Marie des poules, texte de Gérard Savoisien, mise en scène d’Arnaud Denis

Marie des poules, texte de Gérard Savoisien, mise en scène d’Arnaud Denis

© Fabienne Rapeneau

© Fabienne Rapeneau

On ne connait plus très bie cette femme exceptionnelle que fut assez George Sand (1804-1870) née Aurore Lucile Dupin et mariée un temps au baron Dudevant. Elle a écrit quelque soixante-dix romans souvent situés dans le Berry comme La Mare au diable, François le Champi, La Petite Fadette. Et des contes, des pièces.. Elle a aussi été journaliste et s’est engagée politiquement en participant au lancement de: La Cause du peuple, Le Bulletin de la République, L‘Éclaireur. George Sand défendra les ouvriers et les pauvres dans Le Compagnon du tour de France. Mais c’était avant tout une féministe virulente dans une société française encore très conservatrice. Ne craignant pas de faire scandale avec une vie amoureuse très libre, fumant volontiers la pipe, portant des vêtements d’homme…

EhngnCYXgAIhSLc_block-socialnetworkElle écrit mais lit aussi beaucoup : Aristote comme Montesquieu ou Blaise pascal, Francis Bacon, Montaigne mais aussi Virgile, Dante ou Shakespeare. Et elle accueillera dans sa belle et grande maison de Nohant des compositeurs comme Franz Liszt et celui avec lequel elle eut une liaison pendant dix ans : Frédéric Chopin. Mais aussi des écrivains : Honoré de Balzac, Gustave Flaubert. Mais s’ils s’écrivèrent, curieusement, elle ne rencontra jamais Victor Hugo. Charles Baudelaire, lui, ne supportait ni l’écrivaine ni la femme et l’a écrit avec cruauté: «Elle n’a jamais été artiste. Elle a le fameux style coulant, cher aux bourgeois. Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde ; elle a dans les idées morales la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiment que les concierges et les filles entretenues ». « Que quelques hommes aient pu s’amouracher de cette latrine, c’est bien la preuve de l’abaissement des hommes de ce siècle. »  George Sand a aussi écrit à la fin de sa vie plusieurs pièces de théâtre restées presque inédites de son vivant et à vrai dire, peu convaincantes…

Elle eut des amours multiples et se séparera de son alcoolique baron Dudevant. Puis elle aura une liaison avec un romancier Jules Sandeau dont elle portera une partie du nom. Elle aura de nombreux amants dont Alfred de Musset mais aussi Frédéric Chopin avec lequel elle eut une liaison pendant dix ans… Puis  elle rencontra le graveur et auteur dramatique Alexandre Manceau: elle a quarante-cinq ans et lui trente deux… Mais ses relations avec Maurice, le fils de George Sand sont houleuses et ce fils par jalousie et peur de la tuberculose dont Alexandre est atteint, le chassera de Nohant.  Cette vie est un roman foisonnant, sans doute plus passionnant que ceux qu’elle a écrit. Mais de là, à la faire vivre sur un plateau… Un pari presque impossible. Gérard Savoisien a essayé d’en tirer quelques images surtout centrées sur les relations qu’elle eut avec Marie, une très jeune servante berrichonne entrée à son service à onze ans et dite Marie des Poules, parce qu’elle était commise au travail du poulailler. Son fils Maurice la séduisit sans aucun scrupule et la retrouvait dans sa petite chambre sous les toits mais quand cela lui plaisait, alors qu’elle l’attendait chaque nuit après une journée de travail sans fin. Elle est évidemment très amoureuse de lui mais dans son milieu comme le fera remarquer vertement sa mère à Maurice, on ne se marie jamais avec une domestique. Il la quittera donc pour se fiancer avec une jeune fille de la grande bourgeoisie bien entendu sélectionnée par George sand… qu’il abandonnera aussi quand il  sut que son père était ruiné. Mais Marie deviendra la femme de confiance de George Sand qui lui apprendra à lire, à écrire et à interpréter ses pièces… Et elle lui fera rencontrer Alexandre Dumas fils, Eugène Delacroix, Nadar… Marie des poules, accèdera ainsi à tout un univers dont la petite bonne qu’elle était, aurait été radicalement exclue dans cette famille de la grande bourgeoisie..

La mise en scène d’Arnaud Denis manque de rythme mais est honnête, avec une belle idée : la maison de Nohant représentée par une grande maquette dont on ouvre la façade pour montrer les différents lieux de l’action. Béatrice Agenin joue brillamment à la fois Marie des Poules avec son accent berrichon et George Sand. Arnaud Denis, lui, interprète Maurice Sand mais ne semble pas vraiment à l’aise dans ce personnage de fils écrasé par sa mère et qui fit construire à Nohant un petit théâtre de marionnettes pour se divertir. (Cette vaste et belle maison se visite.) Mais le jeu en abyme de marionnettes représentant parfois les personnages sur le grand plateau du Montparnasse, ne peut pas fonctionner. Il y a quelques bons moments : entre autres, quand Maurice annonce à Marie qu’il va la quitter. Mais la dramaturgie comme les dialogues sont bien faiblards !

Reste encore une fois l’exceptionnelle interprétation de Béatrice Agenin, dans un quasi-monologue, de ces personnages de femmes que tout à la fois oppose: âge, éducation et classe sociale mais qu’une même revendication féministe réunit.

Philippe du Vignal

Théâtre Montparnasse, 31 rue de la Gaité, Paris  (XIV ème). T. : 01 43 22 77 74.

 

 

 

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