Festival du Cirque Actuel d’Auch 2020
Festival du Cirque Actuel d’Auch 2020
Cette trente-troisième édition -la première sous la houlette de Stéphanie Bulteau – porte encore la marque de Marc Fouilland qui vient de quitter la direction du CIRCa, après dix-huit ans de bons et loyaux services (voir Le Théâtre du Blog). L’année de tous les dangers, pour cette nouvelle directrice, venue du Séchoir de Saint-Leu (Ile de la Réunion) . Une Scène conventionnée pour les Arts du cirque et de la rue avec un temps fort : le Leu Tempo festival.
À arrivée, l’incertitude planait encore sur la tenue du festival : « Nous avons eu le feu vert de la Préfecture seulement le 11 septembre ! Restait cinq semaines au lieu de trois mois pour tout organiser et surtout rendre le festival « Covid compatible ». » Ce qui signifiait : achat de masques et gel hydro-alcoolique pour tout le monde, services de sécurité et salariés supplémentaires. Et une jauge réduite de 40%.. Donc perte de billetterie (120.000 euros): un surcoût de 50 000 euros ! Au mieux, le fonds d’urgence pour les festivals du Ministère de la Culture devrait compenser le déficit à hauteur de 150.00 euros. La directrice se dit optimiste. Les soixante-dix représentations des vingt-sept spectacles affichent complet : le public est là comme que la plupart des programmateurs français mais pas les étrangers (une centaine en général) . L’essentiel du programme a pu être sauvé : une seule compagnie étrangère a dû annuler.
Grandes absentes: les écoles : « D’habitude on compte ici cent-cinquante jeunes circassiens européens et deux-cent français. Cette année auront seulement les spectacles du Pop Circus, des Ecoles régionales et de la deuxième année du Centre National des Arts du Cirque de Chalon-en-Champagne», regrette Stéphanie Bulteau. Elle considère ces rencontres comme l’âme du festival du Cirque actuel d’Auch. Rappelons qu’à l’origine de CIRCa, il y a un atelier-cirque, fondé en 1975 par l’abbé de Lavenère-Lussan à des fins éducatives. Devenu le Pop Circus, l’aventure a fédéré le cirque amateur, dans l’esprit de l’Education populaire de l’époque. Pour devenir ces dernières années un rassemblement international des jeunes circassiens (Voir Le Théâtre du Blog) où l’on pouvait voir les travaux de plus de 550 amateurs sous l’égide de la Fédération Française des Ecoles de Cirque (douze fédérations régionales et 136 écoles).
« Viva ! c’est sous ce signe -prémonitoire- que nous avions placé ce festival. Peut-être le seul de la saison. Jusqu’ici tout va bien, dit la directrice. Mais les artistes sont inquiets. Je les sens fragiles mais très volontaires. Ils ont tellement envie de jouer ! Mais les corps ne sont pas prêts. Ils n’ont pas pu s’entraîner pendant le confinement. (On ne peut pas répéter par zoom!) Et il y a plus d’accidents que d’habitude. »
Stéphanie Bulteau tient bon la barre et espère développer son projet dès la saison prochaine. Comme son prédécesseur, elle souhaite privilégier la diversité des formes du cirque contemporain que ce soit sous chapiteau, en salle et dans les espaces publics. Elle entend réaffirmer la place du cirque dans une ville qui s’enorgueillit de cette identité culturelle. Pour ce faire, une équipe artistique sera associée à chaque saison, pour imaginer de nouvelles ouvertures,…
Autre regret de Stéphanie Bulteau: la défection des bénévoles dont seulement cent quarante ont répondu présent cette année. Gérée bénévolement jusqu’en 1999, la structure compte aujourd’hui seize permanents mais ne pourrait fonctionner sans les quelque deux cent cinquante volontaires qui assistent les équipes artistiques, accueillent le public aux entrées des spectacles, conduisent les navettes entre les dix-sept salles et chapiteaux disséminés en ville et assurent les transferts vers les gares et l’aéroport. De tout âge et de toute origine, ils ont des motivations différentes.
« On est toute une bande de retraités. Il y a une culture du bénévolat dans le Gers. Au festival de Marciac par exemple, dit Jean qui s’occupe du bar. et vit à Auch depuis trois ans : « Le nouveau cirque, je ne connaissais pas. Je suis très étonné par le changement artistique. » Il est là « pour discuter avec les artistes. Ils ont une mentalité ouverte à travers leur voyage et leur travail » Et aussi parce que « ça permet de se faire un réseau ».
Marie-Hélène vient de La Rochelle tous les ans pour véhiculer les artistes depuis l’aéroport. Georges, retraité comme elle, est lui aussi adepte des longs voyages en voiture : « C’est le plus intéressant et donne le temps de communiquer avec les gens et de mesurer l’importance du festival pour Auch. C’est un événement mondial ! On voit des Japonais, des Coréens, Sauf cette année!
Gilla est espagnole : ses parents, circassiens, sont venus en résidence et jouer à Auch. Elle veut se former à la production dans le domaine du cirque et fait partie de la brigade qui s’occupe des compagnies. « On veille à leur logement, à leur nourriture, chaque personne a quatre compagnies en charge », dit Sounayna. Gersoise, tout juste diplômée en naturopathie, domaine où elle n’a pas encore trouvé d’emploi, elle consacre à CIRCa les heures où elle ne travaille pas au magasin Biocoop d’Auch. » Depuis quelques années, beaucoup de jeunes bénévoles sont ici pour rencontrer les gens du milieu, c’est aussi le meilleur endroit pour voir le cirque actuel », dit Manu, ingénieur informaticien dans l’aérospatial à Toulouse. Il y avait fait l’Ecole de cirque du Lido et a joué à Auch. Il y revient comme volontaire depuis plusieurs années « pour ne pas rester enfermé dans un milieu pro. C’est un lieu d’équilibrage». Anita, affectée à la cantine, pratique le jonglage, seule en amateure et aimerait bien se faire une place dans le milieu…
Mireille Davidovici
Du 16 au 25 octobre CIRCa, allée des Arts, Auch (Gers) T. : 05 62 81 65 00 www.circa.auch.fr