Britannicus, de Jean Racine, mise en scène de Robin Renucci

Britannicus, de Jean Racine, mise en scène de Robin Renucci

Le centre de son projet, de son métier : un théâtre populaire; « élitaire pour tous », disait Antoine Vitez. Robin Renucci, avec les Tréteaux de France-Centre Dramatique National itinérant, tient le pari : « Jouer partout, et ne jamais sous-estimer l’intelligence du public. » Ce Britannicus d’un Racine considéré comme difficile, loin de nous, et au mieux,  scolaire,  le metteur en scène va tout faire pour le rendre proche. D’abord sous le chapiteau, grâce à la proximité avec les acteurs. Chaque spectateur reçoit, avec son billet, le nom d’un personnage. Le comédien qui le porte sera son guide pour entrer dans le spectacle, d’abord avec un prologue assez humoristique en alexandrins.  Il nous rappelle que, malgré sa pompe, le rythme  de ce vers est bien ancré dans la langue française comme naguère, à la banque  la pancarte: « Veuillez attendre ici qu’un guichet se libère ».

 

© Sygrid Colomiès

© Sygrid Colomiès

Ensuite, droit au but. Une  mise en scène très carrée, à plusieurs sens du terme : un tapis frappé d’une image de mosaïque illustre la grandeur antique, et cela suffira pour évoquer l’empire romain (ou un palais grec). Et à chaque coin, une entrée : du côté de chez Néron, où veille Agrippine dès la première scène, du côté de celle-ci, qu’elle aimerait plus proche de la chambre de son fils, celle qu’emprunte Britannicus avec Narcisse, son confident mal choisi, et enfin la chambre d’Octavie, épouse si délaissée qu’on ne la verra jamais, où parfois se réfugie Junie, la fiancée de Britannicus convoitée par Néron.

Le ring est en place et le combat va pouvoir commencer. Une lutte pour le pouvoir… Racine nous rappelle que, sous sa forme la plus primitive, ce pouvoir se prend dans le sang et par la capture des femmes. Une action simple : la vieille reine Agrippine, pas si vieille que ça, est supplantée par Néron,  son fils, le jeune mâle qu’elle a placé sur le trône avec l’intention de le téléguider. Mais il affirmera sa préséance en enlevant la fiancée d’un mâle plus légitime et plus faible, Britannicus. Mais pas encore très sûr de lui, il plie une fois encore devant sa mère. L’affranchi Narcisse le manipule et le pousse au pire, contre le ministre vertueux Burrhus qui croit à l’État, et non aux pulsions du désir. Tout le monde peut comprendre de quoi il retourne, même si quelques tirades échappent un peu au spectateur, d’autant que c’est joué tambour battant.

Costumes  contemporains, bien pensés ; on savourera particulièrement Néron en rock star bling bling et Agrippine en pantalons à la fois tape-à-l’œil et commode pour la célérité des renversements politiques et familiaux, face à un Burrhus  en costume sévère d’un marron désolant et à un Narcisse en blouson de voyou décomplexé qui se fait discret pour agir plus sûrement.

Revendiquée  comme une série théâtrale et politique, chaque acte formant un épisode, la tragédie n’en est pas pour autant dénaturée : inutile que « les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre », les personnages s’en chargent bien tous seuls ! Agrippine qui fut si intelligente pour conquérir le pouvoir, s’aveugle obstinément en s’y accrochant et fait tous les mauvais choix. Néron, comme dirait son confrère Oreste dans Andromaque, se « livre en aveugle au destin qui (l’) entraîne », marchant sur la voie du crime. Britannicus n’a contre lui que sa naïveté. Junie, lucide malgré sa jeunesse, et donc malheureuse, est seule droite dans ce monde de retournements de vestes et lâchetés.

Les comédiens ont répété masqués et jouent aussi masqués, ce qui les contraint à hausser la voix et l’articulation, concentrant encore davantage la force de la parole. Et cela fonctionne au mieux : on ne perd rien, ou presque, du texte.  Les corps, tendus dans une énergie permanente,  jouent directement les conflits, les attirances, les contradictions. Coup de chapeau à la troupe et mention spéciale à Nadine Darmon en Agrippine. Voilà un Britannicus puissant, intelligent, sans fioritures et qui met en valeur l’humour cynique de Racine.

« J’ai été sidéré de voir un groupe de gamins de onze ou douze ans médusés devant Britannicus, dit Nicolas Cook, le directeur de l’île de loisirs de Cergy qui a reçu les Tréteaux de France, pendant deux heures d’alexandrins, ils n’ont pas bougé, ils étaient fascinés ! A la fin, ils ont applaudi comme des fous !  « Il ne faut pas oublier que dans le mot : loisirs , il n’y a pas que le sport. Depuis quatre ans, le théâtre sur notre « Île »marche de mieux en mieux, par le bouche à oreille. Pour Le Premier homme, un spectateur s’est étonné d’avoir été captivé par un comédien lisant un livre. Mais d’Albert Camus et lu par Robin Renucci, un grand acteur populaire ! Et c’est l’histoire d’un homme comme tout le monde, pauvre, qui s’en sort par l’école.
Pour Bérénice, l’année dernière, on entendait jouer du djembé à cinquante mètres  du chapiteau. Parfois gênant, mais parfois aussi raccord avec la pièce. C’est ça aussi, le théâtre vivant ».

Christine Friedel

Conversation avec  Robin Renucci

Le metteur en scène fait bilan de ces étapes : « L’Île de France fête le théâtre ne constitue pas tout le travail d’une saison des Tréteaux de France, loin de là. C’est déjà un programme riche : nous présentions, outre Britannicus,  Le Premier Homme d’Albert Camus, que je lis avec le grand violoniste Bertrand Cervera, et  Faire forêt – variations Bartleby de Simon Grangeat, mise en scène par Solenn Goix. Mais aussi deux spectacles pour les enfants, Venavi, de Rodrigue Norman mis en scène par Olivier Letellier, un fidèle compagnon et Frissons de Magali Mougel et Johanny Bert, avec qui nous travaillons régulièrement. Et puis des petites formes en extérieur, dont La Boîte, une sorte de confessionnal où un acteur dit un texte pour un auditeur.
Ce n’est pas  le moins important : au milieu des maillots de bain et des pique-niques, les gens viennent écouter de la poésie, sans timidité. Puis ils s’enhardissent et viennent participer aux ateliers : gratuits, et ça compte : le public des Îles de loisirs n’a pas les moyens de partir, ce sont ses vacances. Et La Boîte,  en les invitant à découvrir le théâtre et la poésie, en fait partie. Certains reviennent le lendemain. C’est le vrai sens du loisir : du temps pour soi, pour s’élever ».

Les comédiens des Tréteaux prennent en charge les huit ateliers qui accompagnent les spectacles : initiation au théâtre, à la philosophie, à l’art du clown, à la lecture à voix haute, aux jeux d’ombres, au débat et à la rhétorique : Pro et contra,  un atelier inédit « parents-enfants » et même, conduit par Robin Renucci,,  un atelier de danses populaires collectives. « C’est très important pour moi, à côté de mon amour de la langue, ces voyelles, ces consonnes qui font de nous des hommes et que le masque force à porter haut. Mais le mouvement, c’est ma formation à l’école Jacques Lecoq. Danser pour le plaisir de bouger ensemble, s’approprier les rythmes : ça fait tache d’huile, tout le monde s’y met ! »

Une façon festive, joyeuse, d’entrer dans le théâtre. Ces ateliers forment de futurs spectateurs, mais surtout contribuent à la formation, à l’épanouissement des personnalités, renouant avec un projet d’éducation populaire : « Nous ne l’avons jamais lâché dit-il, et comme metteur en scène, je ne cherche pas à sidérer le public. Les spectacles de nos saisons sont bâtis autour d’une thématique : l’asservissement, la famille chez Strindberg et Molière. L’argent et les catastrophes de la financiarisation de l’économie avec Le Faiseur de Balzac, ou L’Avaleur. L’exploitation de l’homme par l’homme, mais aussi de la nature par l’homme avec La Guerre des Salamandres….
Notre prochain spectacle, Oblomov, d’après Gontcharov, posera la question du temps, notre temps que l’on tue, qu‘on nous vole, qui s’arrête… Nous avons la chance de pouvoir jouer partout, et beaucoup : notre Centre dramatique  est itinérant, donc nous n’avons pas sur les épaules la gestion d’un bâtiment, cela nous permet de mettre tous nos moyens sur notre projet artistique ».

Inséparable, on l’a vu du projet d’éducation populaire. Cet été, l’ARIA (Association des Rencontres Internationales Artistiques), dirigé par Robin Renucci n’a pas pu organiser ses stages de création en Corse. Un mois à vivre ensemble, travailler, mettre en scène, jouer, manger ensemble : la crise sanitaire l’a interdit. Mais le théâtre était quand même là, en juillet et août. Des compagnies ont été invitées à jouer et à donner des ateliers, au jour le jour, à un public « distancié » mais passionné.

Passionné : le mot de la fin, parce qu’on n’en finit pas avec le théâtre. Mot auquel il faut ajouter celui d’intelligence, au vieux sens de  complicité  parce qu’il n’y a pas de théâtre sans public et sans intelligence : soit  une analyse du monde partagée.

Ch. F.

Une adaptation par Nicolas Kerzenbaum d’Oblomov d’Ivan Gontcharov, sera créée au Centre Dramatique National de Dijon (Côte-d’Or), du 29 septembre au 3 octobre.


Archive pour 10 septembre, 2020

Tournée générale (festival dans les cafés du XIIème arrondissement de Paris

Tournée générale (deuxième édition) dans les cafés du XII ème arrondissement de Paris

 

Après une première édition lancée en quelques semaines l’an dernier et programmée lors du week-end de l’Ascension, un rendez-vous a été  à nouveau donné en 2020, reporté toutefois de juin à septembre en raison des mesures sanitaires. Même si masques et distanciation seront de rigueur, rien n’entache l’énergie d’Anaïs Héluin et de son équipe. Les patrons de bistrot qui se sont ont engagés dans cette aventure savent qu’une clientèle de curieux ne nuira pas à leurs affaires. Mais la plupart donnent plutôt dans l’envie d’offrir à leur quartier un moment impromptu de convivialité, le XIIème arrondissement n’étant pas vraiment le sommet parisien du fun. Nouant au fil des mois une fidélité avec certains d’entre eux (Le Satellite, le Bistrot de Juliette ou Le Bon coin), l’équipe du festival a su convaincre de nouveaux venus, comme Le Royal Daumesnil, le Payuss, le Petit relais ou encore Le Pays de Vannes.

 Une fois dessiné l’itinéraire, que peut-on attendre d’un « festival d’art en bars » ? Anaïs Héluin l’affirme : un laboratoire de formes légères (conférence, magie, récit,  concert, théâtre), la découverte de formes artistiques hybrides, dans un esprit de convivialité et de détente. Et surtout une proximité incomparable avec les artistes. Sans oublier une passerelle bienvenue entre la rue et le comptoir… Malgré la modestie des espaces, l’équipe mise sur la création. Anaïs Héluin a ainsi passé commande à Dieudonné Niangouna pour une performance, seul au bar. Il a relevé le défi avec De ce côté qu’il jouera  ensuite en salle. Morgane Audoin, elle,  prépare un spectacle déambulatoire dans la rue  entre Le Bon Coin et Le Satellite, pour entraîner le public d’une terrasse de café à l’autre.

© Anaïs Héluin

© Anaïs Héluin

Des artistes ont fait des propositions, comme Vanasay Khamphommaia, performeur et ex-dramaturge de Jacques Vincey, qui a fondé sa propre compagnie Läpsus Chevelü. Avec un titre d’autant plus coquin : Je te chante une chanson toute nue en échange d’un verre  qu’il est proposé à un seul spectateur (sur réservation). Les patrons de bars n’ont pas froid aux yeux… Mais il y aura aussi des Conversations de comptoir, notamment avec le critique de théâtre Jean-Pierre Thibaudat et le professeur d’histoire du théâtre Olivier Neveux. Elles  semblent plus sérieuses mais qui peut savoir ce qui surgira d’un rapprochement entre ces deux têtes chercheuses : le comptoir, lieu de pensée pour les temps actuels qui réclament solidarité et invention ?

Guillaume Clayssen qui avait proposé l’an dernier une brillante réflexion sur l’ivresse, est invité à revenir sur le thème du rêve… Arnaud Méthivier et Pierre-Marie Braye-Weppe, fondateurs du Festival des Arts Confinés, « deviseront en musique de la culture au XXIème siècle. À portée de zinc, la question de l’avenir des arts pose celle du monde d’après ». Et Du côté de la nouvelle magie, Yann Frisch mettra son talent avec les cartes à l’épreuve des comptoirs.

Le festival a déjà su créer une « famille » et on pourra retrouver, déjà présents l’an passé, Alexandre Pallu, Flavien Ramel et Guillaume Rouillard du groupe Texcoko. Mekkid reviendra aussi avec son blues profond, tendre et révolté.

Ces bars du XII ème seront bien, comme le souhaite Anaïs Héluin, « le lieu de la tentative et du galop d’essai de spectacles ». Seront ainsi accueillis en premières parties, des projets en cours d’écriture comme La Trouée de Cécile Morelle, fruit d’une enquête en milieu rural et un solo humoristique Légère digression d’Alexiane Torres. Tournée Générale développe aussi un travail de mise en valeur d’artistes installés dans le XIIème, avec une exposition du dessinateur Eric Kuntz, du peintre Christophe Tanguy et du photographe Patrick Bourgault. Et pour ouvrir le festival, le comédien et metteur en scène Olivier Balazuc célèbrera, avec Le Vin de Charles Baudelaire, l’ivresse des mots et des sens.

La première édition a permis d’affuter la réflexion sur la relation des artistes à leur environnement. « Avec ses codes, son langage particulier, le bar impose des formes ouvertes. Impossible d’y transposer des formes créées en salle sans les repenser, sans les mettre à l’épreuve du zinc et de la clientèle des lieux. Et sans demeurer ouvert à l’imprévu, à la perturbation ». Espaces intermédiaires entre l’art et la ville qui ouvrent un entre-deux à explorer par les curieux, dans ces cafés populaires, on parle souvent à la cantonade ou tout seul, ou on ne se parle pas du tout… Mais ce qui est fondamental est l’adresse. A chaque artiste de trouver son espace d’expression, la mesure de sa parole, le poids de ses mots. Des habitués se retrouvent  avec des nouveaux venus et cela peut créer un trouble. « Par moment, ça peut être magique, parfois cela crée des tensions, à la limite de la bagarre »…Les grandes institutions viendront peut-être piocher dans ce vivier de formes hybrides et d’essais de petits formats… Anaïs Héluin aborde sa deuxième édition avec confiance et a reçu le soutien de nouveaux partenaires, en particulier de la Ville de Paris…

Marie-Agnès Sevestre

Du 25 au 27 septembre et les 3 et 4 octobre. Gratuit, sans réservation . Programme détaillé et horaires : tourneegenerale.org Le Petit Relais, 95 rue Claude Decaen, Le Payuss, 77 rue Claude Decaen, Au Bon Coin, 40 avenue Claude Decaen, Le Royal Daumesnil, 216 avenue Daumesnil, Au Pays de Vannes, 34bis rue de Wattignies, Le Satellite, 19 rue Edouard Robert

 

 

 

 

 

 

 

Gangrène de Wadiaa Ferzly, traduit de l’arabe (Syrie) par Marguerite Gavillet Matar

Gangrène de Wadiaa Ferzly, traduit de l’arabe (Syrie) par Marguerite Gavillet-Matar


L’auteure (vingt-neuf ans) née à Damas a été diplômée de l’Institut supérieur d’art dramatique en 2015 et participa ensuite à différents ateliers en Syrie et au Liban et à celui du Royal Court à Londres. Installée à Berlin deux ans plus tard, elle a collaboré à l’atelier d’écriture de la fondation arabe pour l’art et la culture et travaille actuellement sur différentes créations en Allemagne.

 

Mosquée des Omeyades

Mosquée des Omeyades Photo X


Damas, 2015. Une famille déplacée loin des zones de combat. La mère, Amîra, quarante ans , employée de banque ans. Jihâd, mari d’Amîra, employé d’une société de communications, a le même âge. Houmâm, leur fils est un lycéen de dix-sept ans. Najouâ, la sœur d’Amîra, trente-cinq ans travaille est coiffeuse et esthéticienne. Tous loin de la maison qu’ils ont dû abandonner, mais que la mère continue à payer en cachette. « Cela va faire six mois qu’on est partis, dit le père, si on avait eu l’espoir que les choses s’arrangent, on serait retournés. Alors, cette histoire de prêt et de maison, tu peux te l’enlever de la tête ! Notre maison, y en a plus, elle est partie et envolée ! » Le père a perdu son travail  de surveillant car une caméra a enregistré une scène hautement compromettante pour le directeur de la société de communications, patron en train d’embrasser une employée : « Il m’a viré parce qu’à cause de moi la fille a eu honte devant les gars de la sécurité. » Houmâm sèche les cours, enchaîne les petits boulots et les vexations : « Et moi, j’ai un père qui ne m’adresse la parole que pour me couvrir de honte, que pour m’humilier. » Arbitraire, corruption et privations, la tension de la guerre imprègne le quotidien.

 Amîra, décrit ainsi sa voisine de trente-huit ans, Râghida, responsable d’une association caritative, mais soupçonnée de blanchiment d’argent : « Une femme comme Râghida mendiait de l’argent pour les déplacés en allant toutes les nuits dans un bar différent. Chaque fois avec un autre homme. Sans autre but que de jouer avec l’argent. Maintenant, en Europe, elle se la coule douce, tous frais payés, et touche cinq cents euros tous les mois. Alors qu’ici les gens sont vraiment dans le besoin et meurent mille fois par jour. Et tu me parles de Dieu, et Houmâma me parle de justice… »

 Quand son mari dit implorer le Tout-puissant, Amîra lui répond, ironique : « Mais oui, implore ton Dieu ! Sinon, il te saisira et te jettera dans la fournaise… Après tout ce qui est arrivé, tu crois encore qu’il y a un autre enfer que celui que nous vivons. Tu vois, en fait, il pourrait y avoir un enfer, mais pas pour punir les gens, juste pour nous faire changer d’ambiance, pour nous faire vivre quelque chose de différent, parce que sinon, on s’ennuierait, n’est-ce pas ? »

 Faut-il rester, s’accrocher à l’espoir de retourner un jour dans sa maison, ou s’endetter encore et prendre le dangereux chemin de l’exil ? Marie Elias commente cette pièce dont le titre Gangrène qui fait allusion à ce mal rongeant le corps, finit par le tuer et dont on ne réchappe que par l’amputation. C’est la première image de la pièce, celle de la gangrène qui atteint la jambe du père qui accepte d’être amputé pour survivre, d’après Najouâ. Ce corps malade est métaphorique de la situation fragile du pays atteint par la gangrène ; les personnages ne sombrent pas pour autant dans le tragique mais ont une volonté féroce de s’en sortir.

Quelle issue pour eux qui vivent et résistent malgré les échecs ? Face à la guerre, à la corruption et à la misère, faut-il choisir la mort, la fuite ou l’émigration ? Doit-on simplement s’adapter aux circonstances, quand on est démuni de tout ? Perdre son emploi, renoncer à un dédommagement pour le sang versé de Najouâ, la sœur cadette, renversée par un chauffeur de taxi en mal de vengeance. « La pièce n’a pas de héros, mais des antihéros, des personnages faibles qui supportent tant bien que mal leur situation et tentent juste de s’en sortir. L’émigration sera-t-elle la solution ?» Wadiaa Ferzly met en scène avec finesse la vie de ces Syriens, victimes de la guerre.

 Véronique Hotte

Editions L’Espace d’un instant, à l’initiative de Culture Partages et de la Maison d’Europe et d’Orient, avec le soutien du Centre national du Livre.

 

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