Le festival Humour et Eau salée à Saint-Georges-de-Didonne

 Le festival Humour et Eau salée à Saint-Georges-de-Didonne

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 Maintenir un festival contre vents et marées dans les conditions sanitaires actuelles et rassembler un public hétérogène dans cette station balnéaire qui jouxte Royan, reste un pari. Ici, on trouve aussi bien des touristes que des habitants de cette petite ville et des environs, qui bénéficient par ailleurs d’une programmation de spectacles et de films sur toute l’année…

Renouveler le répertoire d’une manifestation créée en 1986, avec une forte exigence artistique et la volonté de présenter l’humour sous toutes ses facettes: grinçant, décalé, poétique, voire irrévérencieux, tient de la gageure. Denis Lecat qui a repris les rênes de ce festival il y quatre ans  (voir Le Théâtre du Blog) et son équipe de dix permanents et de cinquante bénévoles, peuvent être satisfaits:  le public de petits et grands, était au rendez-vous, tous respectueux des gestes-barrière.

Les artistes étaient heureux de pouvoir enfin se produire après des mois d’absence et pour certains, une unique fois cet été!  Comme le chanteur Frédéric Fromet, la compagnie Le Plus Petit Espace Possible ou le collectif Gonzo.

Le programme du festival, à la hauteur des ambitions du directeur, nous a fait découvrir dans la rue comme sur une scène installée dans le stade municipal, de bons spectacles, déclinant les thèmatiques croisées   »musique et bricolage ».

Sur ce thème, un atelier d’écriture, conduit par Julien Barre,  a permis à des spectateurs de présenter une joute oratoire conçue en trois jours : du bel ouvrage compte-tenu du temps imparti. Avec une initiation à la poésie slamée qui donnera à certains l’envie de continuer…

 Delinus 03 une compagnie néerlandaise, a baladé son mini-minibus tout au long de la plage et sur les places, sans vraiment d’horaire fixe. Deux grands gaillards offraient aux spectateurs gagnants à un jeu, un petit tour dans leur minuscule véhicule mais cette année, distanciation oblige, avec deux personnes au lieu des sept qui pouvaient s’y entasser!

 Skryf et Blom

Plus poétique, Gijs van Bon, lui aussi néerlandais, a tracé des phrases de grands auteurs à savourer (Skryf) ou  des fleurs (Blom) à colorier sur le bitume, avec une étrange imprimante géante… déroulant une singulière tapisserie sur le front de mer.

La Fanfare d’occasion

La compagnie le Plus Petit Espace Possible a donné, elle, une aubade jazzy sur la place de la Résistance, utilisant le mobilier urbain comme caisse de résonance : boîte à livres, poubelles et sonnettes de vélo… Tout était bon pour accompagner les accents à la Carla Bley du  saxophone, du trombone et du tuba, tandis qu’une danseuse espiègle incitait les badauds à la rejoindre pour une valse lente…

 Mobylette par la compagnie le Plus Petit Espace Possible

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Photo JL Verdier

Les trois actrices ont exploré leur coffre à jouets et leur batterie de cuisine pour ce spectacle musical avec un tuba, quatre-vingt trois objets et des instruments à vent ou à percussion de fortune.  Sur cette arche de Noé modèle réduit, les pingouins, chassés de leur banquise devenue liquide,  prennent un petit train à vapeur, des oiseaux miniatures se bagarrent à coup de sifflet, un entonnoir abouché à un tube devient la flûte d’un charmeur de serpent ; un lapin et des poissons rejoignent ce bestiaire sonore où tout accessoire se transforme en trouvaille poétique pour quarante minutes de bonheur théâtral…

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Mon Grand-Oncle de Sebastian Lazennec

 Mon Grand-Oncle de et par Sébastian Lazennec  du Groupe Déjà

 L’auteur-interprète nous invite chez son grand-oncle, récemment décédé. Il doit, selon les dernières volontés de l’aïeul, ouvrir son testament en présence de ses amis. Éclopé, le cheveux gras, la mine triste, visiblement le neveu n’en a pas : aux spectateurs d’en tenir lieu. Une odeur de renfermé nous saisit dans le repaire du défunt, amoureux de la montagne et obsédé des chaussures… Le comédien fait revivre son parent et le drame familial commun à travers les trophées qui peuplent cet antre sombre et sinistre. Une drôle et émouvante évocation d’une absence … Et la révélation d’un artiste insolite.

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Constance Photo X

Pot pourri de et par Constance

 La fantaisiste, connue pour ses saillies sur France-Inter, interprète ici une série de portraits féminins. « Quand j’enfile un costume  -j’adore ce mot enfiler- je peux devenir tous les gens. » En bourgeoise bcbg, intello snobinarde, petite fille perverse, mère homophobe et culpabilisante, bonne sœur vouant un culte  «inébranlable » au saint pénis, ou infirmière scolaire hyper-sexy elle se permet les pires blagues salaces.

Cet humour, décalé dans la bouche de cette jeune femme et dégoisé avec brio décoiffe jusqu’au public le plus coincé. Si certains sketches sont moins bien écrits que d’autres ou frisent parfois le vulgaire on ne peut denier à Constance un talent de comédienne, habile à épingler ses personnages. Mais on n’arrive pas à trouver une ligne directrice dans cette enfilade de numéros de bric et de broc.

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Paul Staïcu

 Une Vie de pianiste de Paul Staïcu, mise en scène d’Agnès Boury

 Né d’une famille de grands interprètes, le jeune virtuose quitte sa Roumanie natale pour l’Europe de la liberté. Évasion rocambolesque qui l’amène à gagner sa vie dans des pianos-bars, avant d’entrer au Conservatoire National à Paris… Dans cette autobiographie musicale, il nous raconte avec ses mots et sur son clavier, ses études à l’école de musique de Bucarest, sous la dictature de Ceausescu, où l’on bûchait d’arrache-pied les classiques. Mais on écoutait aussi en douce le jazz -bien sûr interdit-  sur la radio clandestine Free Europe. Paul Staïcu accompagne son récit d’ exercices de style au piano, à la fois époustouflants et drôles.

Il en profite pour inciter les spectateurs à jouer de la musique, surtout ceux qui avaient commencé et qui ont abandonné. Le monde est rempli, dit-il, de musiciens amateurs : d’après un sondage de l’institut B.V.A., ils seraient en France 56 % à «rêver de piano » et 37 % à être passés à l’acte. Quant à avoir persévéré… Tous instruments confondus, ils ne sont que 10 % en activité… Et bien peu sans doute à atteindre jamais le niveau de cet artiste. Avec l’humour en prime. Mélomane ou pas, on apprécie cette Vie de pianiste. Une belle découverte.

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Les Cabanes photo JL Verdier

 Les Cabanes par le collectif Gonzo

 Dans le style musique et bricolage, cette « ballade en stéréo et tôles ondulées » remplit le contrat.  Dans leur cabane en bambous et  en ferraille, un poète et ses deux acolytes nous invitent à un concert joué sur des instruments construits à partir d’objets recyclés. Eric Pelletier est le plus bricoleur du trio et invente de drôles de machines à partir d’éléments trouvés à la déchetterie de Parthenay (Deux-Sèvres) où le collectif Gonzo a élu domicile. Pour les percussions : bouteilles, bidons, casseroles et couvercles prennent des allures de batterie… Une boîte de cigares ancienne devient une guitare et, dans une valise, un petit piano d’enfant converti en boîte à musique et relayé par un mécanisme d’imprimante,  actionne des touches frappant des casseroles… Il y a aussi des gags visuels : un diable sort d’une caisse,  tandis que le poète raconte une fable rurale. Petit Eden,  cette cabane dans les bois façon Walden invôté à des sons et des textes bucoliques, mais on pense à ceux qui, « dans de drôles de cahutes, incrustés au béton des ponts, sont les urbains précaires d’une « condition humaine bafouée,  évoqués dans la dernière chanson de Laurent Baudouin. Une sorte d’art brut musical très réussi.

 D’autres spectacles ont fait le plein, comme ce Concert hydrophonique, une création de la compagnie les Cubiténistes. Avec des récipients en tout genre, manipulés pour faire circuler de l’eau dans des centaines de tubes et tuyaux. Un assemblage de quarante-cinq instruments  : clepsydres, compresseurs, machine à bulles …, deux cents mètres de tuyaux, trois cents de câbles et quarante litres d’eau. Le tout pour créer une symphonie aquatique. On se croirait dans la soute d’un sous-marin. En clôture de festival, Frédéric Fromet, connu pour sa participation à Par Jupiter sur France-Inter, fait entendre de nouvelles chansons, écrites pendant le confinement… à la fois poétiques et polémiques…

Thème de la prochaine édition de ce festival : «Danse et Sauve ta planète ». la chorégraphe Agnès Pelletier en sera l’artiste associée. En attendant, Denis Lecat ouvrira sa prochaine saison culturelle avec une quarantaine de spectacles, au Relais de la Côte de beauté à Saint-Georges-de-Didonne (276 places)  et à la salle multiculturelle de Breuillet (300 places). Il programme aussi plus d’une centaine de films au Relais, salle Jacques Villeret comme au cinéma Le Cristal à Ronce-Les-Bains. Il a aussi créé un festival de cinéma Jeune Public, « Les P’tits devant l’écran ! »

Denis Lecat développe toutes ces actions au sein de l’association Créa (nom local de l’esturgeon) et envisage, grâce notamment au soutien de la nouvelle municipalité, de mener d’autres projets culturels et pédagogiques sur ce territoire qui verrait ainsi son image renforcée par une offre culturelle de grande qualité. 

 Mireille Davidovici

Le festival Humour et Eau salée a eu lieu du 1er au 7 août.

Association Créa, 136 boulevard de la Côte de Beauté, Saint-Georges-de-Didonne (Charente-Maritime). T. : 05 46 06 87 98.

 Une Vie de pianiste, Studio Hébertot, Paris, du 3 septembre au 27 octobre. www.uneviedepianiste.com

Mobylette et la Fanfare d’occasion : lepluspetitespaceposible.com

Mon Grand-Oncle, Groupe déjà : www.groupedeja.com

Les Cabanes : collectifgonzo@collectifgonzo.fr

Constance/Pot pourri  : www.constance-officiel.fr

Fredéric Fromet chante l’amour : www.fredericfromet.fr

Concert hydrophonique : www.cubiteniste.com


Archive pour 9 août, 2020

Un message depuis Beyrouth d’Hala Mouganie

Un message depuis Beyrouth d’Hala Mouganie

Cette autrice libanaise, lauréate du Prix R.F.I. Théâtre en 2015 ( voir Le Théâtre du blog) s’est fait l’écho de la colère qui gronde à Beyrouth après l’explosion qui l’a dévastée. «Il y a quelque chose du  soulagement dans la déflagration monstre de ce soir. Et ce ce que subissent les Libanais depuis longtemps est palpable. Puisqu’il s’incarne dans le corps du territoire et celui des hommes et des femmes, il peut porter son nom légitime. Et être reconnu.Ce que que nous peinions à formuler parce qu’il est insidieux, systémique, ancré dans nos moelles épinières jusqu’à en devenir commun, s’appelle: la violence. Elle est politique, émotionnelle, intellectuelle, humaine. Son paroxysme – et sa réalisation la plus cruelle- a été atteint ce soir.

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Je souhaite que demain, une fois notre gueule de bois terminée, nous nous liguions tous pour demander des comptes à cet Etat qui fait défaut, qui nous dépossède, qui nous humilie et nous réduit au désespoir! Il foule au pied notre dignité, et par négligence, a mis en danger la vie d’autrui. Non, pire: il a commis un homicide, des homicides contre son propre peuple. Demain, laissons place à la colère. Amis, vous êtes nombreux à vouloir vous mobiliser. Si vous voulez envoyer une aide financière, je vous en prie, faites en sorte qu’elle arrive directement aux associations libanaises. Elles sont sur le terrain, aussi touchées que nous tous et ont besoin de votre soutien. Et vos sous n’iront pas en frais d’expatriation…

Voici une liste non exhaustive:

LEBANESE RED CROSS : https://www.supportlrc.app/donate/

BEIT EL BARAKA : https://www.beitelbaraka.org/

IMPACT LEBANON : https://www.justgiving.com/crowdfunding/lebanon-relief

LEBANESE FOOD BANKS : https://lebanesefoodbank.org/donate/

OFFRE JOIE: https://www.givingloop.org/offrejoie

BAYTNA BAYTAK (housing help) : https://www.gofundme.com/f/help-beirut-explosion »

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