La toute première fois, un stage du Théâtre de l’Unité

La toute première fois, un stage du Théâtre de l’Unité

 

© J. LIvchine

© J. Livchine

Artiste associé de Scènes-Vosges, l’Unité a présenté la saison d’une manière spéciale : pas question de parler des spectacles mais faire connaissance avec les artistes présents… Et avant de jouer deux anciennes créations comme le fameux 2.500 à l’heure et Les Chambres d’amour, le 29 octobre, l’Unité a mis en route ici un spectacle in situ sur deux week-ends. Avec d’abord la recherche d’un scénario: Jacques Livchine et Hervée de Lafond évoquent leurs cinquante ans de théâtre. Pour eux, l’expérience est inutile: «Quand on commence, c’est vraiment une toute première fois, on a quelques idées mais il va falloir les tester. On va chercher avec vous, nous croyons en l’intelligence collective. »

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Avec vingt-six stagiaires de quinze à soixante-dix huit ans -il y a des absents- qui seront ensuite trente-sept. En guise d’échauffement, une série d’écritures à la Georges Perec: évoquer toute la généalogie de sa famille depuis son grand-père. Puis l’énoncer tous ensemble sur scène… Une cacophonie évidente, mais pas désagréable. C’est un chœur de noms et parfois un  stagiaire dit tout seul sa généalogie…

Liste des déménagements: sauf Sandra, quinze ans, la seule qui n’ait jamais déménagé parmi tous les stagiaires qui racontent ensemble,  puis un par un.. On continue dans Pérec : tous défilent en parlant de leurs plats préférés et/ou détestés… Et au top que donne Hervée de Lafond, le groupe hisse une personne en l’air qui déclare ses goûts. Ce sont des essais de jeu et de mise en scène mais bien sûr, tout ne sera pas gardé. On accumule simplement de la matière pour la construction finale.

Les stagiaires doivent ensuite essayer de raconter sa vie en deux minutes mais en la rendant magnifique et glorieuse! Sur un signal d’Hervée de Lafond, le chœur en ligne lance des ponctuations : « Hé hé. Oh oui, ah oui, ça c’est oui. » «Les vies, dit-elle, sont de vrais romans et sont toutes passionnantes. L’après-midi, sur le thème : les bancs de poissons, il faut inventer une chorégraphie; un groupe traverse le plateau et un stagiaire doit parler à l’avant-scène. Cela fonctionne. Puis travail sur la sincérité de chacun: tout doit être vrai. Puis le chœur apprend à scander des espèces de slogans. «Ce dont on ne peut parler, dit Valère Novarina, c’est ce qu’il faut dire. Et pour Anton Tchekhov : «La vie a filé, on dirait qu’elle n’a même pas commencé ! Ou « Tout finit par s’arranger, même mal ! » Mais là, le travail n’est pas encore vraiment convaincant…

©Vosges matin

©Vosges matin

Deuxième jour : affrontement de chœurs sur des thèmes d’actualité, style :vaccin anti-covid ou pas vaccin, la faute aux vieux, etc. Puis une chorégraphie sur une musique de Jean-Philippe Rameau inspirée par un spectacle qui a eu lieu à l’Opéra. Face à face, deux groupes ennemis doivent danser leur rage d’abord en groupe puis en solo. Face à face et d’abord silencieux, ils doivent rester agressifs, trouver des arguments. Il y a beaucoup d’humour dans ces affrontements et tous s’attaquent deux par deux, pour dire les plus grandes joies, les plus grandes douleurs. Cela fonctionne. Jacques  Livchine  filme la scène pour la mémoire…

Puis on passe aux interrogatoires personnels avec un chœur et trois auteurs de questions du style: «Qu’est-ce qui fait ta force ? As-tu vécu une situation embarrassante? Parle-moi de ton père !  Quelle est ta plus grande honte ? On interviewe un lycéen en seconde option théâtre. Puis Monique, une  éducatrice spécialisée et Céline assez émue, qui voudrait dire mais qui ne peut pas…

Nouvel exercice : faire des listes de premières fois… Une femme raconte ses premiers hauts talons de huit centimètres. Puis c’est la première fois:  que j’ai fait du stop, que j’ai fumé une cigarette, que j’ai pris l’avion, que j’ai fait des meringues, que je suis montée sur les planches… Gaby raconte: « J’ai seize ans, c’est mon premier vélo : mon père me l’offre car je dois être facteur. »

Pour conclure ces deux jours, tout le monde s’assied en rond et Jacques Livchine lance des thèmes, la parole tourne, tout le monde répond: «Vos maladies? Vos salaires? Avez vous déjà volé? Etc. Enfin question plus intime: combien de partenaires sexuels ? Cela va de 0 à 54.  Evidemment tout le monde rit. Fin de cette première session: Hervée de Lafond et Jacques Livchine se félicitent de l’investissement de chaque stagiaire… Une expérience peu fréquente par les temps qui courent, avec des participants de  tout âge!

Edith Rappoport

Auditorium de la Louvière, Epinal (Vosges) les 19 et 20 septembre. Deuxième session : les 14 et 15 novembre et représentation à la Rotonde, Scène Vosges, Epinal (Vosges) le 17 novembre. T. : 03 29 65 98 58.

 

 


Archive pour 22 septembre, 2020

La toute première fois, un stage du Théâtre de l’Unité

La toute première fois, un stage du Théâtre de l’Unité

 

© J. LIvchine

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Artiste associé de Scènes-Vosges, l’Unité a présenté la saison d’une manière spéciale : pas question de parler des spectacles mais faire connaissance avec les artistes présents… Et avant de jouer deux anciennes créations comme le fameux 2.500 à l’heure et Les Chambres d’amour, le 29 octobre, l’Unité a mis en route ici un spectacle in situ sur deux week-ends. Avec d’abord la recherche d’un scénario: Jacques Livchine et Hervée de Lafond évoquent leurs cinquante ans de théâtre. Pour eux, l’expérience est inutile: «Quand on commence, c’est vraiment une toute première fois, on a quelques idées mais il va falloir les tester. On va chercher avec vous, nous croyons en l’intelligence collective. »

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Avec vingt-six stagiaires de quinze à soixante-dix huit ans -il y a des absents- qui seront ensuite trente-sept. En guise d’échauffement, une série d’écritures à la Georges Perec: évoquer toute la généalogie de sa famille depuis son grand-père. Puis l’énoncer tous ensemble sur scène… Une cacophonie évidente, mais pas désagréable. C’est un chœur de noms et parfois un  stagiaire dit tout seul sa généalogie…

Liste des déménagements: sauf Sandra, quinze ans, la seule qui n’ait jamais déménagé parmi tous les stagiaires qui racontent ensemble,  puis un par un.. On continue dans Pérec : tous défilent en parlant de leurs plats préférés et/ou détestés… Et au top que donne Hervée de Lafond, le groupe hisse une personne en l’air qui déclare ses goûts. Ce sont des essais de jeu et de mise en scène mais bien sûr, tout ne sera pas gardé. On accumule simplement de la matière pour la construction finale.

Les stagiaires doivent ensuite essayer de raconter sa vie en deux minutes mais en la rendant magnifique et glorieuse! Sur un signal d’Hervée de Lafond, le chœur en ligne lance des ponctuations : « Hé hé. Oh oui, ah oui, ça c’est oui. » «Les vies, dit-elle, sont de vrais romans et sont toutes passionnantes. L’après-midi, sur le thème : les bancs de poissons, il faut inventer une chorégraphie; un groupe traverse le plateau et un stagiaire doit parler à l’avant-scène. Cela fonctionne. Puis travail sur la sincérité de chacun: tout doit être vrai. Puis le chœur apprend à scander des espèces de slogans. «Ce dont on ne peut parler, dit Valère Novarina, c’est ce qu’il faut dire. Et pour Anton Tchekhov : «La vie a filé, on dirait qu’elle n’a même pas commencé ! Ou « Tout finit par s’arranger, même mal ! » Mais là, le travail n’est pas encore vraiment convaincant…

©Vosges matin

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Deuxième jour : affrontement de chœurs sur des thèmes d’actualité, style :vaccin anti-covid ou pas vaccin, la faute aux vieux, etc. Puis une chorégraphie sur une musique de Jean-Philippe Rameau inspirée par un spectacle qui a eu lieu à l’Opéra. Face à face, deux groupes ennemis doivent danser leur rage d’abord en groupe puis en solo. Face à face et d’abord silencieux, ils doivent rester agressifs, trouver des arguments. Il y a beaucoup d’humour dans ces affrontements et tous s’attaquent deux par deux, pour dire les plus grandes joies, les plus grandes douleurs. Cela fonctionne. Jacques  Livchine  filme la scène pour la mémoire…

Puis on passe aux interrogatoires personnels avec un chœur et trois auteurs de questions du style: «Qu’est-ce qui fait ta force ? As-tu vécu une situation embarrassante? Parle-moi de ton père !  Quelle est ta plus grande honte ? On interviewe un lycéen en seconde option théâtre. Puis Monique, une  éducatrice spécialisée et Céline assez émue, qui voudrait dire mais qui ne peut pas…

Nouvel exercice : faire des listes de premières fois… Une femme raconte ses premiers hauts talons de huit centimètres. Puis c’est la première fois:  que j’ai fait du stop, que j’ai fumé une cigarette, que j’ai pris l’avion, que j’ai fait des meringues, que je suis montée sur les planches… Gaby raconte: « J’ai seize ans, c’est mon premier vélo : mon père me l’offre car je dois être facteur. »

Pour conclure ces deux jours, tout le monde s’assied en rond et Jacques Livchine lance des thèmes, la parole tourne, tout le monde répond: «Vos maladies? Vos salaires? Avez vous déjà volé? Etc. Enfin question plus intime: combien de partenaires sexuels ? Cela va de 0 à 54.  Evidemment tout le monde rit. Fin de cette première session: Hervée de Lafond et Jacques Livchine se félicitent de l’investissement de chaque stagiaire… Une expérience peu fréquente par les temps qui courent, avec des participants de  tout âge!

Edith Rappoport

Auditorium de la Louvière, Epinal (Vosges) les 19 et 20 septembre. Deuxième session : les 14 et 15 novembre et représentation à la Rotonde, Scène Vosges, Epinal (Vosges) le 17 novembre. T. : 03 29 65 98 58.

 

 

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