Le Mouffetard, nouvelle saison
Le Mouffetard, nouvelle saison
En ce samedi ensoleillé, Isabelle Bertola, directrice du Théâtre des Arts de la Marionnette, présentait le nouveau programme, tandis que des compagnies jouaient des mini spectacles dans les rues, derrière les devantures de magasins, dans le magnifique jardin du collège des Irlandais ou encore sur la place Georges-Moustaki (indéfectible membre de l’équipe de ping-pong du quartier! ) Soit quarante-huit représentations en deux jours…
Ces scènes en plein air offrent une bonne image des techniques du théâtre d’objets ou de marionnettes pour capter l’imaginaire. Une fois de plus, on a vu la fascination qu’exercent les arts plastiques sur le récit, avec les dessins sur vitrine, le cinéma et les ombres chinoises de Pain Sandwich, une adaptation très libre d’Hansel et Gretel par la compagnie Akselere. Ou les peintures inversées sur les vitres d’un bar, dans Naïades, de la compagnie Agitez le bestiaire: une méditation sur la dissolution, bercée par le bruit de l’eau.
Le langage était à l’honneur dans le mini-castelet des Ateliers du spectacle : Le Rat et le Serpent a fait (re)découvrir l »écrivain Jean-Pierre Brisset qui reconstruit Darwin en déconstruisant la langue française, avec une cascade de savoureux calembours. L’art du bruitage, le texte et de petits objets se conjuguaient dans une parodie d’émission radio de la compagnie Elvis Atalac; entre deux publicités impertinentes de coquinerie, une belle adaptation de Petite Neige, un conte terrible de Guy de Maupassant. Le public était massé sur le trottoir : passants figés dans leurs courses ; aux terrasses des cafés, flirts et conversations suspendus. Tous surpris puis charmés. Ce qui montre bien la vitalité des arts de la marionnette
Prévu à la fin de la saison dernière, le treizième festival Scènes ouvertes à l’insolite démarre ces jours-ci, avec huit compagnies pour seize représentations. Le Mouffetard, plutôt que de les annuler, a préféré les reporter. On pourra aussi voir un documentaire produit par Le Théâtre aux Mains nues sur le travail de trois femmes marionnettistes.
Cette compagnie a élaboré cette saison avec Le Mouffetard. Thèmes privilégiés : le vivre ensemble, le regard sur l’autre, la migration seront abordés avec humour, fantaisie et métaphores. Sur des thèmes comme: que peut-on sacrifier de son identité pour s’intégrer ? Que reste-t-il de notre histoire coloniale ? Que nous disent aujourd’hui les jeunes des « quartiers » sur l’environnement social et le climat? Seront aussi évoquées des situations comme le handicap avec Du Balai, co-produit avec le festival Imago, Art et handicap en Île-de-France. C’est pourquoi certaines représentations seront traduites en langue des signes. L saison privilégie le travail de jeunes artistes, jamais (ou rarement) vus par les programmateurs.
Les Mardis du Mouffetard mettront en relation artistes et enseignants, psychanalystes, psychothérapeutes, plasticiens, écrivains… Au Centre de ressources, des ateliers d’initiation à la marionnette permettront d’explorer le mime et la relation entre l’objet scénarisé et des handicapés, notamment avec des stages sur l’écriture, le geste sans le mot, l’art non-figuratif. Enfin, du 4 mai au 6 juin,, aura lieu la onzième Biennale Internationale des Arts de la Marionnette, (B.I.A.M.), en partenariat avec Le Carreau du Temple, le Centre culturel suisse, La Coopérative de rue et de cirque, Le Monfort, le Théâtre Dunois et, bien sûr, Le Théâtre aux Mains nues. Et aussi dans une vingtaine de lieux en Île-de-France.
Jean-Louis Verdier
Scènes ouvertes à l’insolite du 15 au 22 septembre au Mouffetard-Théâtre des Arts de la Marionnette, 73 rue Mouffetard, Paris (V ème). T. : 01 84 79 44 44. www.lemouffetard.com