Focus Grand Rue Haïti au Studio Boissière à Montreuil
Focus Grand Rue Haïti au Studio Boissière à Montreuil
Avec des écrivains, peintres, sculpteurs, photographes, musiciens et performeurs mais aussi DO-KRE-I-S, revue annuelle bilingue (créole, français) et la revue Intranqu’îllités : au moment où l’on retrouve le goût de sortir et d’aller à la rencontre de nos contemporains, quoi de plus stimulant que les œuvres engagées de ces artistes de la récupération et de l’imaginaire venus de Port-au-Prince ? L’initiative revient au Studio Boissière, lieu original et associatif à Montreuil, qui disposait déjà d’une petite collection. Cet ancien studio photo a aussi de très belles archives dont les tirages sophistiqués, voisinent avec des œuvres empreintes de spiritualité et de colère d’artistes de la Grand Rue à Port-au Prince…
Dénuement, sexualité, monstruosité, identité : autant de liens qui tendent les œuvres entre elles, mettant à nu le mode de vie précaire des artistes comme le lien qu’ils glorifient avec les divinités du vaudou. Quelques tableaux et objets de cérémonie complètent l’exposition.
Dans ce lieu plutôt modeste, les organisateurs n’ont eu aucun mal à réinventer les espaces où travaillent les artistes de ce quartier très pauvre de Port-au-Prince, à l’origine du mouvement Atis Rezistans. Des matériaux récupérés : calandres de radiateurs de camion, rebuts métalliques, capsules, éclats de verre, morceaux de tissus, connaissent entre leurs mains une fortune imprévue, une transformation quasi magique. Le monde des vivants et celui des morts conversent dans ces murs : ici, l’invisible séjourne et la fête des corps ressemble à un exorcisme nocturne.
L’exposition rassemble, outre les créations de Françaises Leah Gordon qui a photographié, entre autres, les festivités pré-carême du mardi gras à Jacmel, une ville du sud du pays et Barbara d’Antuono, peintre, sculptrice. Mais aussi de jeunes créateurs haïtiens : les peintre Hérold Pierre Louis Hérold et Lesly Pierre Paul Lesly. Et des artistes confirmés: le sculpteur André Eugène, Céleur Jean Hérard, le vidéaste Maksaens Denis, la peintre Catherine Ursin…
Et des Haïtiens travaillant en Belgique et en France comme Élodie Barthélémy, peintre et sculptrice, Henry Roy, écrivain, photographe et vidéaste… Certains, dont Pascale Monnin, peintre, graveuse et sculptrice mais aussi fondatrice de l’Association Passagers des Vents et de la revue IntranQu’îllités, ont déjà exposé aux Biennales de Venise, Miami, Sydney, Port-au-Prince… ou au Grand Palais, à La Villette ou à la galerie Agnès B à Paris.
En février dernier, la Grand Rue a dû faire face à un incendie qui a détruit des œuvres mais aussi des ateliers artisanaux. En mars, à l’annonce du confinement, la fondation du mécène Antoine de Galbert a voulu aider le monde de l’art contemporain et le Studio Boissière a pu ainsi bénéficier d’un fonds de soutien pour tous les artistes exposés et on peut bien entendu acheter aussi des œuvres, ce qui leur permettra de poursuivre leur travail. Vu la situation actuelle particulièrement difficile en Haïti, il s’agit tout simplement pour eux de survie !
Marie-Agnès Sevestre
Studio Boissière 268, boulevard Aristide Briand, Montreuil (Seine-Saint-Denis), tous les jours jusqu’au 17 juillet.
Soirée Musique le 24 juin avec Claude Saturne et Jean Mary Louissaint joueurs de tambours sacrés haïtiens.
Soirée Littérature le 1er juillet avec la revue DO.KRE.I.S.
Le Studio est ouvert dans le respect des normes sanitaires en vigueur, du mercredi au samedi de 13 h à 21 h ou sur rendez-vous.
Pour l’évolution du programme: Facebook : MAP DANSE ANBA LAPLI Focus Grand Rue ou STUDIO BOISSIERE
Maccha Kasparian : + 33 698 665 267 studioboissiere.montreuil@gmail.com et Catherine Ursin : + 33 614 683 337 catherine.ursin@gmail.com