Le STUDIO-ESCA , Ecole Supérieure de Comédiens par l’Alternance
Le Studio-Ecole Supérieure de Comédiens par l’Alternance
Jean-Louis Martin-Barbaz disparu il y a deux ans et Hervé Van der Meulen aujourd’hui retraité ont créé ce Studio en 1993. Ce dernier reste présent comme acteur et metteur en scène dans cette école qui a pour principe pédagogique, une alternance entre cours et travail professionnel sur trois ans. Le but étant de continuer à apprendre et à rencontrer les professionnels, tout en percevant une rémunération, ce qui est exceptionnel en France, même si de nombreux établissements offrent des bourses. Ces apprentis-comédiens, grâce à des conventions, travaillent notamment avec des Centres Dramatiques Nationaux, des théâtres municipaux et privés, de jeunes troupes partenaires de l’E.S.C.A. dont la compagnie est installée en résidence dans le théâtre.
Elle est maintenant dirigée par Tatiana Breidi, la directrice adjointe depuis quelques années et par le metteur en scène Paul Desveaux, ancien élève de l’ESCA. (voir Le Théâtre du Blog). Cet établissement d’enseignement a obtenu il y a six ans l’habilitation du Ministère de la Culture à délivrer le Diplôme National Supérieur Professionnel de Comédien de niveau II (bac + 3). C’est le seul C. F.A. dans ce métier parmi les douze Ecoles Supérieures d’art dramatique en France. En général, les candidats passent le concours de l’E.S.C.A. et celui de plusieurs écoles. Ils viennent d’horizons les plus variés : écoles de théâtre mais aussi de danse, commerce, sport…
Hervé van der Meulen a assuré la transition et Paul Desveaux est maintenant metteur en scène et codirecteur avec Tatiana Breidi de cette compagnie professionnelle. «Il y a, dit-elle, quarante-quatre élèves soit quinze par promotion choisis sur environ mille candidats chaque année. Les cours ont lieu de dix à quatorze heures et les répétitions l’après-midi. Et ils peuvent jouer le soir en alternance le soir .avec plusieurs employeurs tout au long de sa scolarité. Et découvrir les auteurs contemporains avec un cycle de lectures publiques prises en charge par eux… On leur demande aussi d’avoir des projets avec deux à trois spectacles/cartes blanches par saison au Studio-Théâtre. Ils vont affronter la réalité du travail théâtral mais aussi la création. Les années sont mélangées et l’idée du collectif pour Paul Desveaux et moi-même, est importante et il faut que se poursuive la tradition humaniste de l’Ecole. »
Roméo et Juliette de Shakespeare sera la première création ici de Paul Desveaux, en coproduction avec le Théâtre Montansier de Versailles. « Notre école recrute comme les autres sur concours, dit Paul Desveaux. Le jury, au premier et au second tour de cinq à huit personnes avec la directrice et moi-même, des formateurs, deux comédiens issus du C.F.A. et deux apprentis. Au troisième tour: une épreuve de chant et danse et un entretien pour évaluer la démarche candidat. Le projet pédagogique pour les trois années vise à donner une approche des esthétiques du théâtre, lors de stages et de rencontres avec des professionnels. Il faut justifier d’un an complet de formation d’au moins vingt heures par semaine et avoir moins de trente ans l’année du concours. Chaque promotion compte treize apprentis comédiens et il y a un brassage des trois promotions durant le cursus. »
« Pour Roméo et Juliette, je tenais, dit-il, à ce que cette célèbre pièce de la jeunesse de Shakespeare soit interprétée par de très jeunes gens. Mais Fabrice Pierre qui jouait déjà dans ma mise en scène des Brigands sera le Père Capulet, Céline Bodis, la Mère Capulet et Hervé Van der Meulen, Frère Laurent. «Il y a bien sûr, le thème de l’amour impossible entre ces grands adolescents que sont Juliette et Roméo mais aussi une très ancienne lutte à mort entre deux familles. Une histoire intemporelle…Que laisserons-nous comme héritage à nos enfants, c’est aussi l’autre thème essentiel de cette pièce. Actuellement et entre autres, l’état de notre planète. Pour nos enfants, nous avançons toujours trop lentement. »
Le spectacle a commencé à être répété depuis quelques semaines et nous avons été invités à voir la scène du bal jouée et dansée sur une musique contemporaine. Suivie de celle où Roméo et Juliette se rencontrent et échangent un long baiser fougueux. Paul Desveaux dirige avec rigueur l’ensemble dansé qu’il fait reprendre plusieurs fois pour trouver le juste rythme et l’enchaînement avec la rencontre qui suit. Il y a une joie de vivre évidente chez ces élèves-comédiens; cela rappelle le travail de mise en scène d’Andrejw Severyn sur Peines d’amour perdues, une autre et somptueuse comédie de Shakespeare avec la première promotion de l’Ecole du Théâtre National de Chaillot. Décidément Shakespeare a toujours quelque chose à dire aux jeunes acteurs.
Philippe du Vignal
Répétition vue le 27 janvier au Studio-ESCA, 3 rue Edmond Fantin Asnières (Hauts-de-Seine). T. : 01 47 90 95 33