Adieu Guy Bedos

Adieu Guy Bedos

 Il avait 85 ans; d’origine algéroise, il était arrivé à Paris à quinze ans avec sa mère et son nouveau mari. Et il fut vite reçu  à l’Ecole de la rue Blanche (maintenant l’E.N.S.A.T.T. à Lyon). Déjà engagé politiquement, après avoir fait une grève de la faim, il fut réformé et réussit ainsi à échapper au service militaire- c’est à dire à la guerre d’Algérie! – qui était alors de trente six mois !

Et il commença à participer comme humoriste dans des émissions de télévision et il fit plus tard en 66 un duo bien connu d’humoriste avec Sophie Daumier qui était née en 1934 et est morte en 2004 d’une maladie génétique incurable) c9bcdd5164131d4349cae3d8a3ae2cfd1246471578311501avec laquelle il se mariera. Jacques Prévert lui conseilla d’écrire des sketchs. Ce qu’il commença à faire mais jouera aussi au cinéma. Et on put le voir notamment dans Les Tricheurs de Marcel Carné en 58 ou dans Ce soir ou jamais de Michel Deville trois ans plus tard. Et surtout dans Un éléphant ça trompe énormément d’Yves Robert qui le consacra, puis dans sa suite Nous irons tous au paradis. Et  il joua dans une quarantaine de films. Il épousera ensuite Karen Blanguernon dont curieux hasard, nous vous parlions récemment ( voir Livres et revues dans Le Théâtre du Blog).

Karen Blanguernon

Karen Blanguernon

Côté théâtre, il fit déjà une mise en scène à dix-sept ans d’Arlequin poli par l’amour de Marivaux avec ses camarades de la rue Blanche, des inconnus comme… Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Michel Aumont. En 1965, Guy Bedos est à Bobino avec Barbara. Et dans un sketch avec Muriel Robin. Puis on le vit dans plusieurs texte de lui  et de son fils Nicolas; mis en scène par Jean-Michel Ribes  (2003) ou  l’année suivante dans Sortie de scène de Nicolas Bedos, mise en scène  de Daniel Benoin au Théâtre national de Nice ou Rideau encore un texte de lui, mise en scène de Roger Louret.  Ou dans Moins 2 de Samuel Benchetrit une pièce pas bien fameuse au Théâtre Hébertot (voir Le Théâtre du Blog).  Mais il joua aussi magnifiquement en 93 à Chaillot le rôle-titre de La résistible Ascension d’Arturo Ui de Bertolt Brecht, avec Bernard Ballet, Jean-Pierre Kalfon et Valérie Vogt dans une des meilleures mises en scène de Jérôme Savary .  

Guy Bedos n’a jamais caché  ses préférences pour la gauche.th Comme il le raconte dans Mémoires d’outre-mère, il eut des rapports plus que difficiles avec une mère pétainiste et surtout avec un beau-père raciste, ce qui contribua sans doute à lui forger une conduite politique engagée dès sa jeunesse. «Le premier gouvernement que j’ai eu à subir, c’est ma mère et mon beau-père. Ma constance dans la rébellion vient de là.» Et ce fut la ligne de vie de cet acteur engagé et volontiers polémiste qui n’avait pas peur de prendre des coups. Et il dut faire face à de nombreux deuils parmi ses proches. Rebelle assumé, il  ne soutenait aucun parti et reconnaissait que, politiquement, on était le plus souvent obligé de choisir entre deux inconvénients! Pas mal vu…

Guy Bedos avec les ouvriers d'Arcelor Mital Photo X

Guy Bedos avec les ouvriers d’Arcelor Mital
Photo X

Et c’est tout à son honneur, il avait soutenu l’association Droit au logement et était membre de La Ligue des Droits de l’homme et demandera aux candidats à l’élection présidentielle de déposer un projet de loi pour légaliser l’euthanasie. 
Il écrivit souvent dans Siné Hebdo, un magazine satirique créé par le dessinateur Siné. Ce polémiste infatigable et très populaire tirait à boulets rouges sur toux ceux qui avaient un quelconque pouvoir social ou politique et qui n’avaient pas l’heur de lui plaire… On se souvient notamment de son spectacle en 2013, quand il s’en prit à l’ancienne ministre Nadine Morano qui le poursuivra en justice  mais il sera relaxé… Et la Cour de cassation la déboutera de ses poursuites contre l’humoriste.

Adieu Guy Bedos, vous n’aurez pas survécu très longtemps à votre ami Jean-Loup Dabadie, auteur et scénariste mort il y deux semaines. Vous avez eu une vie bien remplie et votre présence nous manquera surtout dans le paysage du spectacle actuel… «Il était beau, il était drôle, il était libre et courageux, a dit son fils Nicolas. Comme je suis fier de t’avoir eu pour père. Embrasse Desproges et Dabadie, vu que vous êtes tous au Paradis. » Nous aussi, on aimait bien son insolence et sa générosité…

Philippe du Vignal

 

 

 

 

 

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