La Peste c’est Camus mais la grippe est-ce Pagnol ? Performance conçue par Jean-Christophe Meurisse.
La Peste c’est Camus mais la grippe est-ce Pagnol ? Performance conçue par Jean-Christophe Meurisse.
Avant le couvre-feu, les acteurs de plusieurs générations de la compagnie des Chiens de Navarre et des invités exceptionnels se réunissent pendant une heure afin de jouer ou lire, dans la plus totale improvisation, une pièce, différente à chaque séance. Dans une société malade de multiples troubles qui la détruisent peu à peu, l’irrévérence n’est plus de mise et cette parole libre, sur le plateau des Bouffes du Nord, fait du bien. L’humour permet toutes les audaces.
Six comédiens à la table, munis de micros, feuilles blanches, gel hydro-alcoolique et masques chirurgicaux. Derrière eux, une dizaine d’autres attendent leur tour de parole, devant des malles et costumes de scène qui… ne seront jamais utilisés. Le spectacle rappelle les exercices d’improvisation que beaucoup ont connus lors des cours d’art dramatique. Ces petits-enfants du Théâtre de l’Unité d’Hervée de Lafond et Jacques Livchine sourient de leurs délires et nous avec.
Cette pièce, qui change de style au fur et à mesure des improvisations, aime se moquer du théâtre lui-même. De son enseignement : « Je comptais faire du théâtre, pas me faire violer ». Ou de ses thèmes de prédilection comme les pièces de Tchekhov : «Il pleut à la fenêtre » ; « Une chèvre s’est suicidée » ; « Piotr, tu me dois cinq roubles. »« J’aimerais tellement aller à Moscou. ». Les artistes s’adaptent aussi à la réalité politique : «Je me méfie des gens du Sud, tout ce que vous pouvez dire, avec votre accent, ne vous permet pas d’être légitime. »
Parfois l’actualité les rattrape: « Je suis la liberté d’expression, je vais prendre la parole et on me décapite. » Pendant une heure, cette forme d’irrévérence salutaire incite une fois de plus à retourner au théâtre.
Jean Couturier
Jusqu’au 24 octobre, Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis bd de la Chapelle Paris (X ème). T. 01 46 07 34 50..