La Journée singulière des rencontres d’Ici et d’Ailleurs
La Journée singulière des rencontres d’ici et d’ailleurs
Programmée demain dimanche au Moulin fondu à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise) n’aura pas lieu. Un arrêté du préfet indique son Interdiction formelle. Cette manifestation rassemblant quelques centaines de personnes étant sans doute jugée dangereuse, alors que toutes les précautions sanitaires avaient été prises et qu’à Paris, les terrasses des bars et café en plein air de la rue de la Gaieté comme celles de Montmartre, faisaient le plein et que les représentations du Puy du Fou continuent normalement avec des milliers de personnes! Une fois de plus, il y a deux poids et deux mesures: comprenne qui pourra! En tout cas, il y a de la gratuité dans l’air: chaque grosse ou moyenne institution programme des spectacles non ou peu payants … Quant aux petits théâtres, c’est la course aux monologues avoués ou déguisés…
Cet arrêté préfectoral provoque la colère légitime de Jean-Raymond Jacob, son directeur qui a reçu de très nombreux soutiens et messages de sympathie du milieu artistique (voir sa lettre ci-dessous). Demain les compagnies de théâtre de rue invitées viendront quand même au Moulin fondu mais sans le public attendu. Qu’en pense la Ministre de la Culture et le Ministre de l’Intérieur? De ce côté là, comme toujours, silence radio. Une fois de plus, mais on commence à être habitué, il y a sans doute eu un dérapage… Comme à Marseille où le gouvernement a dû faire piteusement marche arrière -du moins provisoirement- devant la colère et l’incompréhension de la population et des élus. Des festivals ont lieu, d’autres sont annulés et tout cela au dernier moment. Bref, dans cette histoire, en croyant bien faire, le gouvernement navigue à vue et le Macron qui prône sans arrêt la pédagogie, préfère visiblement être proche de Philippe de Villiers et du Puy du Fou… Selon que vous serez puissant ou misérable! Le vieux proverbe reste vrai. Mais le mal est fait en ce qui concerne cette Journée singulière, vu la proximité de la date.
En tout cas, dans le milieu artistique, on s’en souviendra au moment des élections présidentielles…
Ph. du V.
Furax ! Je suis furax !Furax d’apprendre, trois jours avant le lancement de la Journée Singulière des Rencontres d’Ici et d’Ailleurs, par arrêté du préfet du Val d’Oise -Monsieur Amaury de Saint Quentin- la non-autorisation pure et simple de notre manifestation. Furax de voir, à nouveau, le travail produit par nos équipes, balayé d’un simple revers de manche. Furax de voir que tout le travail de concertation établi ces derniers mois avec les services de la préfecture n’aura servi à rien. Furax d’apprendre l’annulation du festival alors que les équipes sont déjà sur les routes. Furax d’apprendre, par courrier électronique, alors qu’embauche l’équipe technique, que le festival pour lequel elle s’engage, est annulé. Furax de voir stoppée, dans son élan, la relation que nous construisons avec les citoyens de Garges-lès-Gonesse.
Furax de voir que notre organisation, qui respecte strictement les préconisations anti-Covid, n’ait pas été prise en considération. Furax de ne pas être pris au sérieux malgré le professionnalisme dont nous faisons preuve ici et dans le reste du monde.Furax de devoir annoncer, à une jeune équipe de danseuses et danseurs venant de Guadeloupe, que leur première dans le métier n’aura pas lieu.Furax de voir un projet de territoire mené au long cours avec 9 jeunes du Val-d’Oise, s’arrêter net ! Furax de voir à quel point nos métiers de la culture sont les dernières roues du carrosse pour certains. Furax de voir la casse sociale provoquée par ces réponses de non-recevoir.
Même pas mort !!! Le travail a repris, les transports en commun sont bondés, les écoles sont grandes ouvertes, les marchés de France sont en activité, l’autre fait son Puy du Fou, les centres commerciaux sont full et Obélix promène son menhir dans le parc… rien de plus normal en fait, la vie quoi.Et nous ? Interdit de danser Interdit de chanter Interdit de jouer Interdit de faire notre cinéma Interdit de faire notre cirque Interdit d’exister en fait.Ne serait-il pas venu le temps de nous lever tous ensemble ?N’avons-nous rien à opposer à cette logique sécuritaire qui agit sous couvert d’une crise sanitaire ? N’avons-nous plus de colère ? Allons-nous les laisser continuer à casser nos métiers sans rien dire, en nous mettant au banc ?
La réponse nous appartient à tous, d’où que l’on soit : techniciens, comédiens, producteurs, auteurs, prestataires de nos métiers, metteurs en scène, acrobates, jongleurs, musiciens, chanteurs lyriques ou pas… Prenons la parole, tant qu’elle ne nous est pas encore complètement confisquée.Crions haut et fort que nous ne sommes plus d’accord et que nous ne sommes pas morts ! Si, comme nous, vous êtes en colère, faites-le savoir: #culturefurax
Jean-Raymond Jacob, directeur du Moulin Fondu, Centre national des arts de la rue et de l’espace public