Le Mouffetard entrouvre ses portes à Buffles de la compagnie Arnica

Cie Arnica_BUFFLES, une fable urbaine -photo Michel Cavalca (7)

Photo Michel Cavalca

Le Mouffetard entrouvre ses portes à Buffles de la compagnie Arnica

 Nous aurions dû voir en novembre, sur cette scène la pièce de Pau Mirò, adaptée pour la marionnette par Emilie Flacher … Ce sera partie  remise la saison prochaine. En attendant, le Théâtre des arts de la Marionnette a offert à la compagnie Arnica d’occuper le plateau pendant une semaine et a invité quelques professionnels à partager son travail. Installée à Bourg-en-Bresse depuis 1998, Emilie Flacher, metteuse en scène et constructrice de marionnettes, a signé une vingtaine de spectacles tout public ou pour adultes. Son répertoire  donne une grande place aux écritures contemporaines. comme en témoigne Buffles, adapté du premier volet de la Trilogie Animale du dramaturge catalan, qui comporte aussi Lions et Girafes. La pièce présente une fratrie de buffles qui grandissent dans la blanchisserie familiale, sous la menace des lions,  hantés par les lourds secrets de leur parents. Racontée par des enfants, le récit est d’une violence extrême, à l’image d’un pays où rôdent encore les fantômes du Franquisme… « Une pièce chorale à cinq voix, dit la metteuse en scène. Une fable animale où l’auteur s’empare d’une situation sociale. »

 Nous ne verrons pas Buffles ce jour-là:  seulement quelques-unes de ses marionnettes aux beaux masques de bovins. Mais nous aurons entendu des extraits du texte dits par les cinq comédiens. La compagnie a choisi, à l’issue de cette résidence au Mouffetard, de revenir à la lumière de Bertolt Brecht, sur la dramaturgie du spectacle, joué près de deux cents fois depuis sa création en 2019. «Un luxe, dit Emilie Flacher, car d’une représentation à l’autre, on n’a jamais le loisir d’analyser et de faire évoluer un spectacle. »  Les acteurs racontent comment ils ont profité de ce temps pour réfléchir aussi sur leur pratique et sur le rapport acteur/marionnette, en se plongeant dans L’Achat du cuivre/ Entretien à quatre sur une nouvelle manière de faire du théâtre. Dans ces fragments, écrits entre 1937 et 1951, Bertolt Brecht, le père de la fameuse «distanciation» répond déjà aux préoccupations de la compagnie Arnica : «On parle beaucoup de distanciation dans la marionnette ». L’Achat du cuivre commence par une pièce inachevée où Le Philosophe, Le Comédien, La Comédienne, Le Dramaturge dialoguent à propos du théâtre, un fois le public sorti tandis que le Machiniste, qui démonte le décor, les interrompt.

 « Prends ton temps dit le philosophe au Comédien, tu n’as pas l’habitude de prendre ton temps. » « Je vais réfléchir, lui répond-il. » Réfléchir en l’absence des spectateurs, après coup, n’est-ce pas la situation de maintes compagnies, pendant ce double confinement ? Et d’un bonne partie de la profession théâtrale ? Avec ce retour aux sources brechtiennes et en s’abreuvant d’autres grandes figures du théâtre contemporain, chacun aura pu mettre à profit cette “distanciation“ imposée par les mesures sanitaires, pour interroger ses pratiques.  Que fabriquons-nous ? Pour qui ? Y compris, nous autres, chroniqueurs  allant d’un spectacle à l’autre, produisant nos critiques au jour le jour…  «  Nous n’avons rien contre la critique, quand elle est sensée. Elle l’est trop rarement », dit Le Dramaturge dans la pièce inachevée de Bertolt Brecht.

 Mireille Davidovici

Le Mouffetard, Théâtre des arts de la marionnette, 73 rue Mouffetard,  Paris (V ème) T. : 01 84 79 44 44

 Buffles le 9 mars, festival Marto, Théâtre de Châtillon (Hauts-de-Seine)  et le 21 Mars,Théâtre de Charleville-Mézières (Ardennes) ; en juillet, au Festival d’Avignon.
La compagnie Arnica présente  parallèlement de petites fables contemporaines pour jeune public qui ont été commandées à des autrices : Les Acrobates de Julie Aminthe et L’Agneau a menti d’Anaïs Vaugelade. 

Buffles, traduction de Clarice Plasteig, Editions Espaces 34.

L’Achat du cuivre, traduction de Béatrice Perregaux, Jean Jourdheuil et Jean Tailleur, L’Arche éditeur.

 

 

 

 


Archive pour 30 novembre, 2020

Le Mouffetard entrouvre ses portes à Buffles de la compagnie Arnica

Cie Arnica_BUFFLES, une fable urbaine -photo Michel Cavalca (7)

Photo Michel Cavalca

Le Mouffetard entrouvre ses portes à Buffles de la compagnie Arnica

 Nous aurions dû voir en novembre, sur cette scène la pièce de Pau Mirò, adaptée pour la marionnette par Emilie Flacher … Ce sera partie  remise la saison prochaine. En attendant, le Théâtre des arts de la Marionnette a offert à la compagnie Arnica d’occuper le plateau pendant une semaine et a invité quelques professionnels à partager son travail. Installée à Bourg-en-Bresse depuis 1998, Emilie Flacher, metteuse en scène et constructrice de marionnettes, a signé une vingtaine de spectacles tout public ou pour adultes. Son répertoire  donne une grande place aux écritures contemporaines. comme en témoigne Buffles, adapté du premier volet de la Trilogie Animale du dramaturge catalan, qui comporte aussi Lions et Girafes. La pièce présente une fratrie de buffles qui grandissent dans la blanchisserie familiale, sous la menace des lions,  hantés par les lourds secrets de leur parents. Racontée par des enfants, le récit est d’une violence extrême, à l’image d’un pays où rôdent encore les fantômes du Franquisme… « Une pièce chorale à cinq voix, dit la metteuse en scène. Une fable animale où l’auteur s’empare d’une situation sociale. »

 Nous ne verrons pas Buffles ce jour-là:  seulement quelques-unes de ses marionnettes aux beaux masques de bovins. Mais nous aurons entendu des extraits du texte dits par les cinq comédiens. La compagnie a choisi, à l’issue de cette résidence au Mouffetard, de revenir à la lumière de Bertolt Brecht, sur la dramaturgie du spectacle, joué près de deux cents fois depuis sa création en 2019. «Un luxe, dit Emilie Flacher, car d’une représentation à l’autre, on n’a jamais le loisir d’analyser et de faire évoluer un spectacle. »  Les acteurs racontent comment ils ont profité de ce temps pour réfléchir aussi sur leur pratique et sur le rapport acteur/marionnette, en se plongeant dans L’Achat du cuivre/ Entretien à quatre sur une nouvelle manière de faire du théâtre. Dans ces fragments, écrits entre 1937 et 1951, Bertolt Brecht, le père de la fameuse «distanciation» répond déjà aux préoccupations de la compagnie Arnica : «On parle beaucoup de distanciation dans la marionnette ». L’Achat du cuivre commence par une pièce inachevée où Le Philosophe, Le Comédien, La Comédienne, Le Dramaturge dialoguent à propos du théâtre, un fois le public sorti tandis que le Machiniste, qui démonte le décor, les interrompt.

 « Prends ton temps dit le philosophe au Comédien, tu n’as pas l’habitude de prendre ton temps. » « Je vais réfléchir, lui répond-il. » Réfléchir en l’absence des spectateurs, après coup, n’est-ce pas la situation de maintes compagnies, pendant ce double confinement ? Et d’un bonne partie de la profession théâtrale ? Avec ce retour aux sources brechtiennes et en s’abreuvant d’autres grandes figures du théâtre contemporain, chacun aura pu mettre à profit cette “distanciation“ imposée par les mesures sanitaires, pour interroger ses pratiques.  Que fabriquons-nous ? Pour qui ? Y compris, nous autres, chroniqueurs  allant d’un spectacle à l’autre, produisant nos critiques au jour le jour…  «  Nous n’avons rien contre la critique, quand elle est sensée. Elle l’est trop rarement », dit Le Dramaturge dans la pièce inachevée de Bertolt Brecht.

 Mireille Davidovici

Le Mouffetard, Théâtre des arts de la marionnette, 73 rue Mouffetard,  Paris (V ème) T. : 01 84 79 44 44

 Buffles le 9 mars, festival Marto, Théâtre de Châtillon (Hauts-de-Seine)  et le 21 Mars,Théâtre de Charleville-Mézières (Ardennes) ; en juillet, au Festival d’Avignon.
La compagnie Arnica présente  parallèlement de petites fables contemporaines pour jeune public qui ont été commandées à des autrices : Les Acrobates de Julie Aminthe et L’Agneau a menti d’Anaïs Vaugelade. 

Buffles, traduction de Clarice Plasteig, Editions Espaces 34.

L’Achat du cuivre, traduction de Béatrice Perregaux, Jean Jourdheuil et Jean Tailleur, L’Arche éditeur.

 

 

 

 

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