Derniers petits cadeaux avant l’oubli (II)
Derniers petits cadeaux avant l’oubli (II)
Nous nous étions trompés : quand il n’y en a plus, il y en a encore de ces cadeaux de confinement, avec bien sûr du meilleur et du… moins bon. Rappelons d’abord le mythique Elvire Jouvet 40 fimé par Benoît Jacquot; Brigitte Jaques avait mis en scène avec une empathie évidente, des extraits des sept leçons rassemblées dans de Molière et la comédie classique * et que donna le grand acteur et metteur en scène Louis Jouvet (1887-1951) au Conservatoire National en 1940. Il dirige ici la jeune Claudia dans le personnage extraordinaire d’Elvire dans Dom Juan.
Ce spectacle exemplaire fut créé par Brigitte Jaques avec Maria de Medeiros et le formidable Philippe Clévenot (1942-2001) qui repose en paix dans le petit cimetière de Villerville, un beau petit village normand dominant la mer et qui abrite-exceptionnel dans le théâtre français, deux autres grands acteurs : Fernand Ledoux (1897-1993) que nous avions vu dans les années cinquante, remarquable dans Tartuffe à la Comédie-Française et Jean-Yves Dubois et l’un des meilleurs comédiens d’Antoine Vitez, mort accidentellement en 2003 . Un lieu décidément artistique puisqu’y fut aussi tournée une scène d’Un Singe en hiver par Herni Verneuil en 1962, avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. Hasard théâtral ? Dans ce tout petit et beau village normand a été créé un excellent petit festival longtemps dirigé par Alain Desnot et qui aura quand même lieu cette année dans des conditions sanitaires strictes. Cette année, il a passé le relais à Matéo Riz, un jeune comédien… On vous en reparlera.
Encore Dom Juan, une des meilleures ouvres du théâtre français avec des scènes cultes : vous pouvez aussi voir l’adaptation de Jean Lambert-wild, sans doute inégale mais le metteur en scène et directeur du Centre National Dramatique de Limoges a eu le mérite de renouveler la vision que l’on a de la pièce, en la tirant vers l’art du clown et le comique. Avec, sur le plateau, les quatre acteurs musiciens de l’Ovale, un orchestre burlesque suisse (voir Le Théâtre du Blog). Jean Lambert-wild reprend ici certain aspects de Gramblanc, son clown blanc comme dans Richard III ou Lucky dans En attendant Godot. Et il y a un très bon Sganarelle qu’interprète Yaya Mbilé Bitang. Avec en alternance, quatre des quinze jeunes comédien(e)s de l’École Supérieure Professionnelle de Théâtre-L’Académie pour jouer Elvire, Charlotte, Don Carlos et le Mendiant…
théâtre contemporain.net
Hate un spectacle de Laetitia Dosch, mise en scène d’Yuval Rozman et Laetitia Dosch (déconseillé aux moins de treize ans
Ce spectacle a été créé il y a tout juste deux ans au Théâtre Vidy–Lausanne par cette comédienne qui avait été inspiré avec Le Bac à sable inspirée par Zouc, la grande humoriste Suisse. Dans Hate, elle joue absolument nue et dialogue avec Corazon, un cheval son unique partenaire sur le plateau pendant un peu plus d’une heure.
Laetitia Dosch chante quelques petites chansons rap, nous raconte des histoires intimes et nous parle de ses engagements en politique… Mais compte surtout ici, une sorte d’amour fou entre une femme et un cheval. Avec de magnifiques images poétiques, dans une belle scénographie de Philippe Quesne, le directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers, d’après une peinture d’Albert Bierstadt, ce remarquable paysagiste allemand devenu américain, pas assez connu chez nous (1830-1902 connu pour ses paysages de l’Ouest des Etats-Unis, aux belles lumières douces. Un spectacle plus plastique que théâtral, mais qui ne manque pas de charme avec des images qu’un Bob Wilson ne renierait pas.
Nanterre amandiers.com
Comparution immédiate II de Dominique Simonnot, mise en scène de Michel Didym
C’est toute la banale et lamentable histoire du jugement des flagrants délits que raconte avec un formidable talent de conteuse, semaine après semaine dans Le Canard enchaîné, sa collaboratrice. Bruno Ricci passe remarquablement d’un personnage à l’autre de cette tragédie des tribunaux correctionnels français où l’accusé, souvent étranger, comprend souvent à peine ce qui lui arrive, un president épuisé par le nombre de dossiers à traiter et un avocat, la plupart du temps commis d’office, qui a eu juste quelques minutes pour essayer d’y voir clair et défendre au moins mal son client que la vie avait déjà sérieusement malmené. Avec des jugements-couperets et souvent à de la prison ferme dont la Justice Française ne sort pas grandie. Malgré un micro HF inutile, un court mais bon spectacle et dont la captation rend bien compte. Mais aussi une magistrale leçon d’interprétation…
théâtre.contemporain.net
* Molière et la comédie classique est édité chez Gallimard.