La Conjuration des jardins, Enterrer les morts, Réveiller les vivants

La Conjuration des jardins, Enterrer les morts, Réveiller les vivants

Deux cent acteurs des compagnies franc-comtoises, plutôt jeunes et tout habillés de noir, se sont rassemblés place de la Révolution à Besançon, isolés les uns des autres et bien entendu masqués, selon le strict respect des consignes sanitaires. Ils  occupent un large cercle. Tout autour des groupes de moins de dix spectateurs donc respectant là aussi ces mêmes consignes…

Photo X

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Arrive un cercueil porté par quatre acteurs, qu’ils déposent sur des tréteaux au centre de la place. Pendant que résonne le célèbre et magnifique Messie de Friederich Haendel. Les services de sécurité essayent  de disperser tout le monde mais finalement laisseront ce happening se dérouler comme prévu. Tous les acteurs restent chacun dans un rond, qu’ils forment de la farine puis s’en saupoudrent avec la main  gauche,  puis enlèvent leur masque. Immobiles, ils se frappent la poitrine pour  faire voler la farine. Camille et Césaire brandissent des drapeaux avec côté face: Enterrer les morts et côté pile: Réveiller les vivants…

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Public et acteurs restent silencieux; on entend le kaddish d’Armand Amar un rituel klezmer polonais chanté aux enterrements. Finalement, personne ne sera inquiété par la Police pour ce splendide hommage funéraire.

Ce fut un beau moment revigorant que cet acte poétique avec un ciel bleu et la joie d’être ensemble. Le public était  visiblement touché…

 

 


Edith Rappoport

Place de la Révolution, Besançon (Doubs)  le 26 mai.

Résumé filmé https://youtu.be/GoEO2PHIURY


Archive pour 27 mai, 2020

A l’Université populaire, un article d’une collègue critique dramatique

A l’Université populaire, un article d’une collègue critique dramatique

C’est le meilleur théâtre de Paris, le plus riche et le plus varié. La Comédie-Française, l’Odéon, au besoin, l’Opéra et l’Opéra-Comique lui fournissent des vedettes, Le Parlement et l’Académie des conférenciers. Il y a des chiens savants, des jongleurs ; c’est le seul endroit où les mimes prennent la parole et où l’on voit, comme dimanche soir, des chansonniers débuter dans la pantomime.

 

L'Ecole des femmes, mise en scène  au Théâtre de l'Odéon de Stéphane Braunschweig en 2018

L’Ecole des femmes, mise en scène au Théâtre de l’Odéon de Stéphane Braunschweig en 2018


Et que parlez-vous de « troupes homogènes » ? L’interprétation de L’École des femmes rassemblait des comédiens de l’Odéon, du Fémina, de l’Athénée, autour d’une surprenante Agnès, une fluette enfant du faubourg, touchante et neuve, et pas même maquillée sous sa cornette de linge. La bonne volonté ébauche, à l’Université populaire, des miracles que le public parachève. Car le « meilleur théâtre de Paris » s’emplit du « meilleur public ». Il n’y en n’a pas de plus avide de plus sensible. Si la flatterie le blesse, s’il se replie sous la cordialité maladroite, il attend et reçoit la parole de l’orateur ou du comédien comme une chose précieuse et tangible ; certains visages tendus ont l’air, sur les bancs les plus proches de la scène, de vouloir happer un fruit.C’est véritablement l’élite intelligente d’un peuple qui se rassemble ici, respectueuse des textes qu’on lui lit, courtois au point de se retenir, jusqu’au baisser du rideau, la toux et les applaudissements. Presque tous ceux qui viennent passer ici la soirée sacrifient quelques heures de leur sommeil. Ils portent encore sur eux, hommes et femmes, des brins de fil, des paillettes de métal fondu, de taches de vernis ou d’acide. La plupart des femmes et des jeunes filles appartiennent à la fine race de Paris, qui a des petites mains et des yeux vifs. Dimanche soir, parmi la foule qui s’écrasait dans la salle et montait le long des murs comme une eau refoulée, il n’y avait pas un seul homme qui eût « un verre de trop ». Et il faut bien que l’Université populaire soit un lieu unique, où le zèle des camarades machinistes, des camarades figurants, des camarades metteurs en scène est si contagieux qu’on pouvait, ce même dimanche, sous l’apparence un peu poudreuse d’un accessoiriste improvisé qui portait bravement une échelle, reconnaître M. Simyan, ancien ministre, rapporteur du budget des Beaux Arts.

Jeu : de quand date ce texte? Sûrement pas d’hier mais peut-être d’après-demain, quand quelques-uns auront retrouvé le goût du théâtre populaire. Comme l’annonce pour « après », parmi d’autres,  le Théâtre de la Ville à Paris, avec son programme :Tenir Parole. À savoir: être fidèle à ses engagements et donner toute sa place à la parole et à la connaissance.

Chiche : voici venu le moment de travailler et beaucoup s’emploient en ce mois de mai pas encore réellement déconfiné, à ce que le théâtre ressurgisse de l’ombre. Là encore, on n’y peut rien, mais le mot est sévère. Suffit !  Assez d’ombre ! On aimerait bien, puisque ministre de la Culture il y a, que Frank Riester fasse un peu la lumière sur sa politique. Mais les artistes n’attendent pas, contre peurs et rumeurs et avant tout contre la démagogie, « la flatterie qui blesse,  la cordialité maladroite » AVT_Sidonie-Gabrielle-Colette_8570

De qui, cet article, plein d’une heureuse confiance dans les artistes et un peuple curieux, intelligent, joyeux, ni méprisé ni méprisant ? De l’écrivaine Colette  (paru dans Le Matin en février 1914. Elle n’a jamais été, jamais voulu être une « tête politique », mais, ce jour là une belle politique culturelle s’est imposée à elle, tout simplement. Ce texte a été  de nouveau publié en 1918, rassemblé avec d’autres où elle relate l’arrestation de la bande à Bonnot, la visite du roi d‘Angleterre sous le titre : Dans la foule. Où l’on voit la différence entre foule et… peuple. Colette a été ensuite chargée de la critique dramatique à L’Eclair en 1918.

Christine Friedel

On trouvera Dans la foule, dans le premier volume des œuvres de Colette, (1873-1954) collections Bouquins, Robert Laffont, 2019.

Un communiqué de l’Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles

Un communiqué de  l’Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles

Emmanuel Macron continue à se coltiner l’étiquette de Président des riches et sans doute mal conseillé, semble vouloir tout diriger depuis sa tour de contrôle à l’Elysée, notamment dans le domaine de la Culture, bien mal en point en ces temps de Corona virus.

Capture d'écran - Compte facebook de la CGT CHU de Toulouse

Capture d’écran – Compte facebook de la CGT CHU de Toulouse

Les ministres semblant être priés soit de se taire soit comme le pauvre Franck Riester, prendre humblement des notes quand Jupiter parle. Et voilà qu’un petit tsunami bouleverse la monde  de la Culture… Le ministre a annoncé une possible réouverture des « petits » festivals de moins de 5.000 personnes. Puis dans un étonnant rétropédalage, il a indiqué que devaient être respectées  des précautions sanitaires rigoureuses. Comprenne qui pourra! Par ailleurs on savait depuis longtemps l’étrange complicité entre Macron et Philippe de Villiers, secrétaire d’Etat à la culture en 86 sous Jacques Chirac, puis député souverainiste de Vendée et président du Conseil général de ce département, et enfin député européen. Il a toujours défendu ce qu’il appelle les « racines chrétiennes » de la France… Cela a au moins le mérite d’être clair.

Mais cette décision de réouverture du Puy du Fou par Macron lui-même, après une entrevue avec le vicomte, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. On veut bien que dans ce vaste parc à thème en plein air, les risques de contagion du Corona soient plus limités. XVM7b0f846c-9ddc-11ea-b283-52467c942af2Mais bon, alors que tous les festivals de cet été ont été annulés et que toutes les grandes salles, comme les plus petits cabarets, ne pourront pas rouvrir avant octobre dans le meilleur des cas, cette décision exceptionnelle venant du plus haut de l’Etat, fait désordre et donne une image lamentable du pouvoir politique. Surtout après deux mois où, comme Macron l’a reconnu à demi-mot, les annonces se sont suivies de façon contradictoire… Comme celle concernant la fête de la Musique qui aura finalement bien lieu… Tout se passe comme si Macron multipliait les maladresses et les gaffes genre  trumpien…

Malgré les précautions sanitaires prises au Puy du Fou  comme ailleurs, les rassemblements importants, avec le brassage de populations venant de toute la France et de l’étranger que cela induit, sont tous à risques. Oui, mais voilà, le de Villiers très copain avec Macron a fait jouer la fibre économique et son site vendéen- une affaire de famille très rentable que dirige  son fils Nicolas-  est un pilier de l’activité commerciale (tous secteurs confondus) de cette  région. Alors Jupiter n’a pas hésité. Et le vicomte  s’est empressé de tweeter : Merci à Emmanuel Macron de son message chaleureux. Merci d’avoir transféré le dossier du Puy du Fou Conseil de Défense. Le Puy du Fou va revivre. Le Puy du Fou vivra !” Mais là, la pilule est un peu grosse  à faire avaler aux professionnels de la Culture des autres régions qui, à juste titre, pensent que l’on se moque d’eux. Et d’autant plus que les fameuses aides annoncées par différents ministres tardent à se manifester…

 

Le Palais de l'Elysée Photo X

Le Palais de l’Elysée
Photo X

Autoritarisme de l’Elysée, mépris des corps sociaux intermédiaires, difficulté à prendre calmement les bonnes décisions, rétro-pédalages du Premier Ministre visiblement en désaccord avec le Président concernant l’affaire du Puy du fou.. Cela commence à faire beaucoup ! Gouverner, c’est prévoir mais là on est loin du compte… Macron peine à s’exprimer et ses effets d’annonce ne sont jamais très crédibles. Il devrait sans doute relire son cher Paul Ricœur: Ce qui caractérise la communication, c’est d’être unilatérale. » En effet, communiquer à tout va n’a jamais été une preuve de bonne gouvernance. Et Macron risque de le payer cher d’abord  à la rentrée quand il aura choisi Gérald Darmanin comme Premier Ministre mais aussi au moment de sa réélection…

 

Philippe du Vignal 

 

La Pétition:

 Et un peu de la cohérence est-ce trop demander, Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre ?

Depuis les premières restrictions concernant les salles de spectacle, le 9 mars, les annonces présidentielles et gouvernementales concernant les activités artistiques et culturelles s’enchaînent de manière erratique. Comment peut-on affirmer le 16 avril que de « petits festivals » pourraient se tenir à partir du 11 mai, comme si ces milliers d’événements étaient en mesure de s’adapter d’un jour à l’autre à de nouvelles conditions d’accueil, alors qu’aujourd’hui la quasi-totalité des festivals d’été est annulée et que les festivals d’automne n’ont à ce jour aucune visibilité quant aux conditions de leur tenue ?
Comment peut-on annoncer le 15 mai que la Fête de la musique aura bien lieu, que les parcs à thèmes et les lieux de culte rouvrent, alors que l’ensemble de nos établissements sont fermés au public, qu’aucun atelier de pratiques artistiques de proximité n’est autorisé, qu’aucune équipe artistique n’a pu réellement reprendre son activité, et que la plupart des salles de spectacle ou de concert n’envisagent aucune reprise possible de la diffusion avant janvier 2021 ?

 

Festival d'Aurillac Photo X

Festival d’Aurillac en 2019
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Comment peut-on interdire les événements de plus de 5.000 personnes jusqu’au 1 er septembre  et les regroupements de plus de dix personnes jusqu’au 2 juin, sans limitations intermédiaires à venir, et rouvrir le Puy du Fou ?Comment peut-on faire de telles annonces alors qu’elles sont en totale contradiction avec les protocoles sanitaires promus par le ministère de la Culture pour l’ensemble des pratiques artistiques et culturelles, pour la tenue des festivals et la réouverture des lieux au public ? Comment peut-on être autant déconnecté de nos réalités professionnelles, de nos calendriers, de nos outils de travail ?Comment peut-on annoncer le 6 mai des mesures pour la culture (prolongation des droits pour les intermittents du spectacle, commandes publiques massives pour les créateurs, fonds festivals…) et n’en n’avoir, trois semaines après, aucune traduction concrète ? Comment peut-on « refonder une ambition culturelle pour la France » en « libérant les énergies créatrices et en donnant aux artistes confiance et visibilité » sans qu’aucune mesure sérieuse de politique publique ne soit prise ?

Comment peut-on annoncer pour le secteur culturel 50 millions d’euros par-ci, 5 millions par-là, alors que le tourisme, fortement dépendant de nos activités, se voit proposer une enveloppe de 18 milliards ? Comment peut-on si peu connaître les domaines de la culture qui sont faits de professionnels, organisés et structurés ? Comment peut-on nous traiter comme des amuseurs publics, des histrions égocentriques vivant par et pour leur passion, alors que nos activités ont un poids économique direct de 47,5 milliards d’euros, soit 2,2 % de l’économie française et concernent 2,4 % de sa population active ?

Comment peut-on tenir aussi peu compte des artistes et de la Culture, quand ils s’appuient sur les droits humains fondamentaux, revendiquent l’émancipation des personnes et le développement de leurs capacités ? Comment peut-on privilégier la rentabilité économique et les seules industries, au détriment de la multiplicité des forces citoyennes au service de l’intérêt général ?

Vos annonces distillées au compte-goutte, contradictoires et incohérentes épuisent les acteurs, ajoutent de la confusion à la situation, de la désespérance à la fragilisation. Souhaitez-vous vraiment que le monde des arts et de la Culture sorte de cette crise ? Alors, faites-le avec nous, pas contre nous !

Les signataires

ACTES IF – Réseau solidaire de lieux culturels franciliens
AJC – Association Jazzé Croisé
CITI – Centre International pour les Théâtres Itinérants
FAMDT – Fédération des acteurs et Actrices de Musiques et Danses Traditionnelles
FEDELIMA – Fédération de lieux de musiques actuelles
FERAROCK – Fédération des Radios Associatives Musiques actuelles
La Fédération de l’Art Urbain
FNAR – Fédération nationale des arts de la rue
FNEIJMA – Fédération Nationale des Ecoles d’Influence Jazz et Musiques actuelles
France Festivals – Fédération des festivals de musique et du spectacle vivant
FRACA-MA – Pôle région Centre-Val de Loire musiques actuelles
GRAND BUREAU – Réseau musiques actuelles Auvergne-Rhône-Alpes
OPALE – Organisation pour Projets Alternatifs d’Entreprise
OCTOPUS – Fédération des Musiques Actuelles en Occitanie
PAM – Pôle de coopération des Acteurs de la filière Musicale en Région Sud
Le Pôle – Pôle de coopération des acteurs pour les musiques actuelles en Pays de la Loire
RIF – Réseau des Musiques Actuelles en Ile-de-France
RIM – Réseau des indépendants de la musique
Le Réseau Musiques Actuelles Grand Est
SCC – Syndicat des Compagnies et Cirque de Création
SMA – Syndicat des Musiques Actuelles
SYNAVI – Syndicat national des arts vivants
THEMAA – Association Nationale des Théâtres de Marionnettes et des Arts associés
UFISC – Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles

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