Entretien avec Matéo Chichacki, directeur du festival de Villerville
Entretien avec Matéo Chichacki, directeur du festival de Villerville
-Alain Desnot qui a créé et dirigé ce festival pendant six ans, a souhaité passer la main et vous a choisi pour lui succéder. Fait exceptionnel, vous êtes nommé directeur à seulement vingt-trois ans…
-C’est étrange mais j’ai par la force des choses, toujours travaillé comme acteur avec des gens plus âgés que moi. Sans difficulté. C’est un « petit » festival dans un village mais cela implique comme ailleurs des responsabilités administratives et artistiques. Je demande régulièrement conseil à Alain mais il a choisi cette année de ne pas venir pour qu’il n’y ait pas d’interférences. Vu la crise sanitaire actuelle, ce sera une édition limitée; j’ai voulu qu’elle ait quand même lieu mais sur un seul site: l’ancien garage.
Cette programmation sera plus facile à gérer pour le jeune directeur que je suis. Et j’ai mis l’accent sur des auteurs contemporains. Mais restent les contraintes d’ordre sanitaire, pas toujours simples à gérer: distanciation physique, mise en place de parcours fléchés avec flacons de gel hydro-alcoolique, billetterie et contrôle des entrées adaptés, réservation par internet avec quand même un petit quota de places à garder. Mais bon, nous n’avons pas de salle de 300 places et Un festival à Villerville est une petite manifestation. Le Nouveau Théâtre Populaire, près d’Angers, lui, accueille 1.500 personnes par soir et pendant dix jours ! Question jauge, nous ne décidons pas et cela sera réglé au dernier moment. Le plus inquiétant…
Comme il a fallu en termes budgétaires resserrer les boulons, cet année pas de traiteur. Un cuisinier préparera, avec de nombreux bénévoles, les repas pour les artistes, techniciens et personnels d’accueil. Et il y aura une buvette pour le public. Je voudrais que le festival ait une dimension plus ludique et attire plus de jeunes; l’an prochain, si tout va bien, on mettra en place à leur intention, un camping à bas prix.
Toujours dans un souci d’économie, nous avons pu nous faire prêter des logements pour les artistes et négocier des contrats avec des gîtes ruraux. Et l’Hôtel Bellevue, qui nous consent des prix, restera notre partenaire habituel. Ces problèmes d’intendance sont capitaux dans la bonne gestion d’un festival si l’on veut mettre toutes les chances de son côté. Merci au passage à la municipalité de Villerville qui nous soutient. Comme la Région Normandie et le Département du Calvados. La D.R.A.C. ne le peut pas car je n’emploie pas assez de professionnels: ici la directrice technique est la seule rémunérée. Et moi-même, je ne pourrai pas me payer cette année. Et j’ai juste une jeune administratrice qui, elle non plus, n’est pas rémunérée mais juste défrayée.
-Autant dire que vous êtes un peu sur le fil du rasoir… Comment cela peut-il quand même fonctionner ?
-Je dois vous l’avouer: ce n’est pas facile tous les jours, notamment quand il faut cautionner le matériel qu’un grand théâtre parisien nous prête et en organiser au mieux le transport. Ou quand on dirige une équipe de bénévoles… Mais bon, à une quinzaine de jours de la première, tout est dans l’axe et j’ai heureusement avec moi ces bénévoles très motivés…
-Et pour en revenir au programme de cette septième édition hors-normes?
-J’ai essayé au maximum de diversifier les choses. Avec des acteurs et metteurs en scène reconnus et déjà venus ici les années passées comme Sylvie Orcier et Patrick Pineau. Ils créeront Black March, une pièce inédite de Claire Barrabès.Théo Askolovitch avec son équipe, met en scène La Maladie de la famille, une œuvre bien connue de Fausto Paravidino. Et Tigran Mekhitarian réalisera un Dom Juan de Molière modernisé. Sacha Ribeiro, avec sa troupe Courir à la Catastrophe, sa pièce Œuvrer son cri. Et je mettrai en scène Le Monte-Plats d’Harold Pinter. Il y aura aussi des lectures de textes contemporains, une performance et deux concerts, les vendredi et samedi. L’an prochain, je souhaiterais qu’il y ait une majorité de spectacles créés in situ. C’est une des marques de fabrique de ce festival….
Philippe du Vignal
Le festival de Villerville aura lieu du 27 au 30 août.
Réservations à partir du 18 août : par mail (à privilégier) et au: 06 71 62 21 57. Et sur place: au Garage, 10 rue du Général Leclerc, du 24 au 26 août de 14 h à 19 h et du 27 au 30 août de 10 h à 22 h.
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