AJC – Association Jazzé Croisé
CITI – Centre International pour les Théâtres Itinérants
FAMDT – Fédération des acteurs et Actrices de Musiques et Danses Traditionnelles
FEDELIMA – Fédération de lieux de musiques actuelles
FERAROCK – Fédération des Radios Associatives Musiques actuelles
La Fédération de l’Art Urbain
FNAR – Fédération nationale des arts de la rue
FNEIJMA – Fédération Nationale des Ecoles d’Influence Jazz et Musiques actuelles
France Festivals – Fédération des festivals de musique et du spectacle vivant
FRACA-MA – Pôle région Centre-Val de Loire musiques actuelles
GRAND BUREAU – Réseau musiques actuelles Auvergne-Rhône-Alpes
OPALE – Organisation pour Projets Alternatifs d’Entreprise
OCTOPUS – Fédération des Musiques Actuelles en Occitanie
PAM – Pôle de coopération des Acteurs de la filière Musicale en Région Sud
Le Pôle – Pôle de coopération des acteurs pour les musiques actuelles en Pays de la Loire
RIF – Réseau des Musiques Actuelles en Ile-de-France
RIM – Réseau des indépendants de la musique
Le Réseau Musiques Actuelles Grand Est
SCC – Syndicat des Compagnies et Cirque de Création
SMA – Syndicat des Musiques Actuelles
SYNAVI – Syndicat national des arts vivants
THEMAA – Association Nationale des Théâtres de Marionnettes et des Arts associés
UFISC – Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles
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