Amis, il faut faire une pause de Julien Fournet
Amis, il faut faire une pause de Julien Fournet
L’Amicale, une coopérative d’artistes devait nous inviter à la table de sa cuisine, en novembre à La Bellone, un lieu de réflexion et recherche pour les artistes, danseurs et chorégraphes à Bruxelles. Autour de thèmes comme la solidarité, le rapport au public et le rôle de l’art par les temps qui courent. Comme la pandémie, cela les a mis sur la voie d’un « art doux » avec productions atypiques et formats modulables.
Dans cet esprit, Julien Fournet nous propose de faire une pause dans un espace où cuisent deux marmites au fumet agréable. Comme un animateur de Club Med’, Jean Le Peltier qui a construit le spectacle avec lui, accueille chaleureusement le public et se présente comme «guide des situations». En short et T.shirt blancs, assis sur un gros ballon de plage, il nous invite à «une plongée rocambolesque dans cette incroyable situation qu’est le spectacle!» Et il en compare le déroulé à une descente en kayak: «C’est quoi, un spectacle? C’est comme un paquet de sensations qui nous soulèvent et qui entraînent une modification de notre perception du monde; il y a un avant, un pendant et un après. »
Pour illustrer cette métaphore, Julien Fournet, philosophe de formation, a demandé à Sébastien Vial des visuels qui s’articulent avec la scénographie d’Arnaud Verley dont une rivière surgissant en cascade de la montagne puis serpentant parmi les collines jusqu’à la plaine et au rivage marin… Comme des élèves en classe verte, nous sommes invités, après avoir quitté nos chaussures, à faire une petite sieste sur le plateau et à nous amuser avec des origamis et de la pâte modeler, en buvant une tisane. Une bande-son évoque la nature avec bruissements de la mer sur la plage et cris de mouettes…
L’auteur-metteur en scène aime les chemins de traverse et Amis il faut faire une pause répond à une commande. On lui avait demandé une conférence sur le spectacle vivant qu’il a transformé en un parcours sensoriel ludique. L’acteur est convaincant quand il nous emmène dans une relâche amicale qui nous repose des tensions du monde extérieur et nous y participons sans rechigner.
Julien Fournet veut questionner en filigrane l’avenir de la Culture et son rôle dans nos vies mais aussi la remettre au centre du débat. Son but premier étant de créer des liens. Avec cette sympathique récréation, il n’apporte pas de réponse mais offre simplement un partage d’expérience et nous renvoie aussi de façon ironique, à la pause infligée au spectacle vivant. Douloureuse, celle-là…
Mireille Davidovici
Représentation pour les professionnels le 29 janvier, Festival Les Singulier.e.s au Cent Quatre, 5, rue Curial, Paris (XIX ème).
En février, Le Cent Quatre (sous réserve).
En mars, Château de Goutelas, Marcoux (Loire), Théâtre de Poche, Hédé-Bazouges (Ile-et-Vilaine).
En avril, aux Ateliers, Bruxelles (Belgique).